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Les députés haredim ont menacé d’appuyer la dissolution de la Knesset et d’entraîner Israël vers des élections anticipées si le Premier ministre Benjamin Netanyahou n’accélère pas l’examen d’une loi d’exemption de la conscription. Cette ultimatums intervient au cœur d’un bras de fer politique autour du service militaire des étudiants des yeshivot.
Menace de dissolution et position des Haredim
Selon les déclarations rapportées par la radiotélévision israélienne, les parlementaires représentant les partis haredim — Shas et Yahadout HaTorah — ont adressé un message au bureau du Premier ministre exigeant l’accélération du débat sur la loi. Ils ont prévenu que, si le rythme des discussions ne s’intensifiait pas, ils n’en resteraient pas à un simple refus de voter le budget mais soutiendraient également la convocation d’élections.
Les deux partis haredim comptent ensemble 18 députés sur 120 (Shas 11, Yahadout HaTorah 7). L’actuelle coalition, incluant les haredim, détient 68 sièges et a besoin d’au moins 61 sièges pour rester majoritaire. Le mandat courant de la Knesset court jusqu’en octobre 2026, mais la menace de dissolution ouvre la voie à un calendrier électoral avancé.
Un cadre légal remis en cause
La controverse s’est intensifiée depuis la décision de la Cour suprême du 25 juin 2024 qui a rendu plus contraignante l’obligation de servir pour certains groupes, tout en interdisant le versement d’aides publiques à des institutions religieuses dont des étudiants refusent la conscription. En réaction, les Haredim ont multiplié les protestations et durci leurs positions parlementaires.
Le projet de loi actuellement examiné par la commission des Affaires étrangères et de la Défense, proposé par le député Boaz Bismuth (Likud), prévoit la possibilité d’accorder des reports annuels de conscription aux étudiants en études religieuses à plein temps. La version discutée supprime par ailleurs plusieurs dispositions de textes antérieurs qui visaient à garantir l’assiduité effective des candidats à l’exemption.
Critiques et enjeux politiques
Le texte a été critiqué tant au sein de la coalition que dans l’opposition. Des parlementaires ont estimé qu’il comportait des lacunes et que les sanctions prévues étaient peu dissuasives, ce qui risquerait de ne pas encourager un accroissement réel des recrutements.
Lors d’une rencontre avec des députés de Yahadout HaTorah, le Premier ministre Netanyahou a déclaré que des élections seraient une erreur et que la loi devait être expliquée au public. Il a exprimé l’espoir que seuls deux ou trois membres de la coalition s’y opposeraient finalement et a appelé à finaliser rapidement le texte.
Un enjeu social et démographique
Les Haredim représentent environ 13 % des quelque 10 millions d’habitants d’Israël. Ils refusent majoritairement la conscription au motif que leur mode de vie se consacre à l’étude de la Torah et que l’intégration dans la société séculière menacerait leur identité religieuse et la continuité de leur communauté.
Depuis des décennies, les hommes haredim ont obtenu des reports répétés de leur service militaire à partir de 18 ans en qualité d’étudiants religieux, jusqu’à une limite d’âge d’exemption qui se situe aujourd’hui autour de 26 ans. La réforme envisagée et les tensions qu’elle suscite reflètent donc un dilemme profond entre impératifs de sécurité nationale et demandes de reconnaissance d’un mode de vie religieux spécifique.
Calendrier parlementaire
La possibilité de soumettre à nouveau un projet de dissolution avait été freinée par une règle parlementaire interdisant de remettre en discussion dans les six mois un texte ayant déjà été rejeté. Les parlementaires haredim affirment que ce délai est désormais écoulé, ouvrant la voie à un vote sur la dissolution si aucun compromis n’est trouvé.
La suite dépendra de l’issue des débats à la commission et du rapport de forces au sein de la coalition. Si la pression haredim se confirme, le gouvernement pourrait se retrouver confronté à un choix entre céder sur le calendrier législatif ou affronter des élections anticipées.