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Le président somalien Hassan Sheikh Mohamud a qualifié d’« étrange et inattendue » la reconnaissance par Israël de Somaliland, avertissant que ce geste pourrait avoir des répercussions pour la Somalie, les Palestiniens et la stabilité régionale.
Un geste surprenant selon Mogadiscio
Lors d’une interview exclusive depuis Istanbul, le chef de l’État somalien a rappelé que Somaliland revendique sa sécession depuis plus de trois décennies sans qu’aucun État n’ait jusque-là reconnu son indépendance. Ainsi, la décision d’Israël — la première reconnaissance formelle d’un État tiers — est apparue, selon lui, « totalement inattendue ».
Pour Mohamud, cette reconnaissance d’Israël de Somaliland survient « de nulle part » et complique les efforts somaliens visant à réunifier le pays par des moyens pacifiques.
Allégations sur des conditions et une présence israéliennes
Le président somalien a affirmé, en s’appuyant sur des informations des services de renseignement, que Somaliland aurait accepté trois conditions posées par Israël en échange de cette reconnaissance : la réinstallation de Palestiniens, l’implantation d’une base militaire israélienne sur la côte du golfe d’Aden, et l’adhésion aux Accords d’Abraham.
De plus, selon ces mêmes renseignements, Israël disposerait déjà d’une présence dans la région et la reconnaissance officielle serait, en réalité, la normalisation d’activités antérieures menées de manière discrète.
Risque de déplacement des Palestiniens et tensions humanitaires
Hassan Sheikh Mohamud a mis en garde contre un risque de déplacements forcés de Palestiniens vers la Corne de l’Afrique, estimant que la présence israélienne dans la région n’a pas de but pacifique. Il a rappelé que des propositions internationales affirment que personne ne doit être contraint de quitter Gaza, mais a souligné que des recherches d’options de relocalisation auraient néanmoins été explorées.
Par ailleurs, des transferts de personnes vers d’autres pays ont suscité des controverses internationales, et plusieurs voix dénoncent des pratiques incompatibles avec les obligations humanitaires et le droit international.
Enjeux géostratégiques dans la région
Le président somalien a également souligné l’intérêt stratégique pour Israël de contrôler des voies maritimes cruciales, citant en particulier la mer Rouge, le Golfe et le golfe d’Aden. Une telle présence permettrait, selon lui, d’influencer des routes commerciales et des axes maritimes d’importance économique.
Ces considérations renforcent les inquiétudes de Mogadiscio quant aux finalités réelles de la reconnaissance d’Israël de Somaliland.
Réactions internationales et contexte
La reconnaissance par Israël a suscité une condamnation rapide lors d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations unies. La plupart des membres du conseil ont critiqué la décision, tandis que les États-Unis ont été l’un des rares à la défendre, en précisant toutefois que leur position sur Somaliland restait inchangée.
Par ailleurs, lors d’une conférence de presse conjointe en Turquie, Hassan Sheikh Mohamud et le président turc ont averti que cette décision pourrait déstabiliser davantage la Corne de l’Afrique.
Un territoire au statut contesté
Somaliland, qui a proclamé son indépendance de facto en 1991, n’avait jamais obtenu de reconnaissance officielle d’aucun État de l’ONU jusqu’à cette décision d’Israël. Ce changement de position modifie donc un équilibre diplomatique établi depuis plus de trente ans et soulève de nombreuses questions juridiques et politiques.
Dans ce contexte mouvant, la Somalie appelle à la vigilance et à la recherche de solutions politiques garantissant l’intégrité territoriale et la protection des populations.