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Depuis sa création en 1989, le Centre d’études féminines à Jérusalem œuvre pour consolider les droits des femmes et renforcer leur capacité à définir leurs besoins et à lutter pour eux.
Par le biais de projets et de programmes variés, le centre a comblé une partie du vide dans le mouvement féministe palestinien en produisant des études de terrain, en proposant des programmes de renforcement et en facilitant l’accès des femmes aux ressources.
Pour mieux comprendre la réalité des femmes à Jérusalem et les principaux défis qu’elles affrontent, Al Jazeera a interrogé Aïda Al-Issawi, directrice du Centre d’études féminines à Jérusalem.
Le Centre d’études féminines : mission et actions
Le Centre se définit comme une organisation féministe et des droits humains, promouvant un discours progressiste fondé sur la justice sociale et les normes internationales des droits de l’homme.
Malgré les nombreux obstacles, le centre maintient son travail avec les femmes de Jérusalem et les enfants, convaincu de son rôle complémentaire aux autres institutions locales.
Ses activités visent à :
- Répertorier les besoins des femmes par des études de terrain.
- Mettre en place des programmes d’empowerment pour l’accès aux ressources.
- Offrir un soutien psychologique et social aux personnes affectées par les politiques d’occupation.
Spécificités du travail féministe à Jérusalem
Le travail féministe à Jérusalem ressemble à celui des autres régions, mais il se distingue par une capacité de résilience face aux pressions particulières liées à l’occupation.
Le centre considère essentiel d’éduquer et de protéger les femmes de Jérusalem pour qu’elles ne soient pas entraînées par les dispositifs juridiques et sociaux imposés par l’occupant.
Ce travail implique une coopération étroite avec les femmes pour contrer les services factices proposés par des institutions visant à diviser la société jérusalémitaine.
Principaux défis sociaux, économiques et juridiques
Les femmes à Jérusalem affrontent plusieurs défis qui réduisent leurs marges de manœuvre et compliquent leur quotidien.
- Logement et sécurité : démolitions de maisons, difficultés d’obtention de permis de construire et sentiment d’insécurité, parfois même à l’intérieur du domicile.
- Liberté de circulation : obstacles créés par des points de contrôle et des fermetures répétées qui entravent les déplacements.
- Statut administratif : coût et complexité pour obtenir le droit de résidence en ville.
- Pressions sociales et familiales : utilisation des textes légaux pour fragmenter les familles et accroître les tensions internes liées aux conditions de vie.
- Contrainte économique : les femmes, souvent gestionnaires du foyer, subissent la hausse du coût de la vie et la crise du logement.
Évolution récente sous l’effet des mesures d’occupation
Ces dernières années, la situation à Jérusalem s’est durcie, avec un renforcement du contrôle et des mesures punitives collectives.
Sur le terrain, cela se traduit par davantage de barrages et de fermetures, des amendes ciblées contre les résidents, et des sanctions infligées à des familles entières pour les actes d’un seul membre.
Ce contexte rend la vie quotidienne plus précaire et accroît la vulnérabilité des femmes.
Impact de la récente guerre sur la vie quotidienne des femmes
La guerre a touché tous les aspects de la vie : elle a renforcé le sentiment d’insécurité et rendu les sorties et les déplacements plus inquiétants.
Les pratiques oppressives de l’occupation, comme les perquisitions répétées et le ciblage des familles de martyrs et de détenus, affectent profondément la dignité et le bien-être des femmes.
De nombreuses mères et épouses sont interdites ou empêchées de rendre visite à leurs proches détenus, ce qui ajoute une douleur supplémentaire.
Réponse du centre et programmes prioritaires
Face à ces pressions, le Centre d’études féminines met l’accent sur le soutien psychologique et l’accompagnement des personnes affectées par les politiques d’occupation.
Les principaux programmes incluent :
- Assistance individuelle aux mères et épouses de martyrs, détenus et détenues.
- Soutien aux victimes de démolition de logements et aux enfants soumis à une assignation à résidence.
- Programmes de sensibilisation pour promouvoir les droits des femmes et prévenir les violences.
- Campagnes contre le mariage des enfants.
- Programme « Aman » de prévention du harcèlement sexuel et du chantage en ligne.
- Initiatives d’autonomisation économique et de formation professionnelle.
Histoires de réussite
Le centre rapporte plusieurs parcours positifs : des femmes ont lancé leur propre activité génératrice de revenus après une formation professionnelle.
Certaines étudiantes universitaires, après avoir bénéficié d’un soutien financier et formatif, parviennent à payer leurs frais de scolarité et à poursuivre leurs études.
D’autres initiatives incluent des projets d’éducation pour enfants dénonçant et sensibilisant contre le mariage précoce.
Appels aux institutions et à la société civile
Le centre appelle les institutions officielles à privilégier Jérusalem dans leurs actions et à cesser de marginaliser la ville.
Du côté de la société civile, il insiste sur la nécessité d’une plus grande unité, de partenariats renforcés et d’efforts collectifs pour soutenir la résilience des femmes.
L’amélioration des conditions des femmes ne peut se faire isolément : elles font intrinsèquement partie du tissu social.
Message aux femmes à Jérusalem
« Par la connaissance, nous protégeons nos droits ; par l’amour et la foi, nous poursuivons notre chemin. » Ainsi se résume l’encouragement lancé par la directrice du centre aux femmes de Jérusalem.
La directrice rappelle que la résistance et l’unité restent les piliers de la présence et de l’existence de la communauté.