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Afrique du Sud innove avec la « diplomatie locale » face aux tensions avec Trump

by Sara
Afrique du Sud, États-Unis

L’Afrique du Sud revoit sa stratégie vis‑à‑vis des États‑Unis en privilégiant une « diplomatie locale » axée sur les États et les grandes villes plutôt que sur la seule capitale fédérale.
Ce choix vise à attirer des investissements et à compenser les tensions récentes avec l’administration de Donald Trump, notamment après l’imposition d’un droit de douane de 30 %.
La démarche met en avant des partenariats concrets au niveau régional et une mobilisation de la diaspora sud‑africaine.

« Diplomatie locale »

Le porte‑parole du ministère des Relations internationales, Crispin Ferry, a déclaré que Pretoria « réajuste et élargit le partenariat Afrique du Sud–États‑Unis par la diplomatie locale ».
L’objectif est de construire des réseaux résilients et tournés vers l’avenir au niveau des États et des municipalités.
Cette approche met l’accent sur des collaborations ciblées entre acteurs publics et privés.

Lors de sa visite en Californie, le ministre Ronald Lamola a rencontré la maire de Los Angeles, Karen Bass, ainsi que l’agence de développement économique de la ville.
Ces rencontres visent à présenter l’Afrique du Sud comme une destination d’investissement attrayante et à renforcer les partenariats dans plusieurs secteurs d’intérêt commun.

  • Énergies renouvelables
  • Technologies et innovation
  • Tourisme durable

La Californie, quatrième économie mondiale, constitue un partenaire stratégique naturel pour promouvoir l’innovation et la durabilité, deux axes centraux de l’agenda sud‑africain.

Renforcer la présence et mobiliser la diaspora

Le ministre Lamola a aussi rencontré des membres influents de la diaspora sud‑africaine à Los Angeles : cadres, universitaires, entrepreneurs et professionnels du cinéma.
Selon Ferry, cette communauté représente « un capital diplomatique et culturel inexploité ».
Le gouvernement souhaite faire de ces Sud‑Africains expatriés des partenaires officiels pour la promotion des investissements et la diplomatie publique.

Lamola a encouragé les membres de la diaspora, qualifiés de « patriotes » dans une vidéo publiée sur X, à soutenir activement la promotion économique et les efforts de rayonnement du pays.

Conteneurs d'expédition au port du Cap, Afrique du Sud

Tensions et dépassement de Donald Trump

Ces initiatives locales interviennent après une série d’accrochages diplomatiques avec Donald Trump.
Le président américain a imposé un droit de douane de 30 % sur certains produits sud‑africains et des projets de loi au Congrès menacent d’imposer des sanctions ciblées contre des dirigeants de l’ANC.
Ces mesures ont détérioré les relations bilatérales et inquiètent des secteurs clés de l’économie sud‑africaine.

Trump a également alimenté la controverse en avançant des allégations — et en promouvant des récits médiatiques — sur une prétendue « élimination » des Blancs en Afrique du Sud, allant jusqu’à proposer des facilités pour l’accueil de réfugiés blancs.
Devant ces attaques, Lamola a souligné que malgré la polémique entourant la visite à la Maison‑Blanche, « tous les Sud‑Africains, noirs et blancs, restent unis au-delà des lignes raciales pour construire leur pays ».

Rencontre entre Donald Trump et Cyril Ramaphosa à la Maison-Blanche

La maire Karen Bass a rappelé l’importance symbolique de l’éradication de l’apartheid pour les Afro‑Américains, en déclarant que la victoire sud‑africaine contre le régime d’apartheid résonne fortement aux États‑Unis et en ajoutant « vous êtes les bienvenus ici ».

Représentation diplomatique et obstacles

L’Afrique du Sud n’a pas encore nommé d’ambassadeur succédant à Ebrahim Rasool, expulsé par l’administration Trump après des propos tenus lors d’un webinaire.
Le représentant spécial du président Cyril Ramaphosa, Mcebisi Jonas, n’a pas obtenu de visa et s’efforce d’exercer ses fonctions depuis l’extérieur des États‑Unis.

Le pays dispose toutefois de représentations consulaires dans plusieurs grandes villes américaines.
À Los Angeles, la chargée d’affaires Venicia Smit a aidé à organiser les rencontres locales et à maintenir le dialogue au niveau municipal.

Ebrahim Rasool, ancien ambassadeur sud-africain aux États-Unis

Image de marque et négociations commerciales

Pendant que Lamola mettait l’accent sur la diplomatie locale, le ministre du Commerce, Parks Tau, menait des discussions à Washington pour faire lever le tarif de 30 %.
Ce droit de douane est le double de celui appliqué à la plupart des pays africains et menace des secteurs sensibles comme l’agriculture et l’industrie automobile.

Le gouvernement a multiplié les initiatives coordonnées à l’occasion de l’Assemblée générale de l’ONU pour restaurer la confiance et affirmer son rôle de principal pôle d’investissement en Afrique, en particulier sur le marché américain.
Brand South Africa a décrit la présence d’une délégation ministérielle dirigée par Ramaphosa à New York comme un effort concerté pour promouvoir la confiance des investisseurs.

  • Organisation d’une table d’investissement par Parks Tau en collaboration avec le consulat sud‑africain à New York.
  • Mise en avant de projets bancables et de réussites du secteur privé lors d’une table d’affaires.
  • Promotion ciblée des secteurs à forte valeur ajoutée pour attirer des capitaux américains.

Ces actions combinent diplomatie locale, mobilisation de la diaspora et négociations bilatérales afin de limiter l’impact économique des tensions politiques et de repositionner l’Afrique du Sud comme une destination d’investissement durable.

source:https://www.aljazeera.net/politics/2025/9/20/%d8%ac%d9%86%d9%88%d8%a8-%d8%a3%d9%81%d8%b1%d9%8a%d9%82%d9%8a%d8%a7-%d8%aa%d8%aa%d8%ac%d8%a7%d9%88%d8%b2-%d8%aa%d8%b1%d8%a7%d9%85%d8%a8-%d8%b9%d8%a8%d8%b1

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