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Thé ou poison quotidien ? Derrière ses couleurs acidulées et son apparente légèreté, le bubble tea s’est immiscé dans les habitudes de milliers de jeunes, perçu comme un petit plaisir sans conséquence. Mais est-ce vraiment sans risque pour la santé ?
Une explosion d’additifs invisibles dans chaque gorgée
Le bubble tea ne se résume pas à une simple infusion. Une enquête récente menée par l’UFC-Que Choisir révèle qu’une vingtaine de références de bubble tea vendues en grande surface contiennent entre 10 et 25 substances ultratransformées. Parmi ces additifs, on trouve des colorants synthétiques tels que le rouge allura (E129), la tartrazine (E102) et le bleu brillant (E133), suspectés de favoriser l’hyperactivité chez l’enfant. On y dénombre également des caramels ammoniacaux (E150c) qui pourraient libérer des composés cancérogènes.
Ce cocktail est complété par des phosphates (E452, E340) associés à une augmentation du risque cardiovasculaire, des édulcorants soupçonnés d’augmenter la probabilité de cancers, ainsi que du dioxyde de silicium (E551), lié à la maladie cœliaque. Plus inquiétant encore, certains produits contiennent des huiles hydrogénées interdites en Europe, riches en acides gras trans, reconnus pour obstruer les artères.
Un tsunami sucré déguisé en douceur : le piège calorique du bubble tea
En matière de sucre, le bubble tea ne fait pas dans la demi-mesure. Une étude publiée dans la revue Food Science & Nutrition révèle qu’un verre standard de 470 ml dépasse largement l’apport journalier recommandé en sucres ajoutés. À cela s’ajoute le fait que chaque quart de tasse de perles de tapioca peut contenir jusqu’à 160 calories, sans compter les sirops et crèmes souvent ajoutés.
La nutritionniste américaine Hillary Cecere souligne que « le seul élément nutritif du bubble tea, c’est le thé lui-même. Mais le reste annule complètement ses bienfaits ». Une tasse peut ainsi dépasser les 400 calories, faisant de cette boisson une bombe glycémique aussi violente qu’un soda, masquée derrière une illusion de thé.
Bubble tea et santé mentale : un lien préoccupant avec la dépression et l’anxiété
Au-delà des risques nutritionnels, une étude sino-universitaire publiée en 2022 dans le Journal of Affective Disorders met en lumière un lien entre consommation régulière de bubble tea et symptômes dépressifs, anxiété, voire pensées suicidaires. Menée auprès de 5 281 étudiants à Pékin, cette recherche évoque même une forme d’addiction.
Le mécanisme avancé repose sur l’impact du sucre sur l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien, qui joue un rôle clé dans la gestion du stress. Une saturation de cet axe entraînerait une perte de la capacité à réguler les émotions.
Cette relation est également documentée dans une étude publiée en janvier 2024 par le National Center for Biotechnology Information, qui rapporte des troubles anxiodépressifs chez des rongeurs soumis à un régime riche en bubble tea.
Une banalisation sociale inquiétante… mais des alternatives existent
Le bubble tea n’est plus seulement une boisson, il est devenu un véritable rituel social. En Chine, certaines jeunes consomment entre six et onze verres par semaine, et cette boisson occupe désormais une place symbolique, notamment lors de toasts de mariage.
Cette normalisation d’un produit sucré cumulant risques sanitaires, consommation compulsive et absence de régulation stricte est source d’inquiétude. Certaines villes chinoises, comme Shanghai, ont néanmoins initié des programmes pilotes obligeant les fabricants à afficher les taux de sucre et de graisses, avec une classification nutritionnelle allant de A à D selon la nocivité.
En France, aucune réglementation spécifique n’encadre pour l’instant la composition ou la publicité du bubble tea. La meilleure solution reste donc de le préparer soi-même : maîtriser le dosage du sucre, éviter les additifs, une manière de résister à une industrie peu scrupuleuse.