Enquête — De l’Élysée à Matignon, les animaux accompagnent les responsables politiques et témoignent des liens qui se tissent entre le pouvoir et les compagnons à quatre pattes. Nemo, croisé griffon et labrador noir recueilli en août 2017 dans un refuge de la SPA des Yvelines, illustre ce rapport singulier entre chefs d’État et animaux de compagnie.

À l’époque, le renvoi des chiens et des poules vers la vie privée de la résidence présidentielle est présenté comme l’évidence d’un foyer qui accueille les animaux autant que les visiteurs politique. Nemo est devenu une figure attendue lorsque le couple présidentiel‑ Brigitte et Emmanuel Macron – a choisi, au début de leur quinquennat, d’adopter un animal de la SPA. Le récit rapide raconte qu’il est rapidement devenu le témoin privilégié des échanges et des déplacements du pouvoir.
Tôpette, petit teckel au nom signifiant « salut, au revoir » en langue angevine, était lui aussi connu pour sa forte personnalité. Autorisé à suivre son maître lors de réunions, il jouait souvent les premiers rôles dans les échanges et les rituels au sein de l’entourage présidentiel. Des anciens collaborateurs se souviennent que, malgré sa taille modeste, le chien avait l’étoffe d’une mascotte capable d’animer des échanges en coulisses et, parfois, d’apparaître au cœur des discussions stratégiques.

Aujourd’hui encore, Nemo arpente les couloirs de l’aile Madame, comme s’il occupait une place au rang d’un notable de l’institution. Son arrivée coïncide avec ceux qui dorénavant deviennent les mandats d’un pouvoir qui se raconte aussi à travers les animaux. Le quotidien est ponctué de petites scènes et de réflexions sur la présence animale, qui ne cesse d’éveiller les curiosités et les sourires des proches et des visiteurs.
Un matin, le préfet de la région Île‑de‑France, Marc Guillaume, répond à une remarque sur Tôpette en expliquant: « Je sais que vous dites du mal de Tôpette », ce qui déclenche les sourires des collaborateurs et pousse à démentir l’idée que les animaux pourraient être des sujets de discorde. L’échange est perçu comme une touche d’humour au cœur d’un service où les ministres et les conseillers passent en un instant, tandis que les animaux restent en place comme témoins immuables des coulisses.
Pour préparer les images futures de cette vie publique, des clichés montrent aussi le travail de ceux qui entourent les animaux: en 2018, Édouard Philippe, alors Premier ministre, offre un coq à son secrétaire d’État Christophe Castaner. Le cadeau, baptisé Doudou, est devenu un symbole mémorable des échanges entre les deux hommes, et la curiosité autour de ce symbole a même donné lieu à des anecdotes qui perdurent dans les conversations. Le coq a ensuite disparu sans que l’on sache précisément ce qui est arrivé à son corps, alimentant les légendes autour de la vie animale à l’intérieur des palais et des jardins qui entourent le pouvoir.

La vie animale ne se résume pas à une simple figuration. Lors de son entrée en fonction, le président a aussi vu naître une cohabitation plus complexe avec d’autres animaux: Jules et Jeanne, deux lévriers tazis offerts par le président du Kazakhstan, ont été accueillis au palais. Leur présence n’a pas été sans difficultés, et Brigitte Macron a dû faire face à des comportements parfois agressifs de l’un des two chiens, nécessitant l’intervention d’un dresseur, puis d’un médecin pour évaluer la situation. Une idée évoquée par Yannick Neuder — ancien ministre — consistait même à envisager une solution radicale et inattendue pour régler les incidents, mais elle n’a jamais été mise en œuvre. Le récit restait suspendu à ces échanges et aux réflexions sur la meilleure manière de gérer une cohabitation au sein de la demeure présidentielle.

Le récit se poursuit avec un ensemble d’histoires autour d’autres animaux qui se partagent les lieux gouvernementaux et les résidences officielles. La Lanterne, résidence des présidents et leurs proches depuis 2017, est décrite comme une ferme improvisée, où l’on n’hésite pas à évoquer des images presque pastorales, comme nourrir un agneau ou partager des repas avec des animaux qui y trouvent refuge. Les anecdotes autour de Jim le petit agneau et de Désirée la chèvre illustrent cette ambiance où les visiteurs découvrent un décor moins institutionnel et plus familier. Une poule nommée Terminator est aussi présente, gagnant son surnom pour sa résistance face aux prédateurs qui ont pu s’en prendre à d’autres volailles; ce terrain de jeu pour les animaux ressemble parfois à un petit musée vivant de l’histoire politique et familiale de la République.

La vie animale à l’Élysée n’est pas exempte de drames mineurs. Certains incidents, comme la perte d’un animal ou une blessure, ont amené les responsables à improviser des solutions pour préserver l’harmonie du lieu et rassurer les personnes présentes. Une anecdote parmi d’autres illustre la manière dont les animaux entrent dans les échanges et les discussions, et comment ces histoires peuvent circuler et se transformer en symboles du mandat. Comme l’affirme l’expression, la politique est une jungle, et les animaux y tiennent parfois un rôle bien plus visible et touchant que ce que l’on pourrait craindre.