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En 1942, Jan Karski fut, selon ses propres termes, « le témoin oculaire de la politique allemande de l’extermination des juifs d’Europe ». Malgré les risques extrêmes, il réussit à quitter l’Europe occupée pour alerter le monde libre, allant jusqu’à rencontrer le président Roosevelt. Pourtant, son appel resta sans réponse.
Un témoignage bouleversant face à l’horreur nazie
Nous sommes à Washington en 1978. Jan Karski, un homme d’une soixantaine d’années, est assis devant la caméra, droit et digne dans son costume gris. Ancien diplomate polonais, il s’apprête à répondre aux questions de Claude Lanzmann, venu l’interviewer pour son film Shoah, dédié à l’extermination des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.
L’homme commence à parler, mais soudain s’interrompt. Jan Karski n’est pas du genre à exposer ses émotions, mais l’intensité de ses souvenirs le submerge. Il se lève brusquement et quitte la pièce. Malgré ce moment d’émotion, il revient pour témoigner une fois encore de ce qu’il a vu en 1942, un témoignage que peu ont cru ou voulu entendre à l’époque.
Son courage fut immense : au péril de sa vie, il réussit à s’échapper de l’Europe occupée pour alerter les alliés sur la politique allemande d’extermination des Juifs, un génocide en train de se dérouler sous leurs yeux.
Un rendez-vous manqué avec l’histoire
Jan Karski parvint à transmettre son rapport jusqu’au président Franklin D. Roosevelt, l’homme le plus puissant de la planète à cette époque. Malgré la gravité de ses révélations, l’appel à l’aide resta sans suite. Indifférence, incrédulité ou impuissance : rien ne fut entrepris pour stopper la machine de mort nazie.
Ce refus de reconnaître la réalité ou d’agir face au génocide contribue à faire de ce témoignage une page tragique de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale.
Un éclairage historique et artistique
Annette Becker, historienne et professeure émérite à l’université Paris-Ouest Nanterre, est l’une des voix spécialistes de cette période. Elle a notamment publié Messagers du désastre. Raphael Lemkin, Jan Karski et les génocides chez Fayard, explorant le rôle des témoins face aux atrocités du XXe siècle.
Par ailleurs, la fiction radiophonique 1942, Jan Karski, témoin de l’innommable, écrite par Christine Spianti, donne vie à ce récit poignant grâce aux voix d’acteurs tels que Zacharie Lorent dans le rôle de Jan Karski et Stephen Shagov incarnant le président Roosevelt.
Distribution et réalisation
- Zacharie Lorent : Jan Karski
- Daniel Kenigsberg : Léon Feiner
- Gabriel Dufay : Menachem Kirszenbaum
- Julian Eggerickx : le gardien ukrainien
- Olivier Broche : le général Sikorski
- Philippe Beautier : Samuel Zygielbojm
- Stephen Shagov : le président Roosevelt
L’équipe technique est composée d’Élodie Fiat aux bruitages, Valérie Lavallard, Julien Doumenc et Bastien Varigault pour la prise de son, le montage et le mixage, Laure-Hélène Planchet en assistante à la réalisation, et Christophe Hocké à la réalisation.
Pour approfondir
Parmi les ouvrages essentiels pour comprendre le témoignage de Jan Karski, on trouve notamment :
- Mon témoignage devant le monde. Souvenirs 1939-1943, écrit par Jan Karski lui-même, publié chez Le Seuil dans la collection Points.
- La solution finale de la question juive de Florant Brayard, publié chez Fayard/Pluriel.
- L’ouvrage collectif Penser les génocides. Itinéraires de recherche, disponible aux éditions CNRS.
Une mémoire sonore et musicale
La pièce radiophonique est accompagnée par la musique de Laura Cahen, dont la composition La maison apporte une atmosphère poignante à ce récit.