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La police turque a arrêté des dizaines de responsables municipaux à Beylikdüzü, arrondissement situé sur la rive européenne d’Istanbul, dans le cadre d’une opération visant des accusations de corruption, d’extorsion et de manipulation d’appels d’offres. Cette affaire frappe un bastion du principal parti d’opposition et s’inscrit dans une série d’enquêtes judiciaires qui ont ciblé plusieurs élus locaux ces derniers mois.
Arrestations et chefs d’accusation
Selon la chaîne privée turque NTV, la police a interpellé samedi le maire élu Hasan Mutlu ainsi que son adjoint, lors d’une opération menée au siège de la municipalité. Une perquisition a été effectuée dans les locaux municipaux.
- Nombre de personnes arrêtées : rapports faisant état de 44 personnes selon certaines sources.
- Parmi les mis en cause : le maire Hasan Mutlu, son adjoint et le directeur des affaires juridiques de la municipalité.
- Chefs d’accusation évoqués : extorsion, corruption, fraude aggravée et manipulation des procédures d’appel d’offres.
L’agence Anadolu a précisé que le procureur avait ordonné la détention de 48 employés de la municipalité, en lien avec des accusations de réception de pots-de-vin, d’extorsion, de fraude et de falsification des marchés publics.
Contexte politique
La municipalité de Beylikdüzü est dirigée par le Parti républicain du peuple (CHP) depuis les élections municipales de 2024. Les arrestations interviennent dans un climat politique déjà tendu entre les autorités et l’opposition.
Des enquêtes similaires ont visé, depuis plusieurs mois, des cadres et maires affiliés au CHP dans différentes villes turques, entraînant arrestations et procédures judiciaires. Ces actions judiciaires sont perçues par l’opposition comme une pression politique, tandis que le gouvernement affirme agir contre des pratiques illégales.
Décision judiciaire récente et tensions internes
Les tensions se sont accentuées après qu’un tribunal turc a annulé, le 2 septembre, les résultats du congrès du CHP à Istanbul de 2023. Le tribunal a en conséquence destitué la direction élue lors de ce congrès, estimant que des paiements avaient influencé les votes des délégués.
Lors de ce congrès, Özgür Özel avait été choisi comme dirigeant du parti pour remplacer Kemal Kılıçdaroğlu. La décision de justice a ravivé les débats internes et alimenté les critiques entre le CHP et les autorités.
Réactions et déclarations
Özgür Çelik, chef du CHP à Istanbul, a dénoncé la décision de justice et les récentes arrestations dans un message publié sur la plateforme X. Il a affirmé que les électeurs de Beylikdüzü avaient choisi Hasan Mutlu et qu’ignorer ce choix revenait à ne pas respecter la volonté des urnes.
Le ton de ces déclarations suggère une critique directe des autorités nationales et renforce l’impression d’un affrontement politique autour de ces procédures judiciaires.
Affaires antérieures et portée nationale
Les autorités turques ont mené plusieurs enquêtes étendues portant sur des irrégularités administratives et des cas de corruption, ce qui a conduit à l’arrestation de dizaines de membres du CHP, y compris plusieurs maires. Ces affaires ont provoqué des manifestations et une forte attention médiatique dans plusieurs villes.
- En mars, les autorités judiciaires ont ordonné la mise en détention d’Ekrem İmamoğlu, le maire d’Istanbul et figure de proue du CHP, dans une affaire de corruption que le parti qualifie de politisée.
- L’opposition accuse le gouvernement d’instrumentaliser la justice pour affaiblir les rivaux politiques, tandis que l’État assure agir pour rétablir la légalité.
Cette nouvelle affaire à Beylikdüzü alimente les débats sur la transparence et la lutte contre la corruption à Istanbul et au-delà, alors que la société civile et les forces politiques cherchent des réponses sur l’indépendance des enquêtes.
Conséquences possibles
Les arrestations pourraient entraîner des répercussions locales et nationales : suspension ou remplacement des responsables municipaux, procédures judiciaires prolongées et amplification des tensions politiques. Elles risquent aussi d’alimenter les manifestations et les prises de position des partis.
La question de la corruption à Istanbul demeure au cœur des préoccupations, et le déroulement des enquêtes à Beylikdüzü sera suivi de près par les citoyens, les acteurs politiques et les observateurs internationaux.