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Australie: interdiction des réseaux sociaux pour les mineurs

by charles
Australie

L’Australie applique une mesure sans précédent: les moins de 16 ans n’auront plus accès à la majorité des réseaux sociaux. Le dispositif, entré en vigueur à minuit à Sydney et Canberra, oblige les plateformes à vérifier l’âge des utilisateurs et à bloquer les comptes des mineurs. Pour plusieurs observateurs, il s’agit d’une première mondiale dans la lutte contre l’addiction numérique et l’exposition à des contenus sensibles. « Je ne pense pas que le gouvernement sache vraiment ce qu’il fait et je ne pense pas que cela aura un impact sur les enfants australiens », témoigne Layton Lewis, 15 ans, interviewé avant son exclusion officielle des plateformes.

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Couverture de la mesure australienne sur les réseaux sociaux et les mineurs.
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En Australie, les moins de 16 ans bloqués sur les réseaux sociaux

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Les règles visent Facebook, Instagram, YouTube, TikTok, Snapchat et Reddit, avec interdiction de conserver ou de créer des comptes pour les utilisateurs australiens de moins de 16 ans. Pour le moment, Roblox, Pinterest et WhatsApp échappent à l’obligation, mais la liste peut évoluer selon les annonces du gouvernement.

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Les autorités évoquent des amendes pouvant atteindre 28 millions d’euros — une information donnée par l’AFP —, tandis que d’autres rapports font état d’une peine pouvant atteindre 30 millions d’euros. L’entrée en vigueur a été fixée à mercredi minuit, et le gouvernement assure que l’application sera suivie de près, notamment par la Nouvelle-Zélande et d’autres pays qui envisagent des restrictions similaires.

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Du côté des familles, les réactions sont partagées. Certaines voix soulignent les effets positifs sur le bien-être des adolescents, mais d’autres estiment que l’interdiction est une solution de facilité et que les jeunes restent capables de contourner les règles. « J’en ai assez que les géants des réseaux sociaux fuient leurs responsabilités », a déclaré Mia Bannister, une mère interrogée par l’AFP.

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Alors que l’observation des enseignants et des chercheurs laisse entendre des résultats mitigés concernant le rôle des réseaux sociaux dans l’éducation et la formation civique, la mesure pourrait aussi affecter l’accès des jeunes à des sources d’information et à des échanges identitaires. Certains estiment que la politique doit être accompagnée d’un soutien éducatif et d’une amélioration de la sécurité numérique plutôt que d’une interdiction globale.

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Comment l’âge des utilisateurs sera vérifié et quelles technologies seront utilisées

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Pour répondre à l’exigence de mesures « raisonnables », les plateformes doivent déployer des mécanismes de vérification d’âge, allant de l’analyse biométrique à la vérification documentaire et à l’analyse du comportement en ligne. Meta a confié à Yoti l’analyse des selfies afin d’estimer l’âge des internautes; TikTok travaille aussi avec Yoti et promet une « approche à plusieurs niveaux » associant technologie et modération.

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Kick et Snapchat envisagent une approche « par couches » en s’appuyant sur des signaux comportementaux et d’autres outils, sans préciser les détails techniques. YouTube déclare qu’il évalue l’âge « en fonction de l’âge associé à leur compte Google et d’autres signaux ». Dans certains cas, les utilisateurs pourraient être invités à transmettre une pièce d’identité à un service tiers comme k-ID, ou à fournir d’autres documents, tout en limitant la collecte de données personnelles.

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Les autorités admettent que ces méthodes soulèvent des questions de confidentialité et d’efficacité, et que des adolescents « rusés » pourraient trouver des moyens de continuer à accéder aux contenus. Certaines plateformes insistent sur le fait que les données collectées seront supprimées une fois l’âge vérifié, afin de protéger la vie privée.

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Réactions et enjeux pour les jeunes et les éducateurs

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La réaction des géants du net est en demi-teinte: si Meta, YouTube et d’autres ont condamné l’interdiction, la quasi-totalité des plateformes a accepté de se conformer et a commencé à supprimer ou bloquer des comptes existants concernés par la mesure, selon plusieurs agences.

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La justice est saisie: des associations de défense des droits des internautes annoncent des actions devant la Haute Cour d’Australie et Reddit a évoqué une tentative d’annulation de la mesure. Le débat porte également sur l’impact sur les adolescents, notamment en matière d’éducation civique et d’accès à l’information. Des chercheurs et enseignants soulignent que les réseaux sociaux peuvent jouer un rôle pédagogique et informationnel, et que leur suppression pourrait réduire les ressources disponibles pour l’apprentissage et le développement citoyen.

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Enfin, la Nouvelle-Zélande et d’autres pays envisagent des restrictions similaires, ce qui transforme cette mesure en point de référence pour une réflexion internationale sur la protection des jeunes en ligne et les limites de l’interdiction. L’équipe gouvernementale a reconnu que l’outil n’est pas parfait et qu’il faudra sans doute l’ajuster au fil du temps en fonction des retours et des améliorations technologiques.

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