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# Bab el-Mandeb sous pression : Les dernières nouvelles
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<h2>Un virage critique pour le commerce maritime</h2>
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Djibouti — Dans un coin d’un café d’un hôtel en bord de mer à Djibouti, Mesgano (un Éthiopien) observe la file de navires ancrés au large, s’étirant à perte de vue, trop nombreux pour être comptés à l’œil nu.
Profiter d’un café avec vue sur la mer Rouge est une expérience agréable pour les visiteurs, attirés par le cadre idyllique. Toutefois, Mesgano reste indifférent à l’attrait touristique, concentré sur les navires immobiles visibles à l’horizon.
Travaillant dans l’exportation de café éthiopien vers l’Europe et le Moyen-Orient, Mesgano fait face à des défis logistiques majeurs en raison de la montée des tensions en mer Rouge. Cette situation perturbe ses opérations, avec des délais de livraison critiques. Tout retard pourrait entraîner la perte de clients, surtout face à une concurrence mondiale croissante.
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Les navires de commerce s’accumulent sur la côte Djiboutienne sous le drapeau panaméen (Al Jazeera).
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<h2>Périodes d’attente</h2>
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Depuis que le groupe Ansar Allah (Houthis) a annoncé une nouvelle phase d’escalade en réponse à la guerre en Gaza, le nombre de navires en attente au large de Djibouti a fortement augmenté. Ces navires attendent un passage sûr par le détroit de Bab el-Mandeb, bien que la majorité d’entre eux ne soient pas liés à Entité sioniste. Le risque qu’ils soient ciblés par des drones ou touchés involontairement reste élevé en raison de la volatilité de la région.
Mesgano a essayé d’explorer des routes maritimes alternatives, mais cela nécessitait une planification minutieuse. En outre, le coût du transport aérien est 25 fois plus cher que le transport maritime, rendant cette option peu viable. « Nous ne pouvons rien faire d’autre que d’attendre, » dit-il.
Le cas de Mesgano n’est qu’un exemple parmi des centaines dans l’industrie du transport maritime en mer Rouge. Un rapport de la Banque mondiale publié en avril dernier indique que les tensions dans le détroit de Bab el-Mandeb ont entraîné une baisse de 42 % du volume du commerce mondial dans cette région et une augmentation de 270 % des coûts de transport en raison des longues périodes d’attente.
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Entrainements d’atterrissage dans la région (Al Jazeera).
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<h2>Surveillance et manœuvres</h2>
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Nous nous sommes arrêtés auprès de vendeurs de poissons alignés le long de la route entre la place du Caire et le Djibouti Mall pour demander où se trouvait le poste des gardes-côtes. Après plusieurs indications, nous avons pris un chemin asphalté menant à un petit port, siège des gardes-côtes.
Le site comprend des bâtiments administratifs et un petit port où sont amarrés des bateaux de patrouille. La position stratégique du poste permet une surveillance efficace des zones environnantes, en particulier les entrées et sorties des ports de Djibouti, constituant un point de surveillance idéal pour détecter tout mouvement suspect le long de la côte.
Face à la montée des tensions en mer Rouge, Djibouti a renforcé ses patrouilles maritimes pour sécuriser le détroit et protéger ses frontières. Notre visite avait été retardée de quatre jours car les gardes-côtes étaient occupés par les manœuvres annuelles « Bull Shark », visant à améliorer leurs capacités de sécurité maritime.
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Commandant des gardes-côtes affirmant la neutralité de Djibouti tout en coopérant pour sécuriser le détroit (Al Jazeera).
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<h2>Dans le détroit de Bab el-Mandeb</h2>
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Lors de notre visite programmée au détroit de Bab el-Mandeb, nous avons quitté le port des gardes-côtes juste après l’aube, en raison de la mer calme à ce moment-là. Nous étions accompagnés d’un bateau de patrouille et de deux bateaux d’interception.
Le colonel Waiss Omar, commandant des gardes-côtes, a déclaré que leur rôle est d’assurer la sécurité des eaux territoriales de Djibouti et des eaux internationales. Il a précisé que 60 % des eaux du détroit de Bab el-Mandeb relèvent de la juridiction de Djibouti. À cause de l’escalade régionale, les patrouilles maritimes ont été intensifiées pour sécuriser la zone et protéger les navires commerciaux.
Le colonel Omar a également expliqué que Djibouti adopte une position de neutralité concernant les escalades en cours, en collaboration avec des groupes internationaux pour sécuriser les routes de navigation et fournir de l’aide sur demande. Djibouti est devenue une étape importante pour l’évacuation des équipages de navires ayant subi des attaques.
Le voyage jusqu’au détroit de Bab el-Mandeb dure environ trois heures aller-retour. Pendant notre traversée des ports de Djibouti, nous avons observé plusieurs navires ancrés, laissant entendre une longue période d’attente. Les installations de câbles sous-marins étaient également visibles, soulignant l’importance stratégique de Djibouti dans les communications entre l’Asie, l’Afrique et l’Europe, avec actuellement dix câbles sous-marins en opération et trois autres en cours d’installation.
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Parmi la flotte des gardes-côtes, des bateaux de patrouille de type 500 tonnes (Al Jazeera).
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<h2>Réduction du passage des navires</h2>
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Pendant notre visite au détroit de Bab el-Mandeb, nous avons croisé le cargo (Paraskevi Lisa), en route vers le sud, appartenant à la Chine. À plusieurs milles de distance, nous avons vu un autre navire chinois se dirigeant vers le canal de Suez. En moyenne, 57 navires traversent quotidiennement le détroit dans des conditions normales ; pourtant, nous n’en avons vu que deux ce jour-là.
Un rapport de l’Office des statistiques nationales du Royaume-Uni indique que le passage des navires par le détroit a diminué de 59 % en avril par rapport à la même période l’an dernier.
Selon une source maritime ayant souhaité rester anonyme, les navires chinois sont les plus fréquents à traverser sans entrave, protégés par un accord de non-agression avec les forces Ansar Allah, procurant à la Chine un avantage compétitif majeur. Cette source a également souligné que certaines petites embarcations commerciales profitent de la protection des navires chinois, se joignant à eux pour traverser le détroit en sécurité avant de retrouver leur route indépendante.
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