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Aperçu sur la transformation d’Ahmed al-Joulani en Syrie

by Sara
Aperçu sur la transformation d'Ahmed al-Joulani en Syrie
Syrie

Aperçu sur la transformation d’Ahmed al-Joulani en Syrie

« La guerre est une extension de la politique par d’autres moyens ». Par cette phrase, le théoricien militaire prussien Carl von Clausewitz a posé les bases de la guerre comme un domaine d’exercice de la politique et un outil pour atteindre des objectifs politiques. L’évaluation d’une victoire en guerre dépend donc principalement du degré d’atteinte des fins politiques pour lesquelles la guerre a été menée, et non seulement des victoires opérationnelles sur le champ de bataille.

Depuis le début de l’opération « Répression de l’agression », lancée par les factions de l’opposition syrienne le 27 novembre dernier, celles-ci, sous la direction d’Ahmed al-Joulani, ont réalisé des progrès militaires significatifs en un temps record. Jamais des batailles de la révolution syrienne n’avaient été tranchées si rapidement, passant d’Idlib à Alep, puis à Hama et Homs, comme si elles dévoraient la terre en un clin d’œil.

Peu avant l’aube du douzième jour des opérations militaires, les factions de l’opposition avaient pénétré la résidence de Bachar el-Assad à Damas, après sa fuite à l’étranger avec sa femme et ses enfants, mettant ainsi fin à 53 ans de règne de la famille Assad. Cela a soulevé de nombreuses questions sur la figure d’Ahmed al-Joulani, devenu le principal interlocuteur militaire et politique de l’opposition syrienne. Bien qu’al-Joulani ne soit pas un inconnu sur la scène médiatique ces dernières années, son parcours récent suscite de nombreux débats. Qui est vraiment Ahmed al-Joulani ? Comment ses idées et sa personnalité ont-elles évolué ? Et que pense-t-il de la Syrie à l’ère post-Assad ?

Transformations de la pensée et de l’action

Contrairement à l’image stéréotypée des dirigeants politiques, al-Joulani, âgé de quarante-deux ans, a passé la moitié de sa vie dans des guerres et des conflits intenses. Il possède un bon sens de la communication, comme en témoignent ses rares interviews. Il se présente comme un orateur calme et articulé, ce qui lui a permis de transmettre ses messages efficacement. Cependant, cette image n’est pas récente, mais plutôt le fruit de plus de deux décennies d’expériences.

Al-Joulani, qui a quitté son pays pour rejoindre la résistance irakienne contre l’occupation américaine en 2003, s’est ensuite engagé dans la guerre contre les forces d’Assad en Syrie. Il a fondé le groupe « Jabhat al-Nusra » à la fin de 2011, à la demande de la direction de l’État islamique en Irak, alors affiliée à Al-Qaïda. Toutefois, en 2013, une rupture s’est produite entre Al-Qaïda et l’État islamique, et al-Joulani a choisi de se séparer de l’État islamique pour prêter allégeance à Ayman al-Zawahiri, le chef d’Al-Qaïda.

Dans une interview récente avec CNN, al-Joulani a insisté sur le fait que cette période de sa vie appartient au passé. Il affirme que ses idées actuelles ne ressemblent en rien à celles des groupes auxquels il appartenait autrefois, et qu’il n’a jamais participé à la terreur ou à la violence contre les civils.

Ce tournant a commencé en 2016, lorsqu’il a décidé de se distancier d’Al-Qaïda et de renommer son groupe « Faylaq al-Sham », qui s’est rapidement allié avec plusieurs factions armées pour former « Hayat Tahrir al-Sham » en janvier 2017. Al-Joulani a tenté de montrer que cette séparation n’était pas seulement formelle, mais qu’il cherchait à redéfinir son organisation dans un cadre moins lié à l’image traditionnelle des groupes jihadistes.

Gouvernance d’Idlib

Au cours des dernières années, al-Joulani a cherché à transformer Idlib en un modèle pratique pour sa vision de la gouvernance. En novembre 2017, le gouvernement d’« Entraide syrienne » a été formé, soutenu par Hayat Tahrir al-Sham, ce qui a conduit à des conflits avec le gouvernement syrien temporaire soutenu par l’opposition.

A l’approche de la fin de l’année, le gouvernement d’Entraide a averti le gouvernement temporaire d’évacuer ses bureaux des zones sous contrôle de l’opposition. Hayat Tahrir al-Sham a alors endossé le rôle de supervision de l’administration civile, tout en déléguant des responsabilités telles que la gestion de la police. Al-Joulani a également soutenu des projets de services civils, comme la création d’une zone industrielle, la réhabilitation des routes et des réseaux d’eau, ainsi que l’octroi de prêts agricoles.

Pourtant, le projet d’al-Joulani à Idlib fait face à des défis considérables, exacerbés par son classement sur les listes du terrorisme américain. Malgré cela, al-Joulani a réussi à établir une certaine forme d’administration, mais les obstacles demeurent nombreux.

Répression de l’agression : l’administration politique

Al-Joulani comprend bien les défis auxquels il fait face, ce qui l’a poussé à anticiper et à chercher des solutions. Pendant l’opération « Répression de l’agression », il a adressé des messages politiques apaisants à travers des vidéos et des interviews avec les médias occidentaux, en mettant l’accent sur la nécessité d’un changement de cap concernant la situation en Syrie et le régime de Bachar el-Assad.

En s’éloignant des discours doctrinaux, al-Joulani a critiqué le comportement du régime, soulignant l’ampleur de la corruption et l’inefficacité de la gouvernance syrienne. En même temps, il s’est efforcé de rassurer les différentes composantes de la société syrienne sur leur place dans une éventuelle « Syrie nouvelle », qui ne serait pas marquée par la sectarisation.

Al-Joulani a également pris soin de communiquer avec les acteurs régionaux, affirmant que la Syrie ne doit pas être une source de crises pour ses voisins. Il a cherché à établir des relations positives avec des pays comme l’Irak et le Liban, en les rassurant que la nouvelle Syrie serait un partenaire fiable.

En somme, al-Joulani et son administration politique s’efforcent de projeter une image d’hommes d’État, plutôt que de chefs de factions armées. Bien que des questions complexes demeurent, al-Joulani est déterminé à façonner l’avenir de la Syrie dans un contexte de transition difficile et incertain.

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