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Bruits incessants comment l’homme influence la faune terrestre

by Sara
Bruits incessants comment l'homme influence la faune terrestre

Bruits incessants : comment l’homme influence la faune terrestre

La tranquillité de notre environnement semble désormais un lointain souvenir, avec une pollution sonore omniprésente. Nous sommes souvent préoccupés par la manière dont le bruit causé par la circulation affecte les humains, mais il est temps de tourner notre attention vers les animaux et les oiseaux.

Une étude récente menée par des chercheurs de l’université de Deakin en Australie, publiée dans la revue [Science](https://www.science.org/doi/10.1126/science.adp1664), fournit des preuves supplémentaires des effets néfastes du bruit de la circulation sur les oiseaux, en particulier les œufs et les oisillons.

Des effets prouvés sur les oisillons

Des études antérieures ont montré que les jeunes oiseaux et leurs parents étaient exposés au bruit, avec des résultats indiquant que la pollution sonore induit stress et tension, entravant leur communication. Cependant, il restait à déterminer si ces oiseaux ressentaient réellement cette détresse dès leur jeune âge en raison du bruit ou si l’impact était plutôt dû à la disruption de leur environnement et du soin parental. L’impact du bruit sur la croissance des jeunes oiseaux demeurait également incertain.

Dans cette nouvelle étude, les chercheurs se sont concentrés sur les effets du bruit sur la croissance des oiseaux sauvages connus sous le nom de moineaux zèbres, une espèce australienne de petite taille, identifiée par son plumage blanc parsemé de taches noires, rappelant un zèbre.

Une expérience révélatrice

Menée par la spécialiste des oiseaux Milène Mariét de l’université de Deakin, l’expérience a consisté à exposer les œufs de moineaux zèbres pendant cinq jours à des sonorités variées : silence, chants modérés de la même espèce à 65 décibels (niveau comparable à une conversation normale), ou bruits de circulation urbaine. Les jeunes oiseaux, nourris par leurs parents après l’éclosion, ont été exposés aux mêmes sons pendant environ 4 heures au cours de 13 nuits, sans que les parents n’entendent ces bruits.

Cette étude met en lumière pour la première fois que le bruit nuit aux jeunes oiseaux, même si la mère n’y est pas exposée. Les résultats suggèrent que l’incidence du bruit sur la croissance et les fonctions organiques commence avant l’éclosion, démontrant qu’une exposition au bruit de la circulation urbaine a des répercussions négatives directes sur la santé et la vitalité des oiseaux, dès le stade embryonnaire.

Des conséquences durables

Les jeunes oiseaux exposés au bruit plutôt qu’aux chants ont présenté un retard de croissance et des signes de dommages cellulaires plus prononcés. Les chercheurs ont également noté que la probabilité d’éclosion des œufs était réduite de près de 20 % lorsque soumis au bruit de la circulation cinq jours avant l’éclosion, comparativement à ceux soumis à des sons mélodiques.

Il est apparu que le bruit avait un effet plus puissant et direct sur la croissance des oiseaux, avec des jeunes qui avaient éclos étant en moyenne 10 % plus petits et 15 % plus légers que ceux de leur espèce non exposés au bruit. Ces résultats corroborent une étude antérieure publiée dans Conservation Physiology, signalant que les jeunes exposés à des niveaux élevés de bruit étaient plus petits que ceux élevés dans des environnements calmes.

Les répercussions sur le long terme

Fait intéressant, les effets néfastes ne s’estompent pas une fois l’exposition au bruit terminée. Les résultats indiquent que l’exposition précoce des moineaux zèbres au bruit a des conséquences sur leur croissance et leur condition physique à l’âge adulte. Après leur sortie du nid, les jeunes ont été élevés ensemble dans un environnement sans bruit extérieur et mesurés un mois après la cessation de l’exposition. Les oiseaux ayant subi le bruit n’étaient plus plus petits que leurs congénères, mais leurs fonctions physiologiques avaient pâti de cette expérience.

Un an plus tard, les effets du bruit étaient encore visibles. Les oiseaux adultes qui avaient subi cette exposition précoce ont donné naissance à moins de progéniture au cours de leur vie, et ce phénomène s’observe même chez les parents expérimentés, actes suggérant que le bruit entraîne davantage qu’un simple changement de comportement : il a un impact biologique direct sur le développement des jeunes, effets qui perdurent jusqu’au moment de reproduction après quatre ans.

Une nécessité d’action

Au regard des résultats de cette étude, il est impératif d’améliorer la gestion de l’environnement sonore des oiseaux dans les zones urbaines. Un appel urgent est lancé aux décideurs et aux défenseurs de l’environnement pour qu’ils agissent face à cette problématique écologique.

Alors que plusieurs solutions existent déjà, telles que l’adoption de véhicules électriques en milieu urbain et la préservation d’arbres et de haies le long des routes comme barrière sonore, il est essentiel d’investir dans des espaces publics et privés paisibles, en évitant l’utilisation d’outils bruyants, tels que les souffleurs de feuilles.

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