Brandt, groupe centenaire de l’électroménager, voit son avenir se jouer mercredi devant la justice française. L’incertitude plane sur ses salariés, qui espèrent une reprise sous forme de Scop soutenue par l’État et par des élus locaux. Le tribunal des affaires économiques de Nanterre est chargé de trancher sur le sort du groupe, placé en redressement judiciaire début octobre.
Parmi les offres déposées, seule celle qui prévoit une reprise en Scop, portée par le collectif Revive, permettrait de préserver au moins 300 emplois sur les près de 700 que compte Brandt en France, selon le ministre délégué à l’Industrie Sébastien Martin. Cette solution serait aussi la seule manière de sauver les deux sites industriels du groupe, situés près d’Orléans et à Vendôme, d’après des sources syndicales. Le dossier est présenté comme la meilleure chance de maintenir une production locale et un savoir-faire historique.
Face au risque de disparition de la marque, le gouvernement et des élus locaux ont multiplié leurs prises de parole ces dernières 48 heures pour souligner que la reprise par les salariés demeure envisageable. Ils insistent sur la préservation d’un savoir-faire français et sur l’intérêt de maintenir des sites industriels stratégiques. Cependant, les défis financiers et structurels restent importants.
Pour relancer l’activité, les estimations tablent sur un besoin compris entre 20 et 25 millions d’euros. Sans cette injection, Brandt ne serait plus en mesure de payer les salaires après le 15 décembre, selon des sources concordantes. Le gouvernement a annoncé un soutien de l’État à hauteur de 5 millions d’euros.
La métropole d’Orléans et la région Centre-Val de Loire se sont engagées à apporter leur contribution et à œuvrer pour le maintien des sites. La région a confirmé qu’elle mobiliserait des moyens financiers et envisage le portage des sites pour une tranche comprise entre 4,5 et 5 millions d’euros. Selon le ministre, environ 15 millions d’euros ont déjà été mobilisés.
Le sujet bancaire demeure crucial. Les banques sont sollicitées par le ministre pour jouer le jeu et démontrer la viabilité du projet devant le tribunal. L’interrogation porte sur leur capacité à accorder les financements nécessaires dans un contexte économique tendu.
Brandt réalise aujourd’hui un chiffre d’affaires d’environ 260 millions d’euros et appartient depuis 2014 au groupe algérien Cevital. Le marché du gros électroménager traverse des périodes difficiles, impactant directement la production et les perspectives du groupe. L’évolution du secteur immobilier pèse aussi sur la demande, ce qui contribue à une décrue des ventes.
L’an passé, Brandt a enregistré un recul des ventes de 3,9 %, après une baisse déjà amorcée en 2023. L’achat d’appareils de cuisine reste souvent corrélé à un déménagement, ce qui peut amplifier les fluctuations de la demande.