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Bangladesh en deuil: funérailles de Sharif Osman Hadi et tensions

par Sara

Le Bangladesh observe une journée nationale de deuil à l’approche des funérailles de Sharif Osman Hadi, figure majeure du mouvement étudiant de 2024, dont la mort a déclenché deux jours de manifestations à travers le pays. Le cortège funéraire était programmé à 14h (08:00 GMT) sur la South Plaza du parlement, le Jatiya Sangsad Bhaban, tandis que de larges mesures de sécurité étaient déployées dans la capitale.

Funérailles et dispositif sécuritaire

À Dhaka, des policiers équipés de caméras corporelles ont été mobilisés autour du site funéraire afin d’assurer le maintien de l’ordre. Le drapeau national a été mis en berne sur l’ensemble des bâtiments publics et privés pour marquer la journée de deuil.

Inquilab Moncho, dont Hadi était le porte‑parole, a appelé ses partisans via sa page Facebook à participer aux obsèques, tout en rappelant précédemment son souhait d’éviter de nouvelles violences.

Violences persistantes et institutions visées

Les manifestations avaient globalement diminué samedi, mais les médias nationaux ont continué de signaler de nouveaux incidents liés aux heurts de la semaine. Des attaques au feu et des envahissements ont touché des institutions culturelles, des rédactions et des locaux politiques.

À Chattogram, la résidence d’Anisul Islam Mahmud, dirigeant d’une aile du Jatiya Party, aurait été vandalisée et incendiée vers minuit. Par ailleurs, la Bangladesh Shilpakala Academy, principal centre culturel public, a annoncé la suspension de ses activités en raison des risques pour la sécurité.

Les quotidiens Prothom Alo et The Daily Star ont eux aussi été pris pour cible : des employés ont été coincés par les flammes et ont dû se réfugier sur le toit. Les deux titres ont néanmoins promis de poursuivre leurs publications en ligne.

L’assassinat et son déroulé

Sharif Osman Hadi, âgé de 32 ans et porte‑parole d’Inquilab Moncho, avait été blessé par balle à la tête le 12 décembre par deux assaillants arrivés à moto alors qu’il circulait dans un auto‑rickshaw électrique. Après trois jours de soins à l’hôpital public de Dhaka, il avait été transféré à Singapour pour des soins spécialisés et est décédé des suites de lésions du tronc cérébral.

Sa mort, survenue jeudi soir, a ravivé une vague de colère et déclenché des rassemblements massifs dans plusieurs villes, dont Dhaka, Rajshahi, Chattogram et Gazipur.

Enquête, spéculations et tensions internationales

Plusieurs arrestations ont été effectuées dans le cadre de l’enquête, mais les autorités et certains observateurs ont émis l’hypothèse que l’un des tueurs aurait fui vers l’Inde par la frontière. Cette possibilité a alimenté un fort sentiment anti‑Inde parmi une partie des manifestants, Hadi et son mouvement étant ouverts dans leurs critiques envers New Delhi.

Les foules ont exprimé leur colère en s’en prenant à des symboles politiques : la maison du père assassiné de l’ex‑première ministre Sheikh Hasina, Sheikh Mujibur Rahman, a été incendiée, des bureaux du parti au pouvoir ont été démolis et plusieurs axes routiers obstrués. À Chattogram, l’Assistant High Commission indien a également subi des attaques.

Appels à l’extradition et climat politique

Au moment où le corps de Hadi était rapatrié de Singapour, des milliers de personnes se sont rassemblées à Shahbag Square à Dhaka pour réclamer l’extradition de tous ceux qu’ils tiennent pour responsables, ainsi que le retour et le jugement de l’ex‑première ministre Sheikh Hasina.

Hasina, destituée en août 2024, avait été condamnée en novembre à la peine capitale par pendaison après avoir été reconnue coupable, selon le tribunal, d’ordres ayant conduit à une répression mortelle contre le soulèvement étudiant de 2024. Les familles des victimes, qui dénoncent la violence de la répression, attendent que les responsables répondent de leurs actes.

Réactions officielles et climat social

Le gouvernement intérimaire, dirigé par le lauréat du prix Nobel de la paix Muhammad Yunus depuis l’éviction de Hasina, a condamné avec force les violences, y compris des actes meurtriers rapportés dans certaines localités. L’explosion de colère populaire met en lumière la profonde polarisation politique et sociale qui traverse le pays depuis l’année dernière.

Alors que les funérailles de Sharif Osman Hadi se tiennent dans un climat chargé, la question de la justice pour les victimes des manifestations et des violences reste au cœur des revendications et risque de peser durablement sur la stabilité nationale.

source:https://www.aljazeera.com/news/2025/12/20/bangladesh-holds-state-mourning-funeral-for-slain-uprising-activist

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