Des tirs ont réapparu sur la frontière afghano-pakistanaise, notamment autour de Spin Boldak, où les échanges se sont prolongés jusqu’en soirée. Selon l’AFP, le bilan initial fait quatre civils tués et quatre blessés dans la région de Spin Boldak, au sud de Kandahar, alors que les autorités talibanes afghanes et le gouvernement pakistanais se disputaient la responsabilité des tirs. « Malheureusement, ce soir (vendredi, ndlr), la partie pakistanaise a commencé à attaquer l’Afghanistan à Kandahar, dans le district de Spin Boldak, et les forces de l’émirat islamique ont été forcées de riposter », a affirmé sur le réseau social X Zabihullah Mujahid, porte-parole du gouvernement taliban, sans autre détail. « Il y a peu de temps, le régime taliban afghan a eu recours à des tirs (sans qu’il n’y ait eu de) provocation » le long de la frontière, a écrit pour sa part, également sur X, Mosharraf Zaidi, porte-parole du Premier ministre pakistanais. « Nos forces armées ont immédiatement réagi de manière appropriée et intense », a-t-il ajouté. Des habitants afghans font aussi état d’échanges qui ont commencé vers 22H30 (18H00 GMT) et duré environ deux heures, avant l’annonce de la cessation des tirs: « Les affrontements ont cessé, les deux parties ont accepté d’y mettre fin », a déclaré dans la nuit un responsable afghan.

À Spin Boldak, de nouveaux tirs rythment la frontière afghano-pakistanaise
Le bilan des violences est revenu à la hausse selon les confirmations. Le gouverneur Abdul Karim Jahad annonçait alors quatre civils tués et quatre blessés, et un porte-parole afghan, Hamdullah Fitrat, a précisé qu’un soldat afghan avait également été tué et cinq personnes blessées. Les deux camps se renvoyaient la responsabilité et les tirs ont cessé tard dans la soirée, la frontière restant fermée depuis le 12 octobre. Des négociations en Turquie en vue d’un cessez-le-feu durable ont échoué début novembre et une trêve entérinée le 19 octobre par le Qatar et la Turquie n’a pas empêché des tirs près de la frontière.

Évolutions et bilans divergents sur les violences
Sur le terrain, Shamshullah, un résident afghan qui a préféré taire son nom, a décrit les dégâts: « Un obus de mortier a été tiré et a touché mon frère quand il allait dans une autre pièce (de la maison). Au début, nous n’avons pas pu le secourir car d’autres obus tombaient, puis nous l’avons emmené à Kandahar et il n’est resté vivant que jusqu’à deux heures du matin (locales) ». Mehmood Khan, un habitant pakistanais, a ajouté: « Les tirs étaient très intenses. À cause des obus de mortier qui ont atterri à proximité de notre maison, des fragments métalliques ont volé partout. Quatre membres de notre foyer ont été blessés », et Abdul Qudoos a confirmé que sa famille avait aussi été touchée. Le gouvernement pakistanais n’a lui pas fait état de victimes à ce stade. Selon Le Monde, le bilan pourrait être cinq morts, dont quatre civils.
Des éléments de contexte rappellent qu’une trêve avait été entérinée le 19 octobre après une médiation du Qatar et de la Turquie, mais elle n’a pas empêché des tirs près de la frontière, qui est fermée depuis le 12 octobre. Les tensions surviennent aussi alors que l’Inde, ennemi historique du Pakistan, se rapproche de Kaboul.