Jean-François Corty, président de Médecins du monde, affirme que le problème ne réside pas dans les patients et appelle à recentrer le débat sur le renforcement d’un État social fort. Alors que les discussions sur le budget 2026 doivent reprendre début janvier, il souligne l’importance d’un accès aux soins universel et durable et avertit que le contexte actuel fragilise le système de santé.
Sur le mal logement, il rappelle qu’environ 350 000 personnes vivent sans domicile et que 4 millions sont mal logées, soit une hausse de 150 % en dix ans. De plus en plus de personnes vivent dans la rue avec des tableaux cliniques et des maladies chroniques difficiles à suivre dans ces conditions, ce qui met des patients en marge du système de soins.
Lors des discussions budgétaires, interrompues jusqu’en janvier après le vote d’une loi spéciale, Corty déplore une focalisation excessive sur des situations d’abus et sur le poids des droits des patients, au détriment de l’affaiblissement constaté de l’État social et du désengagement budgétaire.
Il souligne que certaines propositions remettent en cause l’aide médicale d’État et l’accès des Français précaires aux soins, tout en évoquant la remise en question des ALD et des franchises médicales; deux pistes qui ont été écartées pour l’instant mais qui témoignent d’une dérive vers la privatisation et la financiarisation du secteur.
Selon lui, la hausse des forfaits des mutuelles pèse sur les ménages et accentue les inégalités. La tendance favoriserait une prise en charge plus coûteuse pour les plus fragiles et une difficulté accrue pour se soigner, illustrée par les chiffres sur les personnes âgées en grande précarité et les étudiants qui retarderaient le recours à une mutuelle.
Il appelle à arrêter de culpabiliser les patients et les Français et à porter un combat pour la défense d’un État social fort. Il rappelle que le Conseil national de la Résistance avait fait de la santé un droit universel et solidaire, avec une répartition des coûts selon les capacités et une réponse médicale équivalente pour tous. Cette vision, parfois jugée audacieuse, est assumée par Médecins du monde.
Face à la fragilité croissante du système de santé, l’ONG appelle à défendre le service public et à éviter que le budget ne soit dicté par des logiques purement financières. L’objectif est d’assurer l’accès universel aux soins dans un cadre financier soutenable et équitable.