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7119 colons israéliens ont pénétré la Mosquée Al-Aqsa sur une période de cinq jours à l’occasion de la fête juive de Soukot, selon les statistiques de la direction des Waqfs islamiques à Jérusalem. Cette vague d’intrusions marque une augmentation par rapport aux années précédentes et ravive les tensions autour du statut et de la pratique religieuse sur le site sacré.
Les incidents se sont déroulés au fil des jours de fête, avec des périodes d’interruption correspondant au vendredi et samedi, puis une reprise des incursions. Les autorités religieuses palestiniennes dénoncent un changement de fait du caractère du lieu et une intensification des atteintes à sa sacralité.
Chiffres et comparaison avec les années précédentes
Les 7119 personnes recensées pour Soukot 2025 constituent une hausse notable par rapport aux années antérieures. L’an dernier, 5980 extrémistes avaient pénétré le site durant la même fête, et 5729 en 2023.
La direction des Waqfs islamiques a publié ces chiffres pour documenter l’ampleur des incursions et alerter sur la fréquence croissante de ces pratiques durant les fêtes juives.
- Durée des incursions : cinq jours avec deux jours d’interruption.
- Pic d’affluence lors du sixième jour : plus de 2 200 colons en une seule journée.
- Répétition des rituels et des passages dans les cours du Haram al-Sharif.
Rituels pratiqués et atteintes signalées
Les réseaux et pages affiliés aux mouvements extrémistes pro-« Temple » ont relayé des images et des comptes rendus de multiples rituels effectués à l’intérieur et autour de la Mosquée Al-Aqsa.
Ces pratiques sont perçues par les autorités religieuses musulmanes comme des tentatives de normaliser l’usage juif du site et d’y accomplir des liturgies non musulmanes.
- Présentation répétée des « quatre espèces » végétales (etrog, saule, palmier, myrte) et défilés avec ces objets autour des portes de la mosquée.
- Performances publiques de prières du matin et du soir, lectures de la Torah et bénédictions sacerdotales à plusieurs endroits autour du sanctuaire.
- Montée sur les escaliers menant à la terrasse occidentale, chants et applaudissements collectifs.
- Organisation de danses et de rassemblements musicaux notamment près du musalla qibli en face de la porte des Maghrébins.
- Entrées pieds nus de nombreux colons, revendiquant la sainteté juive du lieu.
- Rite collectif de prosternation totale pratiqué en groupe, interprété comme un acte de soumission religieuse extrême.
Personnalités impliquées et déclarations publiques
Plusieurs responsables politiques israéliens et députés d’extrême droite ont pris part aux incursions, en accompagnant les colons et en prononçant des déclarations publiques sur le site.
- Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, a déclaré s’être rendu pour « prier pour la victoire dans la guerre et la libération des captifs ». Il a affirmé que l’année qui a suivi les événements d’octobre avait confirmé leur « retour » sur le site.
- Le ministre du Patrimoine, Amihai Eliyahu, et le député Itzhak Kroizer (tous affiliés au parti de l’extrême droite) ont également participé aux intrusions.
- Les députés Tzvi Sukkot et Amichai Haliva ont dirigé des groupes et participé à la présentation des offrandes végétales, Haliva indiquant qu’il était monté pour « prier pour une victoire décisive ».
Effets sur les fidèles et les gardiens
Pendant les périodes d’intrusion, la majorité des fidèles ont été empêchés d’accéder aux espaces du Haram al-Sharif. Les itinéraires et certaines cours ont été vidés des fidèles qui avaient réussi à entrer.
Les gardiens de la mosquée se sont vu ordonner de rester à leurs postes fermés et se sont trouvés empêchés d’accéder aux cours orientales, y compris à la zone abritant la mosquée de la Porte de la Miséricorde, pendant toute la durée des incursions.
- Accès restreint aux terrasses sud en face du musalla qibli et aux cours est, ouest et nord.
- Évacuation des fidèles présents dans les zones d’intrusion pour dégager le passage aux colons.
- Impossibilité des responsables religieux musulmans d’intervenir librement pour encadrer les lieux.
Appel d’urgence et perspectives
À la clôture de Soukot, le Conseil des Waqfs et des Affaires des Lieux Saints de Jérusalem a lancé un appel d’urgence au roi Abdallah II de Jordanie, sollicitant une intervention diplomatique auprès des dirigeants du monde musulman et de la communauté internationale.
Le texte de l’appel affirme que les autorités israéliennes et des groupes extrémistes ont mené « la plus grave atteinte au statu quo religieux et juridique » de la Mosquée Al-Aqsa en 2025, en multipliant les intrusions et en menant des rituels destinés, selon eux, à changer la nature du lieu.
Les autorités religieuses signalent notamment la tenue de rites non islamiques, des cris, des danses, la montée de drapeaux et la présentation d’offrandes animales et végétales dans les cours du Haram.
La Mosquée Al-Aqsa est déjà attendue par de nouvelles vagues d’intrusions à l’occasion de la fête qui clôt traditionnellement la saison des fêtes juives, la Sim’hat Torah, qui cette année coïncide avec la commémoration, selon le calendrier hébraïque, du 7 octobre.