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L’alliance de la droite avec l’extrême droite progresse rapidement en Autriche. Dimanche 5 janvier, suite à la démission du chancelier conservateur, le nouveau chef par intérim de l’ÖVP, Christian Stocker, a annoncé avoir obtenu le feu vert pour débuter des négociations en vue de former une coalition avec le Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ). *« Ce pays a besoin d’un gouvernement stable aujourd’hui, et nous ne pouvons continuer de perdre un temps que nous n’avons pas dans des campagnes électorales ou des élections »,* a-t-il déclaré. C’est une évolution significative, longtemps évitée en raison du refus de l’ancien chancelier de collaborer avec le leader du FPÖ, Herbert Kickl.
Une nouvelle voie s’est ouverte
Au niveau présidentiel, Alexander Van der Bellen, écologiste à la tête de l’État, a également changé de ton. Il a annoncé qu’il rencontrerait Kickl lundi pour *« discuter de la nouvelle situation ». *Le président a noté que *« les voix au sein de l’ÖVP qui excluaient de travailler avec […] Kickl se sont fait beaucoup plus discrètes ». *Cela indique qu’une nouvelle voie, qui n’existait pas auparavant, s’est ouverte, une évolution qui réjouit Christian Stocker, même si Van der Bellen n’a pas précisé qu’il demanderait à l’extrême droite de former un gouvernement.
Rempart contre les radicaux
Les élections législatives du 29 septembre 2024, remportées par le parti d’extrême droite avec 28,8 % des voix, ont plongé le pays dans une crise politique. L’ÖVP a terminé en seconde position avec 26,3 %, suivi par le Parti social-démocrate d’Autriche (SPÖ) à 21,1 %. Ces résultats ont conduit Karl Nehammer à tenter de former un gouvernement centriste avec les sociaux-démocrates et Neos (9 % des suffrages), mais les négociations ont échoué après le retrait de Neos.
Les autres partis ont exprimé leur intention de continuer les discussions, mais Nehammer a annoncé qu’un *« accord avec le SPÖ est impossible sur des questions clés »* et qu’il mettait *« fin aux négociations avec le SPÖ »*. Les principaux points de discorde incluent l’impôt sur la fortune, les droits de succession et le contrôle du déficit budgétaire. Le chancelier a également déploré son incapacité à créer une *« force du centrisme politique afin de bâtir un rempart contre les radicaux ». *
Les conservateurs proches de l’extrême droite « l’ont emporté »
Herbert Kickl, le chef du FPÖ, a qualifié de *« losers »* les partis ayant participé aux négociations de coalition, affirmant que *« au lieu de la stabilité, nous avons le chaos »* après trois *« mois gâchés »*. Andreas Babler, leader des sociaux-démocrates, a estimé que ceux au sein de l’ÖVP qui *« ont toujours flirté »* avec l’extrême droite *« l’ont emporté »*, soulignant le risque d’un *« gouvernement FPÖ-ÖVP avec un chancelier extrémiste d’extrême droite »*.
Vendredi, Alexander Van der Bellen a appelé l’ÖVP et le SPÖ à former un gouvernement *« sans délai ». *Il a initialement demandé aux conservateurs de respecter les *« fondations de notre démocratie libérale ». *Par le passé, il a exprimé des réserves sur Herbert Kickl, qui a récemment promu l’idée de « remigration », visant à déchoir de leur nationalité des Autrichiens d’origine étrangère.
Vers une possible crise électorale
Si l’ÖVP choisit de s’allier avec le FPÖ, le président *« doit se préparer à introniser Kickl comme chancelier »*, selon l’analyste politique Peter Filzmaier. En cas d’échec des discussions entre les deux partis, des élections anticipées pourraient être convoquées. Les derniers sondages donnent au FPÖ, qui n’a pas gouverné depuis 2019, une intention de vote de 35 %.
Une coalition de trois partis aurait constitué une première en Autriche depuis 1949, alors que le pays fait face à une économie en déclin et un déficit public en augmentation. Karl Nehammer avait déjà averti que les négociations de coalition, entamées en octobre, seraient difficiles.