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Ben‑Gvir menace le tombeau d’al‑Qassam, la petite‑fille riposte

par Sara
Palestine, Israël

Abtehal al‑Qassam, présentée comme la petite‑fille du cheikh Izz al‑Din al‑Qassam, est apparue en kuffiya pour répondre aux menaces du ministre israélien de la Sécurité nationale Itamar Ben‑Gvir visant le tombeau familial dans le secteur de Balad al‑Sheikh, à Haïfa. Elle a dénoncé la tentative comme une attaque symbolique et déclaré que l’influence d’Izz al‑Din al‑Qassam perdure depuis sa mort il y a près de quatre‑vingt‑dix ans.

Lors d’un entretien accordé à une chaîne arabe en direct, Abtehal a affirmé : « Izz al‑Din al‑Qassam est vivant, il ne meurt pas, à travers l’idée du jihad continu qu’il a fondée, non seulement en Palestine mais dans tout le Levant ». Elle a ainsi placé la menace actuelle dans une perspective historique et idéologique.

La polémique a pris une tournure publique après la diffusion par Ben‑Gvir d’une vidéo sur une plate‑forme de messagerie, où on le voit se promener dans le cimetière de Balad al‑Sheikh, au sud‑est de Haïfa, près du tombeau d’Izz al‑Din al‑Qassam. Selon les images, la police israélienne a démonté une tente érigée à proximité du mausolée par l’administration du waqf islamique et retiré une plaque explicative de l’histoire du lieu.

Ben‑Gvir a déclaré sur la vidéo que la période de glorification entourant la tombe était terminée et a qualifié le chef historique de « grand destructeur » et « grand terroriste », annonçant que la suppression de la tente constituait « la première étape importante » pour mettre fin à ce qu’il a décrit comme une « mise en scène provocatrice ».

Un symbole de la révolution

Cheikh Izz al‑Din al‑Qassam est mort le 20 novembre 1935 après avoir mené une lutte armée contre les autorités coloniales britanniques. Son décès, survenu lors d’un affrontement dans les environs de la ville de Jénine, a déclenché des funérailles massives à Haïfa et transformé sa figure en un symbole central de la résistance palestinienne.

Né vers 1882 dans la région de Jableh, aujourd’hui en Syrie, Izz al‑Din al‑Qassam avait d’abord combattu l’occupation française en Syrie avant de s’engager dans la lutte contre le mandat britannique en Palestine. Son action et son martyre ont servi de catalyseur à l’insurrection de 1936–1939.

Réactions et accusations

Abtehal a qualifié les menaces de Ben‑Gvir de signe de faiblesse et de peur, allant jusqu’à parler d’un « malaise psychologique » face à la symbolique du tombeau. Elle a également insisté sur le fait que ceux qui doutent des droits de la population palestinienne sont ceux qui répètent constamment la nécessité de les affirmer.

Refusant de solliciter une protection spéciale pour le mausolée, elle a plutôt lancé un appel aux « libres » du monde entier pour venir en aide aux familles et aux combattants qui revendiquent l’héritage d’Izz al‑Din al‑Qassam, en mettant en avant la situation dramatique à Gaza et le manque de secours pour sa population.

Un long historique de menaces

Le cimetière de Balad al‑Sheikh, fondé comme l’une des premières nécropoles de martyrs en Palestine au XXe siècle, est un terrain de waqf qui abrite les dépouilles de centaines de personnes. Il a été ciblé à plusieurs reprises depuis la Nakba de 1948 par des tentatives de modification, d’expropriation ou d’effacement de son identité.

Des propositions politiques et des actions juridiques visant à transférer ou altérer la sépulture d’Izz al‑Din al‑Qassam ont été évoquées au fil des années. Des incidents rapportés en 2014, puis des exhumations signalées en 2016 et 2018, témoignent d’une volonté répétée de remettre en cause l’intégrité du site, parfois pour permettre des projets d’aménagement urbain.

Vengeance sur l’histoire

Le chercheur Sari Arabi estime que les attaques contre le cimetière s’inscrivent dans une stratégie plus large visant à effacer les traces de la présence arabe et islamique antérieure sur ces terres. Pour lui, la dégradation ou la suppression des tombes représente une forme de représailles historique destinée à nier un passé qui remet en question certaines narratives étatiques.

Arabi souligne aussi que l’héritage d’Izz al‑Din al‑Qassam a perduré à travers des mouvements contemporains, notamment des formations qui revendiquent son nom et son approche. Selon lui, les appels à démanteler le mausolée se sont intensifiés après l’attaque du 7 octobre 2023, perçue comme l’une des opérations les plus audacieuses visant le cœur de l’appareil sécuritaire israélien.

Enfin, il rappelle que la trajectoire d’Izz al‑Din al‑Qassam — venu de Syrie pour s’engager en Palestine — incarne une interconnexion historique entre les peuples de la région, une réalité que certains acteurs considèrent comme déstabilisante pour l’ordre établi.

source:https://www.aljazeera.net/politics/2025/12/17/%d8%a8%d8%b9%d8%af-9-%d8%b9%d9%82%d9%88%d8%af-%d8%b9%d9%84%d9%89-%d8%a7%d8%b3%d8%aa%d8%b4%d9%87%d8%a7%d8%af%d9%87-%d8%a5%d8%b3%d8%b1%d8%a7%d8%a6%d9%8a%d9%84-%d8%aa%d9%84%d8%a7%d8%ad%d9%82

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