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L’Arabie Saoudite a prévenu que sa sécurité nationale constituait une « ligne rouge » après une frappe de la coalition menée par Riyad visant des véhicules et du matériel débarqués au port de Mukalla, dans le sud du Yémen. L’opération, qualifiée de « limitée » par la coalition, intervient au lendemain d’accusations selon lesquelles un État étranger aurait fourni ces armes aux séparatistes du Conseil de transition du Sud (STC).
La frappe et ses motifs
La coalition a indiqué avoir ciblé des cargaisons et des véhicules de combat déchargés au port de Mukalla, précisant que deux navires étaient entrés dans le port sans autorisation, avaient désactivé leurs systèmes de suivi et avaient déchargé d’importantes quantités d’armements. Selon l’agence officielle saoudienne, l’opération visait à neutraliser la menace représentée par ces livraisons.
Des sources renseignées ont indiqué que la frappe visait spécifiquement le quai où le matériel avait été débarqué. La coalition assure qu’il n’y a eu ni victimes ni dégâts collatéraux et que l’action a été conduite en conformité avec le droit humanitaire international.
Mesures annoncées par le conseil présidentiel yéménite
Après la frappe, le chef du conseil présidentiel yéménite soutenu par l’Arabie Saoudite, Rashad al-Alimi, a pris des décisions drastiques et a demandé le départ des forces émiraties du territoire yéménite sous 24 heures. Il a présenté ces mesures comme nécessaires à la souveraineté nationale.
- Demande de retrait des forces des Émirats arabes unis dans les 24 heures;
- Annulation de l’accord de défense conjoint avec les Émirats;
- Imposition d’un blocus aérien, terrestre et maritime pour 72 heures;
- Déclaration de l’état d’urgence pour 90 jours.
Réactions régionales et diplomatiques
Le ministère saoudien des Affaires étrangères a exprimé l’espoir que les Émirats prendront les mesures nécessaires pour préserver les relations bilatérales entre les pays du Golfe, alors que les accusations de soutien militaire au STC se multiplient. Le porte-parole de la coalition, Turki al-Malki, a détaillé l’entrée des deux navires et le déchargement des armes qui ont motivé la contre-action.
Du côté des responsables saoudiens, le ministre de la Défense, Khalid bin Salman Al Saud, a appelé sur le réseau X les forces du STC à restituer pacifiquement deux gouvernorats récemment occupés. Par ailleurs, des voix américaines ont appelé à la retenue et à la poursuite de la diplomatie pour éviter une escalade davantage dangereuse.
Un Yémen profondément divisé
Le STC, initialement membre de la coalition dirigée par Riyad lors de l’intervention contre les Houthis en 2015, a évolué vers des revendications d’autonomie pour le sud du Yémen. Depuis 2022, il contrôle des territoires méridionaux dans le cadre d’un arrangement de partage du pouvoir soutenu par l’Arabie Saoudite.
Cependant, ces dernières semaines, le STC a lancé une offensive qui lui a permis de s’emparer de larges pans de territoire, chassant des forces gouvernementales et leurs alliés. Ces évolutions ont ravivé les tensions entre acteurs régionaux et augmenté le risque d’une confrontation plus large.
La frappe Mukalla Yémen marque une nouvelle étape dans une crise qui combine rivalités locales et rivalités régionales. Au-delà des opérations militaires, la situation reste fragile et appelle, selon plusieurs acteurs, à des efforts soutenus de désescalade et de négociation.