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Le Nigeria a déployé des avions de chasse et des forces terrestres au Bénin pour contribuer à déjouer une tentative de coup d’État menée par un groupe de soldats béninois. Selon la présidence nigériane, l’intervention a été menée à la demande explicite du gouvernement du président Patrice Talon, qui avait sollicité une aide « immédiate » incluant un appui aérien.
Intervention militaire nigériane
La présidence de Bola Tinubu a indiqué que des avions de chasse nigérians ont d’abord survolé et pris le contrôle de l’espace aérien béninois. L’objectif affiché était de déloger les putschistes qui s’étaient emparés de la télévision nationale et s’étaient regroupés dans un camp militaire.
Des troupes terrestres nigérianes ont ensuite été envoyées à la suite d’une deuxième demande d’assistance de Cotonou, visant notamment la protection des institutions constitutionnelles et la neutralisation des groupes armés impliqués.
Déclaration de Tinubu et bilan provisoire
Le président Tinubu a salué l’action militaire de ses forces et affirmé qu’elles avaient contribué à « stabiliser un pays voisin ». La communication officielle fait état d’une intervention coordonnée entre moyens aériens et unités terrestres.
Le gouvernement béninois a, de son côté, annoncé que ses forces de sécurité avaient réussi à contenir la tentative de renversement. Le calme est progressivement revenu dans plusieurs zones, notamment dans la principale ville économique, Cotonou.
Intervention de Patrice Talon et mesures prises
Le président Patrice Talon est intervenu à la télévision nationale pour confirmer que les forces loyales avaient repris leurs positions et éliminé les dernières poches de résistance des mutins. Il a dénoncé la « trahison » des auteurs de la tentative et promis que « cela ne restera pas impuni ».
Un porte-parole du gouvernement, Wilfried Leandre Houngbedji, a indiqué que quatorze personnes avaient été arrêtées en lien avec l’événement. Selon une source sécuritaire citée par l’agence AFP, la plupart des détenus seraient des soldats en activité, à l’exception d’un ancien militaire.
- Nombre d’arrestations annoncées : 14
- Identité du meneur présumé : le lieutenant-colonel Pascal Tigri (statut de sa détention non confirmé)
Situation sur le terrain
Des coups de feu ont été entendus dans certains quartiers de Cotonou pendant la tentative de coup, mais les habitants ont rapporté un retour à une relative quiétude depuis le milieu de l’après‑midi. Les autorités n’ont pas fourni de bilan détaillé des victimes ou des personnes détenues par les mutins lors des incidents.
Les forces gouvernementales affirment avoir sécurisé les principaux centres stratégiques, y compris la chaîne de télévision d’État brièvement contrôlée par les soldats putschistes.
Réaction de la CEDEAO et de l’Union africaine
La Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union africaine ont condamné la tentative de coup d’État. La CEDEAO a annoncé l’ordre de déployer immédiatement des éléments de sa force de réserve au Bénin.
Le déploiement comprendra des troupes en provenance de plusieurs pays de la région, désignées pour aider l’armée et le gouvernement béninois à préserver l’ordre constitutionnel et l’intégrité territoriale.
Contexte politique et risques régionaux
La tentative de coup intervient à moins d’un an d’une élection présidentielle prévue en avril, qui devrait marquer la fin du mandat du président Talon. Le pays a récemment adopté une nouvelle constitution instaurant un Sénat et étendant la durée du mandat présidentiel de cinq à sept ans, réforme dénoncée par l’opposition comme un renforcement du pouvoir en place.
Le climat politique s’est tendu après l’invalidation d’un candidat proposé par le principal parti d’opposition, présenté comme lié à l’ancien président Thomas Boni Yayi.
La région a connu plusieurs coups d’État ces dernières années, ce qui accroît les inquiétudes quant à la stabilité démocratique :
- Niger
- Burkina Faso
- Mali
- Guinée
- Guinée-Bissau
Analyse d’experts
Ibrahim Yahaya Ibrahim, directeur adjoint du projet Sahel à l’International Crisis Group, a expliqué à Al Jazeera que ces tentatives de coup sont en partie liées à des gouvernements qui se détournent de leurs responsabilités démocratiques.
Il a rappelé que l’absence de clarté sur le respect des règles démocratiques, notamment en période électorale ou dans des contextes sécuritaires difficiles, alimente les risques de putsch. Il a aussi pointé des comportements observés ailleurs sur le continent, où certains dirigeants cherchent à prolonger leur maintien au pouvoir.
Selon lui, la combinaison d’une contestation politique interne et d’un contexte régional instable contribue au phénomène observé au Bénin.