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Irak : polémique sur la normalisation après les propos du patriarche

par Sara

Une intervention prononcée lors de la messe de Noël par le patriarche chaldéen Louis Raphaël Sako a déclenché un vif débat politique en Irak sur la notion de « normalisation ». Si le patriarche n’a pas nommé explicitement d’autre pays, ses propos ont été interprétés par une partie de la classe politique comme un appel à des relations que beaucoup assimilent à une normalisation avec Israël.

Réactions du gouvernement et des principaux leaders

Le chef du gouvernement, Mohammed Shia al-Sudani, a répondu fermement en affirmant que le terme « normalisation » n’a pas sa place dans le lexique irakien. Il a rappelé que ce mot renvoie, pour de nombreux Arabes, à des relations avec une entité née en 1948 sur des terres arabes, et que l’Irak rejette toute légitimation de telles démarches.

De son côté, le leader du courant sadrist, Mouqtada al-Sadr, a réagi avec vigueur en rappelant que la loi irakienne criminalise la normalisation avec Israël et en appelant les autorités compétentes à appliquer la législation. Il a souligné que l’idée de normalisation n’a pas de place ni de justification en Irak.

Des voix ministérielles s’expriment

La ministre des Migrations et des Déplacés, Iwan Faiq Jabro, a également condamné toute position en faveur de la normalisation. Sur sa page officielle, elle a indiqué que de telles prises de position ne représentent pas la volonté du peuple irakien, dans toutes ses composantes religieuses et ethniques.

Elle a ajouté que l’Irak, en tant que gouvernement et peuple, demeure fidèle au soutien de la cause palestinienne et au rejet de l’occupation, en s’appuyant sur des principes nationaux et humanitaires ainsi que sur un engagement historique en faveur de la justice.

Précisions de la patriarcat chaldéen

Face à la polémique, la patriarcat chaldéenne a publié une clarification sur le sens des paroles du patriarche Sako. Selon le communiqué, le patriarche voulait inciter à ce que « tout le monde se normalise avec l’Irak, et non avec un autre pays ». Il a rappelé que l’Irak est « pays des religions » et a évoqué Abraham comme figure liée au territoire irakien.

Le patriarche avait aussi affirmé que l’orientation des pays vers l’Irak, « terre des civilisations », contribuerait au développement du tourisme et au rayonnement du pays.

Le cadre légal en vigueur

La controverse survient dans un contexte légal strict : en 2022, l’Irak a adopté une loi qui punit la normalisation avec Israël. Cette législation a renforcé les sanctions contre toute interaction officielle ou non avec l’État israélien.

Pour plus de clarté, la loi comporte notamment :

  • Des peines de détention, temporaires ou à perpétuité, pour toute personne ayant voyagé vers l’entité israélienne, visité ses représentations diplomatiques ou ses institutions, ou entretenu des contacts avec elles.
  • Des sanctions très sévères — pouvant aller jusqu’à la peine capitale ou à la réclusion à perpétuité — pour quiconque établit des relations de quelque nature que ce soit avec Israël dans les domaines politique, économique, culturel ou autres.

Alors que le débat sur la signification réelle des propos du patriarche persiste, la réaction des autorités et des principaux acteurs politiques illustre la sensibilité du sujet et l’importance du cadre légal qui encadre toute interaction avec Israël en Irak.

source:https://www.aljazeera.net/news/2025/12/25/%d8%af%d8%b9%d9%88%d8%a9-%d9%84%d9%84%d8%aa%d8%b7%d8%a8%d9%8a%d8%b9-%d9%81%d9%8a-%d8%a7%d9%84%d8%b9%d8%b1%d8%a7%d9%82-%d8%a7%d9%84%d8%b3%d9%88%d8%af%d8%a7%d9%86%d9%8a-%d9%8a%d8%b1%d9%81%d8%b6

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