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Après un mois de débat médiatique intense, la congrégation religieuse de Notre-Dame de Bétharram a enfin pris la parole. Dans une interview accordée à l’AFP, le prêtre Laurent Bacho, représentant de l’institution, a reconnu ce mardi 4 mars la « responsabilité » de la congrégation et a annoncé des mesures en réponse aux critiques concernant son « mutisme » face aux plaintes.
Reconnaissance des souffrances
S’exprimant au nom de ses pairs, le prêtre Laurent Bacho a déclaré se sentir « responsable » des « souffrances de ces enfants […] anéantis ». Il a également annoncé la création d’un nouveau fonds d’indemnisation pour les victimes de violences sexuelles commises par des laïcs, élargissant ainsi le champ d’action de la Commission reconnaissance et réparation (CRR) mise en place par l’Église depuis 2021, qui ne couvrait jusqu’à présent que les abus commis par des religieux.
Un soulagement pour les victimes
« C’est déjà un immense soulagement parce que depuis 15 mois, on se bat contre cette congrégation pour lui expliquer que ce qui s’est passé est inqualifiable, intolérable et inacceptable », a réagi son porte-parole Alain Esquerre. Il a souligné que la congrégation a franchi un pas supplémentaire dans la reconnaissance des victimes de violences sexuelles, tout en regrettant que cela arrive avec du retard. Il a déclaré : « Bétharram va faire jurisprudence au niveau national pour toutes les violences physiques et sexuelles commises par des prêtres et des laïcs. »
Commission d’enquête indépendante
Laurent Bacho a également annoncé le lancement d’une commission d’enquête indépendante, visant à identifier « les causes » des « abus massifs » qui ont eu lieu dans ce collège-lycée des Pyrénées-Atlantiques. Cette commission, dont les membres restent à définir, recueillera les témoignages des victimes dans les différents pays où la congrégation possède des établissements et pourra étudier les archives pour éviter un nouvel « aveuglement ».
Fonds d’indemnisation et actions mémorielles
Le nouveau fonds d’indemnisation sera alimenté par « la vente des quelques biens immobiliers » de la congrégation à Lestelle-Bétharram. À ce jour, l’indemnisation de 19 victimes, via la CRR, a atteint 700 000 euros, représentant 60 % de ses finances. « La réparation financière est importante parce qu’elle donne du poids à nos mots », a souligné Laurent Bacho.
La congrégation souhaite également agir sur le plan « mémoriel », avec un projet d’édification d’un monument ou d’une plaque commémorative. Elle participera également à un forum sur les violences sexuelles qui se tiendra le 15 mars à Bayonne, organisé par l’Institut francophone pour la justice et la démocratie (IFJD).
Les plaintes en cours
Plus de 150 plaintes pour violences physiques, agressions sexuelles et viols ont été déposées par d’anciens élèves contre des religieux et personnels laïcs de Notre-Dame-de-Bétharram. Le parquet de Pau a ouvert une information judiciaire il y a dix jours, après une enquête d’un an. Un ancien surveillant né en 1965 a été mis en examen et placé en détention provisoire. La majorité des faits rapportés sont prescrits, remontant jusqu’aux années 1950 et s’étalant sur plusieurs décennies.