Table of Contents
Alaa Abd El‑Fattah citoyenneté fait l’objet d’une vive controverse au Royaume‑Uni après la réapparition de tweets anciens attribués au militant égypto‑britannique. De retour au pays après douze ans d’emprisonnement en Égypte, l’écrivain et blogueur a publié des excuses qu’il qualifie d' »sans équivoque » après la diffusion de messages datant de 2010, certains évoquant la violence contre des policiers et des « sionistes ».
Des excuses publiques et des explications
Dans une longue déclaration en ligne, Abd El‑Fattah a reconnu que ces publications étaient « choquantes et blessantes » tout en affirmant que certains propos avaient été « complètement déformés ».
Il a expliqué que ces tweets reflétaient la colère et la frustration d’un jeune homme à une époque de crises régionales, notamment les guerres en Irak et à Gaza, ainsi qu’une culture d’affrontements et d’insultes sur internet. Cependant, il a ajouté : « j’aurais dû mieux savoir ».
Réactions politiques et appels à la révocation
Des responsables conservateurs et du parti d’extrême droite Reform UK ont saisi l’affaire pour exiger la révocation de sa nationalité britannique. Ils se sont exprimés dans la presse et sur les réseaux sociaux, arguant que ses anciens propos rendaient sa présence au Royaume‑Uni inacceptable.
La dirigeante conservatrice Kemi Badenoch a écrit dans un éditorial que la ministre de l’Intérieur, Shabana Mahmood, devrait envisager comment Abd El‑Fattah « pourrait être expulsé » et a affirmé ne pas vouloir « de personnes qui haïssent la Grande‑Bretagne » sur le sol britannique.
Nigel Farage, leader de Reform UK, a publié une lettre adressée à la ministre, rappelant que la citoyenneté d’Abd El‑Fattah avait été accordée sous l’administration de 2021 et suggérant de la remettre en cause.
Défense et dénonciations d’une campagne de calomnie
Des militants des droits humains et des soutiens du défenseur égyptien ont dénoncé une campagne de dénigrement coordonnée visant à entacher sa réputation. Ils ont encouragé le public à lire ses excuses et à replacer les messages dans leur contexte historique.
Plusieurs voix, dont des universitaires et des dirigeants d’organisations de défense des droits, ont condamné l’utilisation de ces anciens tweets pour « jouer la politique » avec sa liberté nouvellement retrouvée. Certains ont qualifié la manœuvre d’attaque ciblée visant à lui nuire.
Cadre légal et enjeux
Au Royaume‑Uni, la ministre de l’Intérieur dispose du pouvoir de retirer la citoyenneté si cela est jugé « propice au bien public ». Des critiques affirment que cette prérogative est appliquée de façon disproportionnée contre les citoyens musulmans ou les personnes issues de minorités.
Un rapport de 2022 de l’Institute on Statelessness and Inclusion estimait que plusieurs centaines de personnes avaient perdu la nationalité britannique depuis 2006, dont plus d’une centaine lors d’une seule année, ce qui a suscité des accusations selon lesquelles le pays serait devenu un « leader mondial » des révocations de citoyenneté.
Contexte et réactions gouvernementales
La polémique s’est accentuée après les réactions favorables du Premier ministre et du ministre des Affaires étrangères, qui ont salué le retour d’Abd El‑Fattah et fait de son dossier une priorité diplomatique. Ces déclarations ont alimenté l’ire des opposants, qui y voient une indulgence inacceptable.
Pour ses partisans, la priorité doit rester la protection des droits et la réintégration familiale d’un homme qui a été détenu pendant de longues années.
Parcours du militant
Alaa Abd El‑Fattah a été incarcéré à plusieurs reprises depuis les grandes mobilisations de 2011 qui ont conduit au départ de Hosni Moubarak. Critique virulent du président Abdel Fattah al‑Sissi, il a été condamné à 15 ans de prison en 2014 pour diffusion de fausses informations, puis à d’autres peines au fil des années.
En septembre dernier, il a finalement bénéficié d’une grâce présidentielle et a pu regagner le Royaume‑Uni, retrouvant sa famille pour la première fois depuis plus d’une décennie. Sa réapparition publique et la diffusion de ses anciens messages ont déclenché la controverse actuelle.