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L’Allemagne a récemment renforcé ses contrôles aux frontières, notamment envers les demandeurs d’asile, une mesure qui suscite de vifs débats en Suisse. Ce durcissement, annoncé un jour après un virage politique majeur dans la gestion de l’asile par le ministre allemand de l’Intérieur Alexander Dobrindt, provoque des réactions contrastées parmi les autorités suisses et soulève des inquiétudes quant aux conséquences sur les déplacements transfrontaliers.
Renforcement des contrôles et nouvelles règles de rejet
Les autorités allemandes ont concrétisé un durcissement des contrôles aux postes-frontières, une première étape visant à restreindre les entrées de demandeurs d’asile. Désormais, toute personne souhaitant déposer une demande d’asile en Allemagne risque une expulsion immédiate, notamment vers la Suisse.
Toutefois, les expulsions massives restent peu probables. D’une part, les effectifs policiers allemands restent inchangés malgré l’intensification des contrôles. D’autre part, les personnes considérées comme vulnérables — telles que les femmes enceintes ou les enfants — sont exemptées de ces mesures, comme l’a précisé Katharina Kessler, porte-parole de la police fédérale allemande à Weil am Rhein.
Selon Kessler, des refus d’entrée ont déjà eu lieu à la frontière suisse, bien que leur nombre exact ne soit pas communiqué. Jusqu’à présent, seuls les ressortissants de pays tiers sans papiers en règle ou sans intention de déposer une demande d’asile étaient systématiquement refoulés.
Appels à une réponse ferme de la Suisse
Le virage allemand interpelle vivement certaines autorités suisses. Mario Fehr, directeur de la sécurité du canton de Zurich, réclame une réaction claire de la part du gouvernement suisse. Selon lui, la Suisse ne doit pas accepter que son voisin ne respecte pas les règles du système de Schengen et du règlement de Dublin.
Pour Mario Fehr, cette évolution marque une « tournant majeur dans la politique européenne d’asile ». Il estime que la Suisse doit revoir fondamentalement sa politique d’asile, dénonçant une forme de déni de réalité à Berne. La politique allemande, qui avait déjà bouleversé la gestion des réfugiés en 2015, semble renouer avec ces changements drastiques.
Des voix suisses appellent à la prudence
En contraste, Dieter Egli, directeur de la sécurité du canton d’Argovie et membre du Parti socialiste, soutient la démarche prudente du Conseil fédéral. Il estime légitime que le gouvernement suisse privilégie le dialogue avec l’Allemagne avant d’envisager d’éventuelles mesures de rétorsion.
Dieter Egli doute de l’efficacité des contrôles frontaliers renforcés pour lutter contre l’immigration irrégulière, précisant que ce phénomène concerne l’ensemble de l’Union européenne. Il appelle à des solutions coordonnées au niveau européen plutôt qu’à des mesures unilatérales.
La décision allemande, prise sans consultation préalable, a semé la confusion chez Beat Jans, ministre suisse de la Justice, qui a dénoncé ces pratiques comme contraires au droit en vigueur. Un échange téléphonique a toutefois eu lieu entre Jans et son homologue allemand Dobrindt pour tenter d’apaiser la situation.
Impact potentiel sur le trafic des pendulaires
Les nouvelles mesures allemandes inquiètent également quant à leurs répercussions sur la circulation quotidienne des travailleurs frontaliers. En Argovie, environ 12 300 personnes traversent chaque jour la frontière allemande pour se rendre au travail, un chiffre similaire aux flux observés dans la région de Bâle.
Les autorités redoutent des ralentissements et embouteillages aux points de passage, conséquence directe des contrôles renforcés. Cette situation pourrait perturber fortement le quotidien des pendulaires et l’économie locale dépendante de cette main-d’œuvre transfrontalière.