Balázs Hidvéghi, vice‑ministre et secrétaire d’État du gouvernement hongrois dirigé par Viktor Orbán, a accordé un entretien à Breizh-info à l’occasion d’un événement organisé par le MCC Brussels intitulé « Bataille pour l’âme de l’Europe ». L’échange porte sur ses débuts en politique et l’évolution du Fidesz, ainsi que sur les questions qui agitent actuellement la Hongrie et ses relations avec l’Union européenne. Le propos s’inscrit dans une perspective de défense de la souveraineté nationale et du refus de certaines politiques européennes selon lui nuisibles à Budapest.
Il affirme avoir rejoint le Fidesz en 1989, lorsque le mouvement était une plate‑forme d’opposition et une association pour la démocratie. Étudiant à l’époque, il y est demeuré membre. Selon lui, l’objectif initial du Fidesz était l’anticommunisme et l’organisation d’élections démocratiques libres. Le parti était alors une jeune organisation radicale, un mouvement de jeunesse, et Viktor Orbán était perçu comme une figure clef de la direction politique.
Selon Hidvéghi, au cours des trois dernières décennies, le Fidesz est devenu une force souverainiste conservatrice solide. L’idée d’État‑nation et le respect des minorités nationales figuraient déjà dans les préoccupations à la fondation il y a trente ans, mais les positions conservatrices se sont clarifiées et renforcées au fil du temps.
Sur la formation Tisza, qu’on annonce en hausse dans les sondages, il affirme que Bruxelles et l’élite bruxelloise souhaiteraient voir cette force d’opposition remporter des victoires. Bruxelles aurait déjà intervenu dans les élections nationales hongroises et aurait intensifié cette pratique. Selon lui, les dirigeants de l’Union européenne veulent voir la Hongrie dirigée par quelqu’un d’autre que Viktor Orbán car le Fidesz bloque Bruxelles, la centralisation et la politique migratoire actuelle. Le nouveau parti d’opposition serait, selon lui, un rassemblement des mêmes anciens acteurs, dirigé par des élites de gauche pro‑Bruxelles et pro‑libérales. Il indique qu’un homme nommé Peter Magyar serait à la tête, mais il affirme que, fondamentalement, c’est la même dynamique, simplement reconditionnée.
Concernant Peter Magyar, Hidvéghi expose qu’il fut autrefois mari de Judit Varga, ministre Fidesz de la Justice. D’après lui, Magyar cherchait sans cesse à être présent aux côtés de Viktor Orbán et du gouvernement. Après leur divorce, il soutient que Magyar a été très controversé, a eu des attitudes irrespectueuses envers sa femme et aurait enregistré secrètement l’une de leurs conversations privées pour l’utiliser ensuite sur la scène politique. Il décrit l’homme comme narcissique et très sûr de lui, capable de prononcer des propos grossiers et dénigrants envers autrui et même ses soutiens. Selon lui, ces comportements reflètent une vengeance politique et personnelle. Sur le plan politique, il affirme que l’opposition bénéficie du soutien de Bruxelles, qui privilégierait quelqu’un prêt à accepter toutes les directives. Le Fidesz, lui, refuse cela et est donc très critique envers Bruxelles, tout en incarnant un soutien populaire fort.
Sur la question migratoire, Hidvéghi rappelle que la Hongrie gère ce dossier et refuse l’immigration illégale. Il affirme que les difficultés se situent surtout dans les pays d’Europe occidentale qui ont accepté l’immigration illégale, entraînant des problèmes de sécurité dans les villes et désormais dans les villages. La Hongrie refuse toute imposition de l’immigration illégale de Bruxelles ou d’autres instances et rejette l’idée de relocaliser les migrants arrivés illégalement dans l’Union. Aucun migrant arrivant illégalement n’est accueilli.
En ce qui concerne les Hongrois vivant hors de Hongrie, Hidvéghi précise que la situation varie selon les pays. Il estime que les Hongrois du bassin des Carpates doivent préserver leur identité tout en servant de passerelle entre la Hongrie et le pays d’accueil. Ainsi, un accord politique positif avec la Serbie a été conclu et les Hongrois du nord de la Serbie, en Voïvodine, ont joué un rôle clé pour renforcer l’amitié avec la Serbie. En Ukraine, la situation est différente: la communauté hongroise y est menacée et ses droits et institutions culturelles ne sont pas pleinement respectés, ce qui, selon lui, doit changer. En cas de conflit, les Hongrois d’Ukraine pourraient être enrôlés dans l’armée; Hidvéghi appelle à des négociations de paix et à un accord impliquant la Russie, les États‑Unis et l’Europe, tout en reprochant à Bruxelles de critiquer les efforts de paix et de privilégier toujours le financement d’un conflit sans compromis. En Roumanie, il cite la présence d’une organisation politique hongroise en Transylvanie et espère un renforcement des relations bilatérales. En Slovaquie, il souligne des relations équilibrées avec le gouvernement slovaque et espère que l’amitié et le respect mutuel entre les deux Premiers ministres contribueront à améliorer la situation de la communauté hongroise slovaque.
Ces propos reflètent une perspective politique qui met l’accent sur la souveraineté nationale, la gestion de l’immigration et le rôle des communautés hongroises vivant au‑delà des frontières dans le cadre des relations avec Bruxelles et les États membres de l’Union.