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Les États‑Unis demandent un cessez‑le‑feu humanitaire immédiat au Soudan alors que les combats s’intensifient dans la vaste et stratégique région de Kordofan, aggravant une crise humanitaire déjà catastrophique. Washington appelle à l’arrêt des hostilités pour permettre l’acheminement d’une aide vitale aux millions de civils piégés par la guerre.
Washington pousse pour un cessez‑le‑feu humanitaire
Lors d’une conférence de presse de fin d’année, le secrétaire d’État Marco Rubio a qualifié la violence au Soudan d’« épouvantable » et d’« atroce », estimant que l’histoire retiendra les responsabilités et que tous les acteurs impliqués en subiront la condamnation durable. Il a insisté sur l’importance d’une trêve humanitaire immédiate, évoquant la nouvelle année comme une opportunité pour les parties de convenir d’un accord.
Les autorités américaines multiplient les démarches diplomatiques au Moyen‑Orient et en Afrique. Un envoyé spécial américain a récemment mené des discussions avec des responsables égyptiens, saoudiens et des Émirats arabes unis, tandis que Washington dit travailler en coordination avec le Royaume‑Uni pour faire pression sur les acteurs externes.
Armes étrangères et influence régionale
Rubio a pointé du doigt l’approvisionnement extérieur en armes comme un facteur clé qui prolonge le conflit entre l’armée soudanaise (SAF) et la puissante force paramilitaire Rapid Support Forces (RSF). « Toutes ces armes proviennent de l’étranger », a‑t‑il déclaré, en soulignant le rôle d’acteurs externes pour convaincre les belligérants de négocier.
Des observateurs affirment que les Émirats fournissent un soutien matériel direct à la RSF via des réseaux régionaux, accusation démentie par Abu Dhabi. Parallèlement, la SAF entretient des relations étroites avec la Turquie, l’Égypte et l’Arabie saoudite, ces mêmes pays jouant parfois un rôle de médiation.
Basculement des combats vers Kordofan
Les affrontements les plus violents se sont déplacés de Darfour vers Kordofan, où des tirs d’artillerie et des bombardements ont visé des quartiers résidentiels. Selon des réseaux médicaux locaux, au moins 100 civils ont été tués depuis le début du mois de décembre et plus de 50 000 personnes ont été déplacées à l’intérieur de la région.
La ville d’El‑Obeid, capitale du Nord‑Kordofan et carrefour stratégique reliant le sud, l’est et Darfour, est identifiée comme une cible potentielle. Les responsables humanitaires avertissent que si les combats atteignent El‑Obeid, plus d’un demi‑million de personnes pourraient être affectées.
Bilan humain et attaques contre les services de santé
Le bilan humain de la guerre au Soudan est dramatique : plus de 100 000 morts et 14 millions de déplacés depuis le déclenchement des hostilités en avril 2023, selon les Nations unies. L’Organisation mondiale de la santé rapporte que les attaques contre les établissements de santé ont entraîné une part disproportionnée des décès attribués à ces frappes, et a vérifié plus de 200 attaques sur des structures médicales, causant près de 1 858 morts depuis le début du conflit.
Dans plusieurs villes, le personnel médical est détenu ou ciblé. À Nyala, capitale autoproclamée du gouvernement parallèle de la RSF, des dizaines de soignants restent en détention après des arrestations massives. L’ampleur des attaques contre les civils et les infrastructures vitales a conduit l’Union africaine à dénoncer l’établissement d’institutions parallèles et à condamner les attaques systématiques contre les populations.
Incidents marquants et accusations de crimes
Parmi les épisodes les plus choquants figure l’attaque par drones du 13 décembre ayant tué six casques bleus bangladais. Le Conseil de sécurité des Nations unies a qualifié cette attaque d’« abominable et délibérée », évoquant la possibilité de crimes de guerre.
Les deux camps, la SAF et la RSF, sont accusés de crimes de guerre. La RSF fait en outre face à des allégations de génocide en Darfour, notamment dans des villes où des violences massives ont été documentées. Ces accusations renforcent les appels internationaux en faveur d’une responsabilité pénale pour les auteurs des exactions.
Perspectives et risques d’escalade
Malgré des appels répétés au cessez‑le‑feu Soudan, les observateurs soulignent la difficulté d’obtenir un respect durable des engagements, surtout lorsque l’une des parties perçoit un avantage sur le terrain. Les États‑Unis se présentent comme un acteur de rassemblement, cherchant à persuader les pays fournisseurs d’armes et d’influence régionale d’user de leur levier pour imposer une pause dans les combats.
Alors que la crise humanitaire s’aggrave, l’urgence reste d’ouvrir des corridors d’aide et de protéger les civils. Sans avancée diplomatique rapide et sans réduction des flux d’armement, le risque d’une aggravation régionale et d’une multiplication des pertes civiles demeure élevé.
- Plus de 100 000 morts depuis avril 2023;
- Environ 14 millions de personnes déplacées;
- Plus de 200 attaques vérifiées contre des structures de santé, près de 1 858 morts;
- Au moins 100 civils tués à Kordofan depuis le début décembre; plus de 50 000 déplacés;
- Six casques bleus bangladais tués par drones le 13 décembre.