Des milliers de Brésiliens se mobilisent à travers une trentaine de villes pour protester contre une réforme de l’immunité des parlementaires. À Rio de Janeiro, Caetano Veloso, Gilberto Gil et Chico Buarque ont donné un concert sur la plage de Copacabana devant environ 40 000 personnes. À São Paulo, la foule a défilé sur l’avenue Paulista, autour de 42 000 selon un groupe de recherche de l’université de Sao Paulo (USP). Le texte en discussion prévoit que le Parlement donne son accord par un vote à bulletin secret pour toute poursuite judiciaire visant un élu. Le gouvernement affirme que l’objectif est de prévenir les abus, mais les opposants et des artistes dénoncent le risque d’impunité. Le mouvement a soutenu les manifestations, qui « démontrent que le peuple ne veut ni de l’impunité, ni de l’amnistie », a-t-il écrit sur Instagram. Aux cris « Sans amnistie » et à renfort de pancartes « Plus jamais de dictature » ou encore « Le Congrès est une honte nationale », des Brésiliens ont battu le pavé dans une trentaine de villes.

Au Brésil, manifestations contre la réforme de l’immunité parlementaire
La réforme, dénoncée par le gouvernement, prévoit que le Parlement donne son accord — par un vote à bulletin secret — pour toute poursuite judiciaire visant un élu, une disposition qui a déclenché une vague de réactions dans l’opinion. Le texte a au contraire suscité la colère d’artistes sur les réseaux sociaux, selon Yasmin Aimee Coelho Pessoa, étudiante en sociologie présente au concert à Rio.
Le président Lula a promis d’opposer son veto à tout projet d’amnistie, et le ministre de la Justice Ricardo Lewandowski a estimé que « le crime organisé pourrait s’infiltrer au sein du Parlement ». Par ailleurs, le débat a été relancé par le vote d’un autre texte visant à amnistier des centaines de personnes condamnées pour les émeutes de Brasilia le 8 janvier 2023, et certains alliés de Bolsonaro cherchent à étendre l’amnistie à l’ex-président (2019-2022).
Des Brésiliens et des spectateurs se demandent désormais comment évoluera ce dossier, qui s’inscrit dans un contexte politique polarisé et qui oppose les partisans d’un cadre plus strict pour les poursuites judiciaires des élus à ceux qui estiment que l’immunité peut protéger le système contre des poursuites abusives.