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La procureure de Paris, Laure Beccuau, a dévoilé ce samedi matin le profil des 21 personnes mises en examen dans le cadre des attaques violentes visant plusieurs prisons et agents pénitentiaires en France. Ces révélations interviennent au lendemain de leur présentation devant un juge d’instruction.
Des profils jeunes et diversifiés
Les suspects, majoritairement jeunes, ont entre 15 et 37 ans. Parmi eux, 19 hommes et 2 femmes. Les deux mineurs ont été placés en centre éducatif fermé, tandis que les majeurs sont en détention provisoire. La procureure a précisé que la plupart des exécutants sont des jeunes résidant à proximité des lieux des violences, rémunérés entre 500 et 7 000 euros pour leurs actes criminels.
Ces individus sont soupçonnés d’avoir joué différents rôles : instigateurs, relais, recruteurs et exécutants. Leurs violences, qualifiées d’extrêmes, décomplexées et préméditées, ont visé les agents pénitentiaires tant dans leur vie professionnelle que privée. Certains étaient totalement inconnus des services de police et sans casier judiciaire, tandis que d’autres évoluent dans la criminalité organisée de haut niveau.
La procureure a également indiqué que trois des recruteurs étaient déjà en détention provisoire pour des délits variés au moment des faits.
Une influenceuse TikTok mise en cause
Parmi les mis en examen figure une jeune influenceuse messine de 24 ans, arrêtée dans le quartier de Metz-Borny. Avec 70 000 abonnés sur TikTok, elle est poursuivie pour avoir promu les actions violentes du groupe « Défense des Droits des Prisonniers Français » (DDPF).
Selon Philippe Chadrys, directeur national adjoint de la police judiciaire, cette affaire révèle une stratégie coordonnée de recrutement et de communication via des messageries cryptées, ainsi qu’une médiatisation des attaques sur les réseaux sociaux à des fins de propagande. Les vidéos diffusées sont courtes, bien réalisées et rapidement virales, avec pour objectif d’impacter psychologiquement les agents et leurs familles.
Un coordinateur en lien avec la DZ Mafia
Parmi les inculpés, figure un homme de 24 ans, identifié comme le créateur du compte Telegram DDPF, suspecté d’avoir organisé les attaques. Il est actuellement détenu au centre pénitentiaire du Pontet (Vaucluse) pour deux assassinats liés à l’organisation criminelle DZ Mafia.
La procureure a souligné qu’il est le seul à revendiquer un lien avec cette mafia. Il doit prochainement être jugé pour des faits liés au narco-banditisme marseillais. Son message de revendication posté sur Telegram, désormais fermé, a été relayé par quatre donneurs d’ordre, dont trois sont incarcérés, ainsi que par l’influenceuse TikTok basée à l’est de la France.
L’implication d’un Drômois dans une attaque à Valence
Un jeune homme d’une vingtaine d’années, originaire de la Drôme, est mis en cause pour l’attaque de la prison de Valence survenue le 14 avril au soir. Lors de cet incident, deux véhicules appartenant à des surveillants pénitentiaires avaient été incendiés sur le parking du personnel.
Deux autres suspects de l’Isère ont été également placés en détention après avoir été arrêtés avec un jerrican d’essence à proximité de la prison de Varces.
Une enquête sur une série d’attaques coordonnées
L’information judiciaire ouverte par le parquet national antiterroriste vise une quinzaine d’actions violentes perpétrées depuis le 13 avril contre des établissements pénitentiaires et leurs agents. Ce jour-là, à Agen, le tag « DDPF » est apparu pour la première fois, accompagné de sept véhicules incendiés sur le parking de l’École nationale de l’administration pénitentiaire (Enap).
Une vague d’incendies de voitures de personnels pénitentiaires a suivi, ainsi que des tirs de mortiers d’artifice, voire des tirs de kalachnikov comme à Toulon. L’enquête s’étend également à des attaques par arme à feu et des jets de cocktails Molotov qui ont touché un lotissement à Villefontaine (Isère), où résident plusieurs agents pénitentiaires, non loin de la prison de Saint-Quentin-Fallavier.
Au total, 10 millions de données téléphoniques ont été analysées pour faire avancer l’enquête, selon Philippe Chadrys, directeur adjoint de la Direction nationale de la police judiciaire.