Accueil ActualitéCrise en Occitanie : les agriculteurs gagnent deux fois moins que la moyenne nationale

Crise en Occitanie : les agriculteurs gagnent deux fois moins que la moyenne nationale

par Lea
France

Les agriculteurs d’Occitanie manifestent un profond mécontentement, et leur mouvement s’impose comme l’un des plus virulents du pays. En moyenne, les revenus avant impôt des exploitants de la région s’établissent à 19 542 € par an, soit à peine le niveau du Smic pour un salarié. Explications sur les facteurs qui expliquent ce décalage avec la moyenne nationale.

Le constat est clair : le revenu demeure le principal motif de grogne pour nombre d’agriculteurs. Le mouvement, mis en pause pendant les fêtes, se nourrit d’un ensemble de difficultés économiques et de questions politiques. Cela dit, l’analyse montre une paupérisation plus marquée en Occitanie.

Des surfaces cultivées plus petites

Contrairement à d’autres régions, les exploitations occitanes travaillent des surfaces plus réduites : environ 49 hectares en moyenne, contre 65 hectares à l’échelle nationale. Cette configuration n’empêche pas la région de détenir environ 33 % de la superficie viticole nationale.

Des aléas climatiques plus lourds

Le pourtour méditerranéen demeure le secteur le plus impacté par les dérèglements climatiques ces cinq dernières années. Pluies diluviennes, épisodes de chaleur et gelées perturbent les rendements et renforcent l’incertitude. Selon Benjamin Devaux, Cerfrance Midi Méditerranée, les phénomènes climatiques proches créent des problématiques communes et fragilisent les revenus. En parallèle, les cours ne suivent pas nécessairement l’inflation ; par exemple, le prix de l’hectolitre de vin est resté largement stable depuis des décennies, ce qui dégrade les marges lorsque les coûts s’envolent. Certaines matières premières ont connu des hausses de 15 à 20 %, rendant plus difficile la répercussion de ces coûts dans les prix de vente.

Le bio, qui avait connu un essor pendant la pandémie, a aussi été touché par l’inflation, mais il semble repartir en 2025.

Des disparités liées à l’accès à l’eau

Dans le contexte de sécheresse, l’accès à l’eau devient déterminant pour les revenus. Les exploitants dotés d’un accès sûr se portent mieux, tandis que ceux sans accès voient leurs rendements chuter. Dans les PO, on observe que des parcelles qui produisaient autrefois 35 hL/ha ne dépassent plus 15 hL/ha dans certaines zones, et les Pyrénées-Orientales et l’Aude sont particulièrement touchées.

Cerfrance encourage une diversification des activités pour limiter les effets du réchauffement. Dans les Pyrénées-Orientales, l’arboriculture et le maraîchage sont importants ; dans le Gard, des compléments autour des asperges et de la vigne existent ; l’Aude et l’Hérault restent très viticoles et tournés vers la monoculture. Certains exploitants sinistrés réorientent leurs investissements vers les vignes, ce qui montre les dynamiques de reconversion, et les mentalités tardent à changer.

L’inquiétante dynamique des reprises et des départs

Sur la décennie, environ 68 exploitants s’installent dans la région pour 100 qui arrêtent, et près de 40 % des exploitants prévoient de prendre leur retraite d’ici 2030 en Occitanie, un taux supérieur à la moyenne nationale.

Sans solution pour sécuriser les productions, il devient difficile de trouver des repreneurs pour certaines terres. Les assurances, qui s’appuient sur des moyennes de rendements, ne couvrent pas complètement les pertes lorsque le potentiel réel a été durement affecté.

Un seuil d’alerte qui se propage

Selon Cerfrance et la Chambre régionale d’agriculture, les trésoreries des exploitations se dégradent. En 2023, 40 % des viticulteurs atteignaient des seuils d’alerte financière, et 12 % pour l’ensemble des exploitations, soit une hausse par rapport à 2022.

Des témoignages illustrent la pression : des salariés licenciés, des exploitants contraints d’annoncer à leurs proches qu’ils ne peuvent plus les rémunérer. Le risque que des filières entières se fragilisent s’accroît lorsque les financements et les investissements deviennent difficiles.

Agriculteurs près d’un péage pendant une action
Des agriculteurs lors d’un blocage et de contrôles routiers, au cœur des mobilisations.
Rassemblement d’agriculteurs
Une manifestation qui se poursuit dans les régions et mobilisations locales.
Blocage lié à l’accord commercial et aux tensions
Le contexte des tensions autour d’un accord commercial et de mesures sanitaires.

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