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Afrique du Sud : l’assassinat d’un lanceur d’alerte suscite l’émoi

by Lea
France

Un témoin clé d’une commission d’enquête sur la corruption et les liens entre la police et le crime organisé a été abattu à proximité de Johannesburg, en Afrique du Sud, vendredi soir. Marius van der Merwe a été touché par deux balles alors qu’il se trouvait dans sa voiture, devant son domicile, dans la soirée du 5 décembre. Son décès a suscité l’indignation de la classe politique et soulevé des questions sur la protection des lanceurs d’alerte.

Les proches présents ont été traumatisés et la scène a été décrite comme choquante. La mort du témoin a relancé le débat sur les risques auxquels sont exposés ceux qui dénoncent des actes de corruption et de collusion entre des institutions et le crime organisé.

Marius van der Merwe assassiné près de chez lui à Johannesburg
Marius van der Merwe, lanceur d’alerte, assassiné peu après son témoignage.

Van der Merwe avait témoigné anonymement trois semaines plus tôt devant la commission très médiatisée qui enquête sur ces liens présumés. Il avait notamment raconté que certains de ses supérieurs lui avaient ordonné de faire disparaître le corps d’un suspect décédé en garde à vue, indiquant: « J’ai compris que si je ne le faisais pas, le prochain, ce serait moi ».

Le président Cyril Ramaphosa a exprimé sa consternation et sa tristesse, soulignant que le témoignage du lanceur d’alerte avait provoqué la colère de certains éléments cherchant à saper l’État de droit et à freiner la quête de la vérité.

Ce meurtre intervient après une série d’assassinats de lanceurs d’alerte ces derniers mois en Afrique du Sud. Selon le chercheur Ugljesa Radulovic de l’université de Johannesburg, ces affaires sont de plus en plus visibles et médiatisées, ce qui accroît la prise de conscience publique mais met aussi à l’épreuve les mécanismes de protection.

La ministre de la Justice a déclaré que Marius van der Merwe s’était vu proposer le dispositif de protection des témoins, et le président a promis de redoubler d’efforts pour protéger ces dénonciateurs.

Whistleblower House, organisation qui vient en aide aux lanceurs d’alerte, juge toutefois ces annonces insuffisantes, estimant qu’il est difficile de savoir à qui on peut faire confiance et jusqu’où s’étendent les ramifications des réseaux criminels.

Pour l’heure, une proposition de loi visant à renforcer la protection des lanceurs d’alerte était attendue à la fin de l’année, dans un pays où la corruption demeure un enjeu majeur.

Amnesty International a déclaré que ce drame dépasse une attaque contre une personne et touche aussi le système judiciaire, appelant à des garanties de protection plus efficaces pour les témoins et les dénonciateurs.

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