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Des commerçants et des négociants iraniens ont manifesté à Téhéran en début de semaine, dénonçant l’hyperinflation et le coût de la vie. Le mouvement, lancé dimanche 28 décembre, s’est étendu lundi et l’État a annoncé envisager des mesures pour répondre aux « revendications légitimes » des manifestants, selon les médias d’État.
Manifestations de commerçants à Téhéran
Le mouvement a commencé dans le plus grand marché pour téléphones portables de la capitale et a pris de l’ampleur lundi, après une nouvelle dépréciation de la monnaie. De nombreux commerçants ont fermé boutique et protesté dans le centre de Téhéran, et l’action s’est poursuivie le lendemain en signalant la dégradation de la situation économique.
Selon l’agence Irna, plusieurs marchands ont suspendu leurs transactions pour éviter des pertes et les manifestants ont scandé des slogans. Des images diffusées par l’agence Fars montraient une foule dans une artère majeure du centre-ville. Des affrontements physiques mineurs ont été signalés entre certains manifestants et les forces de l’ordre, et les autorités ont mis en garde contre le risque d’instrumentalisation du mouvement.
Le mouvement semblait s’essouffler lundi soir, les images de la télévision d’État montrant des rues relativement désertes.
« Des revendications légitimes », reconnaît le président
Le président Massoud Pezeshkian a déclaré avoir demandé au ministère de l’Intérieur d’écouter les revendications des manifestants et d’engager un dialogue avec leurs représentants afin que le gouvernement puisse agir de toutes ses forces pour résoudre les problèmes et agir de manière responsable.
Sur X, il a ajouté que le bien-être de la population était sa préoccupation quotidienne et que des mesures fondamentales seraient envisagées pour réformer le système monétaire et bancaire et préserver le pouvoir d’achat.
Le gouvernement a par ailleurs annoncé le remplacement du gouverneur de la Banque centrale par Abdolnasser Hemmati, ancien ministre de l’Économie et des Finances, qui doit prendre ses fonctions prochainement après une révocation par le Parlement en mars, en raison de la forte dépréciation de la monnaie.
Une inflation significative
La dégradation de la situation économique est amplifiée par la dépréciation rapide de la monnaie et par les sanctions occidentales. Le rial a atteint des niveaux historiquement bas sur les marchés parallèles par rapport au dollar et à l’euro, alimentant l’inflation et une forte volatilité des prix. Cette dépréciation chronique empêche les ventes de certains biens importés et pousse vendeurs et acheteurs à reporter les transactions en attendant une meilleure visibilité.
Les chiffres officiels indiquent une inflation moyenne d’environ 52% sur un an au mois de décembre, bien que les hausses sur les produits de première nécessité soient souvent supérieures à ce chiffre. L’économie iranienne, déjà fragilisée par des décennies de sanctions et par la remise en vigueur des mesures liées au programme nucléaire, endure une pression soutenue.
Tensions internationales
Les manifestations interviennent dans un contexte international tendu. Lors d’une rencontre entre Benyamin Netanyahou et Donald Trump en Floride, le président israélien a souligné le danger posé par l’Iran et son programme balistique, affirmant que cela concerne non seulement le Moyen-Orient mais aussi les États-Unis, selon la porte-parole du gouvernement.
Des analystes estiment qu’il s’agit d’une tentative d’établir un nouveau prétexte pour agir contre l’Iran après l’argument du nucléaire. L’ancien président américain a évoqué que l’Iran pourrait chercher à se réarmer tout en restant intéressé par un accord avec Washington sur ses programmes nucléaires et balistiques. Un conseiller du guide suprême iranien a par ailleurs déclaré que toute agression serait immédiatement suivie d’une réponse sévère, peu après les menaces de l’ancien dirigeant américain d’éliminer rapidement tout réarmement iranien.