Dans le cadre de la 13e journée de Pro D2, l’affrontement US Carcassonne contre le RC Vannes se profile ce vendredi à 19 heures. Mais l’histoire personnelle de Mattéo Desjeux et Ferdinand Dréno dépasse largement l’enjeu compétitif : ils se retrouvent autour d’un repas et célèbrent une amitié longue de plus de 20 ans, tissée depuis la maternelle et marquée par un parcours qui les a finalement réunis sous les couleurs de clubs adversaires.
Pour Desjeux et Dréno, la semaine de repos a été l’occasion de rentrer chez eux dans le Morbihan, de passer du temps avec leur famille et… avec l’un de leurs plus anciens complices. Malgré leurs jeunes âges (23 ans), leur lien remonte à l’enfance, et l’histoire de leur amitié a commencé bien avant leur arrivée en pro.
« Je pense qu’on avait le même tempérament », confie Dréno. « On aime le sport et on s’est naturellement retrouvés dans le rugby. » Desjeux, premier à avoir éprouvé l’attirance pour ce sport en 2007, à cinq ans, raconte : « Je faisais de la natation pour bébés, puis un autre sport est devenu évident. Un club venait de se créer à Muzillac, et j’ai essayé. J’ai ensuite amené Ferdinand. »
« J’habitais à Arzal et le football m’ennuyait. Mattéo me répétait sans cesse : viens essayer le rugby. C’était vers les 10 ans, en CM2. Du coup, j’y suis allé et je n’ai jamais regardé en arrière. »
Le feu et la glace
Les deux compères faisaient partie de la « Dream Team » du club RCP Muzillac, qui remporta le tournoi de Lorient et celui des Trente à Lanester en 2013. Détectés par le RC Vannes en 2014 lors des sélections départementales, leur parcours s’est ensuite déployé sous les projecteurs d’un niveau supérieur. « Nos parents préféraient qu’on reste au collège à Muzillac ; ils nous emmenaient en covoiturage. Puis au lycée, nous avons intégré l’internat », précisent-ils.
Entre Dréno, le feu, et Desjeux, la glace, l’alchimie a tout de suite pris. Le départ de Desjeux vers le centre de formation du Stade Français n’a pas tout bouleversé leur dynamique. « Je suis très terre à terre et j’aime ma région ; je ne me voyais pas partir », explique Desjeux. « Ferdi est plus aventurier. C’est une anecdote légère : on est partis en boîte sans prévenir, à son initiative, alors que j’aurais été plus mesuré. »
Aujourd’hui, les échanges restent fréquents, et chacun suit le chemin de l’autre avec fierté. Desjeux évolue en Pro D2 avec le RC Vannes, tandis que Dréno évolue en Nationale la saison prochaine. « L’année dernière, en revenant de Bayonne, je regardais la finale de Nationale dans le bus ; c’était incroyable », se souvient Dréno.
Ce vendredi, le rendez-vous sera donc chargé d’émotions, puisqu’ils vont se retrouver pour la première fois en tant que joueurs pros adverses. « Il peut être un peu chambrant quand il faut », sourit Dréno. « Ça dépend, si je croise un proche en ruck, je dirai bonjour ; mais je sais aussi qu’il aime taquiner. » Desjeux acquiesce : « Ça dépend de la physionomie du match, mais je ne cherche pas les embrouilles. »
Les deux amis concluent à l’unisson que la rencontre sera marquée par un clin d’œil complice : « Avant les mêlées, on va se faire un petit clin d’œil ; mais ce sera bon enfant. » Après le coup de sifflet, ils envisagent probablement de se retrouver autour d’un verre d’amitié près des remparts de Carcassonne. Ils s’étaient déjà affrontés en espoirs en 2021, lors d’un Stade Français – RC Vannes qui s’était conclu par 24-7.