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Le film du réalisateur coréen Hur Jin-ho, « A Normal Family », se présente comme un thriller glaçant qui interroge les valeurs familiales et les dilemmes moraux. L’histoire débute dans un cadre apparemment banal, celui d’un dîner entre deux frères aux vies opposées, mais un crime tragique va rapidement bouleverser leur existence.
Des relations conflictuelles
Les deux frères, Jae-wan et Jan-gyu, symbolisent une dualité frappante. Jae-wan, un avocat cynique, privilégie le profit et la réussite matérielle, tandis que Jan-gyu, un chirurgien réputé, incarne l’humanité et l’empathie. Le premier, veuf, roule en Bentley et vient d’avoir un enfant, alors que le second s’occupe de leur mère atteinte de la maladie d’Alzheimer, soulevant des questions sur les soins appropriés.
Chaque mois, ils se retrouvent avec leurs épouses dans un restaurant huppé. Les dîners, bien que raffinés, se transforment en véritables champs de bataille verbaux où les tensions et désaccords s’exacerbent, donnant lieu à des altercations physiques. Cette dynamique rappelle les œuvres de Yasmina Reza, mais teintée d’une sensibilité coréenne.
Un drame qui éclate
Le film prend un tournant dramatique avec une scène marquante : une altercation à un feu rouge à Séoul entre un père de famille et un chauffard en Maserati. Après qu’un accident tragique entraîne la mort du père et que sa fille se retrouve entre la vie et la mort, la situation devient encore plus complexe. Le cadet, Jan-gyu, est chargé de soigner la fille blessée, tandis que Jae-wan défend l’assassin, créant un conflit d’intérêts déchirant.
La tension monte lorsque leurs enfants, un garçon harcelé et sa cousine, se livrent à un acte violent sur un SDF. Aucun remords ne semble les habiter, illustrant la déshumanisation croissante de la jeunesse. Malheureusement pour eux, cet acte a été filmé par une caméra de surveillance, plongeant les deux frères dans une spirale de dilemmes moraux.
Une réflexion sur la moralité
« A Normal Family » est un film qui glace le sang et incite à la réflexion. Avec une subtile profondeur, il interroge la frontière entre le bien et le mal, remettant en question les notions de responsabilité et d’innocence. Les performances des acteurs, enrichies par la complicité de leurs partenaires féminines, ajoutent une couche de tension dramatique, avec des regards lourds de sens et des masques qui se fissurent en privé.
Hur Jin-ho réussit à adapter un roman néerlandais en le situant dans le contexte coréen, proposant une vue clinique d’une famille tourmentée. L’efficacité de son récit, agrémentée de surprises et d’une fin saisissante, laisse le spectateur sur le qui-vive, interrogeant son amour pour ses enfants : les connaît-on vraiment ?
La note du Figaro : 3/4.