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Considéré à son inauguration en 1952 comme un modèle d’innovation pour répondre à la crise du logement, le complexe de Westfield Court se trouve aujourd’hui au cœur d’une vive polémique. Alors que la municipalité plaide pour la démolition de cet édifice historique, les résidents dénoncent une stratégie de négligence délibérée et se battent pour sauver leurs foyers.
Westfield Court Édimbourg : entre dégradation du logement et projet de démolition
Près de 75 ans après avoir accueilli ses premiers habitants, l’avenir du monolithe de Gorgie est incertain. Le Conseil municipal d’Édimbourg affirme que l’état du bâtiment rend les réparations non viables et souhaite le raser pour construire de nouveaux logements sociaux. Un rapport présenté au comité du logement début décembre estime le coût des « réparations essentielles » à environ 18,5 millions d’euros (15,4 millions de livres sterling).

Qualifiant ces dépenses d’inutiles, les autorités locales — qui ne sont que propriétaires minoritaires — recommandent de racheter les appartements aux résidents pour procéder à la destruction. Cependant, les habitants accusent le conseil d’avoir failli à ses devoirs de gestionnaire de cet immeuble de huit étages, laissant la situation s’envenimer faute d’investissement.
Des résidents confrontés à la négligence
Pour les familles sur place, le discours officiel passe mal. Iftikhar Ali, étudiant en architecture de 19 ans, a toujours vécu au deuxième étage avec ses parents, propriétaires de leur appartement. Il évoque des problèmes constants avec le système de chauffage communal, laissant parfois les résidents sans eau chaude pendant plusieurs jours.
« Nous avons demandé au conseil d’effectuer de multiples réparations, pour les voir ignorer nos requêtes et soudainement nous dire qu’il est temps de démolir parce que les réparations n’ont pas été faites. Cela semble un peu hypocrite », déplore-t-il.

Le bâtiment, l’un des premiers immeubles de grande hauteur construits par la municipalité après la Seconde Guerre mondiale, abritait autrefois une crèche sur son toit-terrasse. Aujourd’hui, un rapport de juin 2025 indique que les canalisations d’eaux usées sont « irréparables », causant des fuites d’égouts dans certains logements.
Infiltrations et risques pour la sécurité
La vétusté des infrastructures pose de graves problèmes de sécurité. Dimitrios Kampouris, 46 ans, a acheté son appartement il y a six ans. Il a dû faire face à des infiltrations d’eau s’écoulant directement par les luminaires de sa salle de bain.

Selon lui, le conseil a fait obstruction lorsqu’il a tenté de faire intervenir un plombier, lui refusant l’accès aux zones communes où se trouvait la chaudière. « J’ai dû appeler les pompiers. Cela s’est produit deux fois et faisait sauter toute mon électricité. Ce n’est que lorsque j’ai menacé d’aller voir les médias, en raison du risque d’incendie, qu’ils ont réagi », témoigne M. Kampouris.

L’angoisse de l’expropriation et du relogement
La municipalité détient 32 des 94 appartements et doit acquérir la majorité des biens pour valider la démolition. Mais pour les propriétaires privés, l’équation économique est inquiétante. « Nous avons un trois-pièces. Pour acheter l’équivalent à Édimbourg aujourd’hui, il faut plus de 360 000 euros (£300,000) », explique M. Ali. Si l’offre de rachat est inférieure, le relogement devient impossible dans ce marché ultra-compétitif.

John Butcher, 60 ans, résident depuis 2003, craint pour ses voisins les plus fragiles : « Le conseil dit qu’il leur trouvera un logement, mais qu’est-ce que cela signifie ? Un B&B dans un quartier délabré ? Il y a encore de la vie dans ce bâtiment, il y a une communauté ici. »
Un vote de suspension temporaire
La mobilisation a porté ses premiers fruits. Lors d’une réunion du comité du logement la semaine dernière, perturbée par les résidents membres du syndicat Living Rent, le plan de démolition immédiate a été rejeté. Les élus ont demandé aux officiers du logement d’enquêter davantage sur les problèmes soulevés, offrant un sursis précaire à Westfield Court.