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Le Bangladesh a vibré ce weekend au rythme d’un rassemblement historique organisé par le principal parti islamiste du pays, le Jamaat-e-Islami, qui a mobilisé des dizaines de milliers de ses partisans à Dacca. Ce rassemblement marque le retour en force de cette formation politique après une période d’interdiction imposée lors du règne de l’ex-Première ministre Sheikh Hasina, entre 2009 et 2024. La manifestation s’inscrit dans un contexte de réorganisation de la scène politique bangladaise, à l’aube des élections générales prévues pour 2026.
Un retour marquant après une longue période de répression
Le Jamaat-e-Islami, interdit pendant la majorité des quinze dernières années, a vu sa situation évoluer favorablement depuis la chute du gouvernement de Sheikh Hasina en août dernier. La Cour suprême du Bangladesh a récemment autorisé le parti à participer aux élections, une décision saluée par ses membres. Lors du rassemblement, les participants ont exprimé leur fierté d’avoir surmonté une longue période de répression, caractérisée par des emprisonnements et des interdictions d’activité politique. « Nous avons beaucoup souffert ces quinze dernières années. Nous avons été emprisonnés et privés de nos droits politiques. C’est une étape importante pour nous », a déclaré Mohammad Abdul Mannan, un militant venu soutenir le parti.
Les aspirations politiques et la controverse
Les partis islamistes, dont le Jamaat-e-Islami, ont toujours été au centre du débat national en raison de leur rôle historique, notamment leur soutien au Pakistan lors de la guerre de 1971, qui a conduit à l’indépendance du Bangladesh. Certains citoyens considèrent leur projet d’établissement d’un État islamique comme une menace pour la laïcité du pays, tandis que d’autres estiment que leur influence doit être reconnue dans le cadre démocratique. Le parti espère obtenir une représentation proportionnelle au Parlement, ce qui pourrait fortement influencer la prochaine composition politique du Bangladesh.
« Il était de mon devoir de musulman de venir. Le Jamaat-e-Islami a promis d’établir un État islamique et c’est pour ça que je suis là », a affirmé Md Shafiqul Islam, 58 ans.
Un contexte géopolitique complexe
Ce rassemblement intervient dans un climat géopolitique tendu, avec une opposition formelle du parti nationaliste BNP, qui reste le principal rival de Sheikh Hasina. La présence accrue du Jamaat-e-Islami sur la scène politique intervient aussi à un moment où la société bangladaise est divisée sur la question de l’identité nationale, entre modernité et traditions religieuses. Si le parti bénéficie désormais d’un cadre légal pour concourir aux élections, sa véritable influence dans le vote pourrait s’avérer déterminante lors du scrutin de 2026.