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Après Hasina un optimisme prudent pour l’avenir du Bangladesh

by Sara

Après Hasina un optimisme prudent pour l’avenir du Bangladesh

Le Bangladesh, après le départ de sa Première ministre récemment destituée, Sheikh Hasina, voit émerger un optimisme prudent. Par tous les indicateurs quantifiables, Hasina était le dictateur le plus enraciné, dominant et brutal que le pays ait connu depuis son indépendance. Elle a emprisonné, exilé et éliminé la plupart de ses pairs politiques comme aucun autre dirigeant dans l’histoire de l’Asie du Sud. Tous les rouages de l’État bangladais étaient sous son commandement, au point qu’elle en est devenue l’incarnation.

Un mouvement étudiant déterminant

Cependant, un mouvement étudiant, sans leader, a défié son autorité à travers des manifestations organisées avec des dates et des lieux prédéfinis. En quelques semaines, ces jeunes révolutionnaires ont attiré l’ensemble de la nation dans les rues, au point que Hasina a dû s’enfuir en hélicoptère. Ils ont réalisé ce que les anciens rivaux politiques de l’ancienne Première ministre n’avaient pas pu accomplir en plus d’une décennie.

Une recette pour un mouvement étudiant réussi

La fin de l’ère Hasina a commencé avec des jeunes réclamant la suppression d’un système de quotas injuste dans la distribution des emplois de la fonction publique, qui favorisait essentiellement les proches de ses alliés politiques. En structurant leurs manifestations, les étudiants ont établi une organisation de leadership distribué, se nommant le mouvement « Étudiants Contre la Discrimination ». Les coordinateurs provenaient d’institutions éducatives publiques et privées.

Des promesses de réformes pourraient avoir apaisé le mécontentement, mais les commentaires désobligeants du Premier ministre et la répression brutale de ses forces de sécurité ont enflammé le soulèvement. Les organisateurs de la manifestation, expérimentés, savaient exactement à quoi s’attendre.

Il y a six ans, beaucoup d’entre eux avaient participé à une vague de manifestations massive sur le secteur des transports, déclenchées après qu’un bus commercial ait écrasé deux jeunes étudiants.

La chute de Sheikh Hasina : un tournant historique

Hasina a déjà fui le Bangladesh, alors qu’elle vivait en Europe lorsque son père, le président Sheikh Mujibur Rahman, a été assassiné lors d’un coup d’État sanglant en 1975. Après avoir passé presque toute sa vie à l’étranger, elle est revenue au début des années 1980 et a rapidement pris de l’ampleur sur la scène politique. Son retour triomphal en 2008 est peu probable de se reproduire, compte tenu des massacres et des tueries indiscriminées survenus pendant son règne.

L’avenir du Bangladesh : attentes et défis

Un gouvernement intérimaire dirigé par le Dr Muhammad Yunus, seul lauréat du prix Nobel du Bangladesh, a prêté serment le 8 août, trois jours après la fuite de Hasina. Yunus, respecté à l’échelle nationale, sera conseiller en chef, équivalent d’un Premier ministre. Le panel de 16 conseillers qu’il a choisi comprend des figures de la société civile.

Actuellement, les organisateurs étudiants demandent un nettoyage de la politique bangladaise pour y éliminer les politiciens impliqués dans la corruption, non seulement durant le règne de Hasina, mais aussi sous les gouvernements précédents.

Un nouvel équilibre géopolitique

Yunus doit également gérer des défis en matière de relations avec les deux grands voisins du Bangladesh : l’Inde et la Chine. L’Inde, ancien défenseur de Hasina, est inquiète de l’effondrement possible de l’ordre public. Des leaders de la communauté hindoue au Bangladesh tentent de rassurer l’Inde en affirmant que l’anarchie touche tout le monde sur place.

Lancer des négociations pour empêcher le retour au pouvoir de personnes représentant une menace pour la sécurité nationale compliquera la tâche du nouvel gouvernement. Alors que la principale priorité reste l’organisation de nouvelles élections générales, les défis sont nombreux et la période intérimaire pourrait durer plusieurs mois, voire un an.

Un sentiment d’indépendance retrouvée

Beaucoup de Bangladais qualifient le renversement de Hasina de leur seconde indépendance, la première étant l’émergence du Bangladesh en tant que nation autonome il y a 53 ans. Avec l’espoir d’un avenir meilleur, il y a une attente, mais aussi un besoin de prudence. L’avenir n’est pas seulement une question de changement de régime, mais une question de justice, de responsabilité et de réformes structurales profondes, notamment dans les corps de police et de l’administration.

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