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Le décès de Khaleda Zia, première femme à avoir occupé le poste de Première ministre au Bangladesh, a été annoncé mardi par le parti qu’elle dirigeait. La dirigeante est morte à l’âge de 80 ans à l’hôpital Evercare de Dacca, après une longue maladie, a indiqué le Bangladesh Nationalist Party (BNP).
Le parti a précisé qu’elle est décédée à 6 heures, heure locale. Le BNP a appelé la population à prier pour le repos de son âme et a exprimé sa profonde douleur face à la perte de sa «leader nationale bien-aimée».
Deuil national et funérailles
Le gouvernement a décrété trois jours de deuil national. Les funérailles doivent se dérouler mercredi, avec une prière funéraire prévue devant le Parlement après la prière de midi, avant l’inhumation aux côtés de son époux, l’ancien président Ziaur Rahman, assassiné en 1981.
Des milliers de personnes se sont rassemblées aux abords de l’hôpital pour rendre hommage. Les autorités ont appelé au calme et à la discipline durant les cérémonies officielles.
État de santé et hospitalisation
Khaleda Zia avait été admise à l’hôpital le 23 novembre avec des symptômes d’infection pulmonaire. Les médecins avaient diagnostiqué une cirrhose avancée du foie, de l’arthrite, un diabète ainsi que des problèmes cardiaques et respiratoires.
- Admission : 23 novembre, symptômes d’infection pulmonaire
- Affections signalées : cirrhose du foie, arthrite, diabète, troubles cardio-respiratoires
Réactions politiques et internationales
Le dirigeant intérimaire Muhammad Yunus a exprimé sa «profonde tristesse» et a salué Khaleda Zia comme un symbole du mouvement démocratique au Bangladesh, appelant la population à observer le deuil avec retenue. Il a qualifié la disparition de «perte pour la nation».
Des chefs d’État étrangers ont également présenté leurs condoléances. Le Premier ministre indien et le Premier ministre pakistanais ont souligné l’importance de son rôle dans les relations bilatérales et ont rendu hommage à son engagement politique.
Parcours politique d’une figure majeure
Née le 15 août 1946 à Dinajpur, dans l’actuelle région nord du Bangladesh, Khaleda Zia a épousé Rahman vers 1960. Son mari, Ziaur Rahman, est devenu une figure majeure après la guerre d’indépendance de 1971, puis président et fondateur du BNP en 1978.
Sa carrière politique s’est accélérée après l’assassinat de son mari en 1981. Héritière de la direction du BNP, elle s’est imposée comme une opposante résolue au régime militaire d’Hussain Muhammad Ershad et a participé à l’alliance qui a conduit à la chute de ce dernier en 1990.
Aux élections de 1991, elle a remporté une victoire surprise et est devenue, après Benazir Bhutto, la seconde femme à diriger un gouvernement démocratique dans un pays à majorité musulmane. Elle a promu le passage d’un régime présidentiel à un régime parlementaire, assoupli les restrictions sur les investissements étrangers et rendu l’enseignement primaire gratuit et obligatoire.
Rivalité avec Sheikh Hasina et héritage politique
La trajectoire de Khaleda Zia s’est longtemps confondue avec celle de son adversaire Sheikh Hasina. Surnommées les «battling begums», les deux femmes ont dominé la vie politique bangladaise pendant plus de trois décennies, souvent au prix d’une polarisation intense.
Leur rivalité a provoqué des crises récurrentes, dont l’état d’urgence de 2007 soutenu par l’armée, période durant laquelle les deux dirigeantes ont été détenues. Hasina a ensuite dirigé le pays de 2008 jusqu’à son renversement en 2024; elle se trouve aujourd’hui en exil et a été condamnée par contumace dans des affaires liées à la répression des manifestations étudiantes.
Procès, santé et derniers mois
En 2018, Khaleda Zia et son entourage avaient été condamnés pour détournement de fonds destinés à une fondation caritative, accusations qu’elle a toujours qualifiées de manœuvre politique visant à l’écarter de la vie publique. Elle a fait de la prison, puis a été placée en résidence surveillée en mars 2020 pour des raisons humanitaires en raison de la dégradation de son état de santé.
Après la chute de Sheikh Hasina, Khaleda a été libérée. La Cour suprême du Bangladesh a acquitté cette année Khaleda et son fils Tarique Rahman des charges retenues contre eux. Tarique, de retour après 17 ans d’exil, doit diriger le BNP pour l’élection générale prévue le 12 février et est pressenti comme candidat au poste de Premier ministre si son parti remporte la majorité.
Malgré ses problèmes de santé et les années de privation de liberté, Khaleda Zia avait déclaré en novembre son intention de participer à la campagne électorale pour le scrutin de février.
Un bilan contrasté
Le décès Khaleda Zia marque la fin d’un chapitre déterminant de la vie politique bangladaise. Pour ses partisans, elle restera la défenseure d’un ordre politique et social auquel ils sont profondément attachés. Pour ses détracteurs, son héritage demeure entaché par des pratiques politiques polarisantes et des allégations de corruption.
Quoi qu’il en soit, sa disparition bouleverse un paysage politique déjà secoué par des bouleversements récents et ouvre une nouvelle phase d’incertitude avant les élections nationales à venir.