La colère des agriculteurs s’est intensifiée ce week-end, avec des axes routiers bloqués principalement dans le Sud-Ouest. Le gouvernement réaffirme sa politique d’abattage des troupeaux contaminés et le recours à une vaccination ciblée. Ce lundi pourrait être une journée-test pour évaluer l’ampleur de la crise qui se profile.
Le problème sanitaire dans les élevages bovins alimente les tensions: la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) est au cœur du dispositif mis en place par l’État, soutenu par la FNSEA, et contesté par deux autres syndicats, la Coordination rurale et la Confédération paysanne. À ce jour, environ 3 000 bêtes ont été abattues dans plusieurs régions, d’abord en Rhône-Alpes, ensuite en Bourgogne-Franche-Comté et désormais en Occitanie. En Haute-Garonne, la ministre de l’Agriculture Annie Genevard doit annoncer lundi le lancement d’une campagne de vaccination.
Selon le ministère de l’Intérieur, 27 actions ont été recensées dimanche, rassemblant un peu plus de 1 000 agriculteurs à travers la France, notamment dans le Sud-Ouest. Sur le terrain, de nombreux éleveurs expriment leur opposition à cette stratégie. Le long de l’autoroute A64, point chaud de la contestation dans le sud de la région, certains expliquent qu’ils restent fermement mobilisés. « Nous sommes en guerre. Tant que l’État ne renoncera pas à l’abattage massif, nous resterons là », affirme un producteur venu du Tarn. « Nous allons passer les fêtes ici et nous ne bougerons pas », ajoute un autre agriculteur du département.
À Millau, une vingtaine de tracteurs ont déversé lisier, foin, pneus et ordures dans la cour et devant la sous-préfecture de l’Aveyron. D’autres actions ont été menées près de Montpellier (Hérault) et à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques). Des appels à bloquer ont été lancés pour la nuit suivante en Gironde et en Dordogne, notamment au péage de La Bachellerie sur l’A89. La Coordination rurale appelle aussi à un rassemblement près de Périgueux. À Pau, la Confédération paysanne organise une manifestation devant la préfecture des Pyrénées-Atlantiques.
Du côté de Mont-de-Marsan, un responsable rappelle que le mouvement se poursuivra aussi longtemps qu’il le faudra et réclame un changement radical de politique en matière d’abattage. Et maintenant, la mobilisation pourrait encore s’amplifier, certains évoquant même des points de discorde comme l’accord avec le Mercosur. Sur le plan politique, Carole Delga, présidente de la région Occitanie, appelle le Premier ministre à intervenir et à engager un dialogue avec les éleveurs. En toile de fond, le Salon de l’agriculture s’ouvrira dans un peu plus de deux mois à Paris.