Table of Contents
L’économie palestinienne est confrontée à une crise fiscale et financière sans précédent qui menace la continuité des institutions publiques et la capacité de l’État à honorer ses engagements les plus élémentaires. Entre recettes bloquées, chute de l’activité et endettement croissant, les indicateurs économiques montrent un territoire en proie à un effondrement progressif.
Rapport alarmant sur la récession
Un rapport conjoint des autorités statistiques et monétaires palestiniennes souligne que l’économie est restée en profonde récession tout au long de l’année 2025. La production a été particulièrement dévastée à Gaza, où le produit intérieur brut (PIB) a reculé de 84 % par rapport à 2023, tandis que la Cisjordanie enregistrait une baisse de 13 % sur la même période.
Au-delà des chiffres agrégés, ces pertes traduisent une incapacité à retrouver une capacité productive minimale dans le contexte actuel, limitant fortement toute perspective de reprise durable.
Recettes bloquées et dette publique
Le ministre de l’Économie a déclaré que des autorités israéliennes retiennent environ 4,5 milliards de dollars de recettes de transfert, une mesure qualifiée de « punition collective » par les responsables palestiniens. Cette pratique a fortement affaibli la capacité de l’Autorité palestinienne à fonctionner normalement.
Au 30 novembre 2025, la dette publique accumulée atteignait 14,6 milliards de dollars, soit 106 % du PIB 2024. Le profil de la dette inclut notamment des créances envers le FMI et le secteur bancaire, ainsi que des arriérés de salaires.
- 4,5 milliards de dollars dus au FMI ;
- 3,4 milliards dus au secteur bancaire palestinien ;
- 2,5 milliards d’arriérés de salaires des employés publics ;
- 1,6 milliard dus au secteur privé ;
- 1,4 milliard de dette extérieure ;
- 1,2 milliard d’autres obligations financières.
Effondrement généralisé des activités
Les données officielles montrent une contraction généralisée des activités économiques. Au deuxième trimestre 2025, le PIB a reculé de 29 % par rapport à 2023, et le PIB par habitant a diminué de 32 % sur la même période.
Par secteur, la construction a chuté de 41 %, l’industrie et l’agriculture de 29 % chacune, tandis que le commerce de gros et de détail a enregistré une baisse de 24 %. Ces tendances reflètent une paralysie quasi totale de certains marchés et une perte massive d’emplois.
Tourisme en chute libre
Le secteur touristique, pilier essentiel de nombreuses économies locales, a été l’un des plus touchés. Depuis le déclenchement des hostilités en octobre 2023, les pertes quotidiennes ont dépassé les 2 millions de dollars, avec un manque à gagner cumulé proche d’un milliard de dollars à la fin de 2024.
Les analyses indiquent une baisse de 84,2 % du taux d’occupation hôtelière en Cisjordanie au premier semestre 2024 par rapport à la même période l’année précédente. Les pertes dans l’hébergement et la restauration se chiffrent à plusieurs centaines de millions de dollars, et de nombreux investissements hôteliers restent sans retour financier.
Mesures gouvernementales et stratégie
Face à l’urgence, le gouvernement a annoncé un « paquet de mesures » visant à renforcer la protection sociale, soutenir la résilience des habitants en Zone C et appuyer les petites et moyennes entreprises ainsi que les secteurs productifs, notamment l’industrie et l’agriculture.
Par ailleurs, le ministère de l’Économie met l’accent sur la soutenabilité du secteur privé, la substitution d’importations, le développement des économies numérique et verte, et l’amélioration du climat des affaires. Malgré la tourmente, environ 2 500 nouvelles entreprises continuent d’être immatriculées chaque année.
Alertes d’experts et scénarios possibles
Des économistes et observateurs mettent en garde : l’accumulation de dettes et la suspension des recettes pourraient précipiter une paralysie complète des services publics, notamment le paiement des salaires. Avec l’aide extérieure gelée et des recettes historiques basses, l’État peine à couvrir ses dépenses opérationnelles.
Trois scénarios sont évoqués par les analystes : une poursuite d’un déclin progressif, une intervention internationale visant à empêcher l’effondrement total, ou une reprise conditionnée à des réformes politiques et économiques demandées par des partenaires étrangers. Sans arrêt du blocage des recettes et sans reprise substantielle de l’aide internationale, le risque d’effondrement reste élevé.
Enjeux humains et temporisation
Au-delà des chiffres, cette crise se traduit par une augmentation du chômage, une montée de la précarité et une érosion des garanties sociales pour des centaines de milliers de personnes. À Gaza, le taux de chômage a dépassé 77 % en 2025, signalant une urgence sociale majeure.
La question centrale demeure : combien de temps les institutions et la population pourront-elles tenir sous ces conditions de siège économique, et si des évolutions politiques permettront d’endiguer ce qui est de plus en plus perçu comme un effondrement progressif mais systémique.