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Le silence d’abord. Puis les sirènes, les cris, les images tremblantes. Le 7 juillet 2005, à l’heure de pointe du matin, quatre bombes explosent en plein cœur de Londres. Un attentat coordonné qui tue 52 personnes, en blesse plus de 700, et paralyse une capitale abasourdie. Près de vingt ans après, Netflix revient sur cette journée et ses répliques dans Attentats de Londres : la terreur et la traque, une mini-série documentaire glaçante lancée ce 1er juillet. Mais ici, pas de voyeurisme ni de reconstitution spectaculaire : la série s’ouvre là où d’autres s’arrêtent : le lendemain, quand il faut comprendre, chercher, et survivre.
Trois semaines de chaos organisé après le 7 juillet
La série ne commence pas avec les explosions. Elle commence avec la sidération. Celle d’un pays incapable de répondre, d’anticiper, ni même de nommer ce qui est en train de se passer. Si les premières heures sont confuses, c’est dans les jours suivants que s’organise un contre-récit, fait de visages flous, de suspects errants, de caméras de surveillance et d’opérations de terrain.
Dans ce climat, la série déploie une narration en mosaïque. Survivants, proches de victimes, agents du MI5, enquêteurs de Scotland Yard, journalistes, voisins… Chaque voix raconte la même histoire, mais vue depuis un angle différent. Et c’est justement cette polyphonie qui donne toute sa puissance au récit : l’attentat n’a pas touché que les corps. Il a fissuré la confiance, l’ordre, le quotidien.
Images d’archives inédites, témoignages bruts, récits judiciaires, tout est monté avec sobriété. Il n’y a pas de héros, ni de grand discours. Il y a la peur, le doute, les erreurs — et surtout la tension constante de ne pas savoir si l’attaque est terminée… ou si elle recommence.
Une mise en scène sobre pour une réalité implacable
La caméra ne cherche jamais l’émotion facile. Liza Williams, déjà remarquée pour Catching a Predator, signe ici une œuvre tendue, froide, mais d’une précision clinique. Grâce à la photographie de Jamie Cairney et aux reconstitutions discrètes de Leah Cooper, chaque image semble contenir une menace sourde.
Les séquences se succèdent sans voix-off, sans pathos, mais avec une maîtrise rythmique impressionnante. Le documentaire laisse parler les témoins — certains encore bouleversés, d’autres visiblement hantés. Il montre surtout le poids d’une traque, ce que cela fait à un pays de chercher ses propres citoyens comme des ennemis invisibles.
Parmi les moments les plus marquants : la confusion autour des premiers suspects, les perquisitions nocturnes, les fausses alertes, mais aussi la pression médiatique, qui décuple la peur autant qu’elle informe.
Pourquoi cette série fait date ?
Attentats de Londres : la terreur et la traque n’est pas une énième plongée dans l’horreur. C’est un travail de mémoire, d’analyse froide d’un basculement. Elle montre que le vrai choc n’est pas toujours l’explosion, mais ce qui vient après : le désordre, la méfiance, et cette lente déconstruction de l’innocence collective.
Ce n’est pas une série pour comprendre « qui a fait quoi », mais pour ressentir ce que c’est que vivre au bord du vertige, quand les repères s’effondrent. Une réussite totale, en quatre épisodes, à voir d’un bloc ou à digérer lentement, tant chaque minute rappelle une vérité brutale : tout peut basculer en quelques secondes — et mettre des années à se recoller.