Le Chili a élu José Antonio Kast à la présidence, faisant de lui le dirigeant le plus à droite depuis la fin de la dictature de Pinochet en 1990. Le candidat ultraconservateur a recueilli environ 58 % des suffrages contre 42 % pour Jeannette Jara, selon des résultats officiels portant sur la quasi-totalité des bulletins. Près de 16 millions d’électeurs étaient appelés à départager les deux candidats. A l’annonce du résultat, des célébrations et des scènes de tension ont marqué le pays, reflétant une société profondément polarisée.
Kast élu président: promesse de restaurer le respect de la loi et de lutter contre l’insécurité
A Santiago, devant le siège du Parti républicain dans l’est de la ville, Kast s’est adressé à des milliers de partisans et a promis de « restaurer le respect de la loi dans toutes les régions », a déclaré le vainqueur du scrutin. Cette déclaration a été accueillie par des chants et des drapeaux, marquant une étape charnière dans une campagne centrée sur la sécurité et l’immigration.
Selon la presse locale, peu après l’annonce, des protestations ont éclaté sur la Plaza Italia, où des dizaines de manifestants ont été dispersés par la police à l’aide d’un canon à eau. Des messages évoquant le passé ayant marqué le pays, y compris le slogan « Pinochet, Pinochet », ont été entendus autour du quartier. Près de 16 millions d’électeurs étaient appelés à départager les deux candidats, et les sondages avaient anticipé une large victoire de Kast.

Sur le plan programmatique, Kast a mis en avant une lutte déterminée contre la criminalité et d’éventuelles mesures sur l’immigration illégale, promettant d’expulser des migrants en situation irrégulière et de renforcer les capacités de la police. Pendant la campagne, il a aussi été critiqué pour ses positions conservatrices sur l’avortement et le mariage entre personnes de même sexe, retenues pour ne pas polariser davantage l’élection, selon les analyses des médias.
La suite des choix policies et de l’équipe qui l’entourera seront scrutées, même si les détails du programme restent à préciser dans les semaines qui viennent.
Réactions internationales et réflexions sur la société chilienne
Des félicitations ont rapidement afflué, notamment du côté des États-Unis, où le secrétaire d’État américain Marco Rubio a évoqué « des priorités communes, notamment le renforcement de la sécurité publique, la fin de l’immigration illégale et la revitalisation de notre relation commerciale ». Cette prise de position a été relayée dans plusieurs communiqués et reflète un alignement perçu avec les priorités de Kast.
Dans le camp latino-américain, l’ultralibéral argentin Javier Milei a exprimé sur X son « immense joie » après « l’écrasante victoire de (son) ami », se disant sûr de pouvoir travailler avec lui pour que la région « adopte les idées de la liberté et que nous puissions nous libérer du joug oppresseur du socialisme ». Au Brésil, le président Lula a aussi exprimé des vœux de succès pour Kast.
Du côté chilien, Jeannette Jara a reconnu sa défaite et promis une opposition « exigeante ». Gabriela Acevedo, 21 ans, a déclaré que « Beaucoup de gens se sont laissé emporter par la campagne de la peur et par l’ignorance », résumant le sentiment de nombreux électeurs. Les analystes notent que la criminalité et l’immigration illégale restent des préoccupations majeures, même si les chiffres réels ne traduisent pas nécessairement une crise aiguë, et que l’opinion publique demeure polarisée par la mémoire de l’époque pré et post-dictature et par les tensions économiques actuelles. Claudia Heiss, politologue, souligne que l’explosion sociale de 2019 a laissé une empreinte durable et contribue à une dynamique qui peut favoriser un virage conservateur.

Le Chili porte ainsi une élection qui déclenche des débats sur la sécurité, les migrations et la place du conservatisme dans une société façonnée par une révolte sociale en 2019 et par une période de croissance hésitante. Les prochains mois verront la formation du gouvernement et la définition d’un cap qui devra répondre à une population profondément divisée et à des partenaires régionaux qui observent ce changement politique avec attention.