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La Cour suprême du Brésil a ordonné l’assignation à résidence de dix personnes condamnées pour leur rôle dans un complot visant à maintenir Jair Bolsonaro au pouvoir après sa défaite électorale de 2022. La décision, rendue samedi par le juge Alexandre de Moraes, intervient après l’arrestation au Paraguay d’un des principaux condamnés qui tentait de fuir vers l’Amérique centrale.
Mesures décidées par la Cour
Les dix personnes, jusque-là libres en attente de l’issue de leur appel, ont été contraintes de rester à leur domicile. Elles étaient précédemment soumises à des mesures de précaution telles que le port d’un bracelet électronique ou l’obligation de passer la nuit au même endroit.
Outre l’assignation à résidence, le juge a imposé des restrictions sévères : interdiction de recevoir des visiteurs, d’utiliser les réseaux sociaux et d’entrer en contact avec des personnes encore sous enquête. Les prévenus doivent également remettre leurs passeports ainsi que leurs permis d’armes.
Arrestation et extradition liées à la fuite
La décision fait suite à l’arrestation, au Paraguay, de Silvinei Vasques, ancien directeur de la police fédérale des routes, qui avait été condamné dans la même affaire. Les autorités paraguayennes l’ont appréhendé alors qu’il cherchait à embarquer pour El Salvador avec un passeport paraguayen falsifié.
Vasques a été extradé vers le Brésil et placé en détention provisoire. Les enquêteurs affirment qu’il avait arraché son bracelet électronique avant de prendre la fuite en voiture de location vers la frontière.
Accusations et implications
Selon la décision du juge de Moraes, ces responsables ont soit participé à l’élaboration du complot, soit recherché des justifications juridiques pour l’exécuter, soit diffusé de la désinformation sur les réseaux afin de faciliter le maintien au pouvoir de Bolsonaro.
Parmi les concernés figure Filipe Martins, ancien conseiller de Bolsonaro. Son avocat a indiqué publiquement qu’ils allaient faire appel et a dénoncé le caractère incompréhensible de la nouvelle mesure, rappelant que son client portait jusque-là un bracelet électronique et n’était pas autorisé à quitter sa ville.
Interdictions complémentaires et procédures
Outre l’assignation à résidence, les personnes visées voient leurs contacts restreints et leurs moyens de mobilité limités. Elles ne peuvent plus communiquer avec des mis en cause toujours investigués, ni utiliser les plateformes sociales pour diffuser des messages liés au dossier.
Ces décisions s’inscrivent dans une série de mesures coercitives destinées à prévenir toute tentative d’influence sur la procédure ou de nouvelles actions visant à déstabiliser les institutions démocratiques.
Situation de Jair Bolsonaro et autres condamnés
En septembre, la Cour suprême avait reconnu Jair Bolsonaro coupable d’avoir conspiré pour rester au pouvoir après sa défaite face à Luiz Inácio Lula da Silva, lui infligeant une peine de 27 ans de prison. L’ancien président, qui nie les faits, est incarcéré depuis novembre.
Un autre ex-responsable condamné, l’ancien chef des renseignements Alexandre Ramagem, a pris la fuite vers les États-Unis. Les procès visant l’ancien président ainsi que plusieurs généraux et policiers ont suscité une forte attention nationale.
Santé de l’ancien président et réactions publiques
Bolsonaro a été hospitalisé cette semaine. Après avoir subi une intervention pour une double hernie, son épouse a indiqué qu’il était également pris en charge pour des épisodes persistants de hoquet, problème qui dure selon elle depuis plusieurs mois.
L’état de santé de l’ancien dirigeant rappelle les séquelles d’une agression à l’arme blanche en septembre 2018, qui avait entraîné plusieurs interventions chirurgicales abdominales au cours de la campagne électorale.
Portée internationale
Le dossier a eu des répercussions au-delà des frontières. Initialement, l’administration américaine avait dénoncé les poursuites, qualifiant le procès de « chasse aux sorcières » et prononçant des mesures économiques et financières contre le juge en charge. Par la suite, la posture américaine s’est adoucie, avec un assouplissement de certaines sanctions et un ajustement des tarifs douaniers.
Ces évolutions illustrent la sensibilité diplomatique et commerciale attachée à une affaire qui dépasse désormais le seul cadre judiciaire brésilien.
Enjeux démocratiques
Les décisions récentes de la Cour suprême montrent la volonté des institutions de répondre fermement aux tentatives de fragilisation de l’ordre constitutionnel. Elles interviennent dans un climat politique toujours tendu, où les débats sur la responsabilité des acteurs publics restent vifs.
Alors que les recours judiciaires se poursuivent, la mise sous assignation à résidence des dix condamnés marque une étape importante dans l’instruction et la mise en œuvre des peines liées au complot visant l’ancien président.