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La situation préoccupante de l’agriculture biologique en Bretagne
Au cœur du salon consacré à l’agriculture biologique en Bretagne, les professionnels du secteur expriment leurs inquiétudes. Alors que l’agriculture conventionnelle domine la région, le bio semble stagner, rompant avec une trajectoire de croissance qui semblait prometteuse.
Un salon sous le signe de l’incertitude
Ce mercredi 25 septembre, la pluie bretonne ne freine pas l’enthousiasme des agriculteurs au salon « La terre est notre métier », événement phare de l’agriculture biologique en France. Jean-Marie et Louison Levrard, éleveurs de bovins, explorent de nouvelles pratiques comme l’agroforesterie et la vente directe de pains. Ils soulignent toutefois que la morosité ambiante impacte leurs espoirs : _« Il faut continuer de croire en l’agriculture biologique même si l’ambiance est morose. Actuellement, certains paysans vendent leur production bio moins cher qu’en conventionnel… »_
Un secteur en crise
La majorité des exploitants présents partagent un sentiment similaire : ne pas céder au découragement. L’agriculture biologique fait face à une véritable _« crise »_, dont l’intensité varie selon les filières. En Bretagne, ce modèle agricole, conçu pour nourrir 22 millions de personnes, a longtemps bridé le développement du bio. Actuellement, près de 15 % des exploitations agricoles de la région sont certifiées en bio.
Ludovic Massard, éleveur laitier et administrateur de Biolait, témoigne : _« La décennie dernière, nous nous développions avec l’impression d’avancer dans le sens de l’histoire comme une évidence. Brutalement, nous sommes passés de 10 % de croissance annuelle à une baisse de cinq points. »_ Faute de débouchés adéquats, 30 % de la production des adhérents se retrouve dans le circuit conventionnel.
Des défis pour l’élevage biologique
Les producteurs de porcs rencontrent des difficultés similaires. Beaucoup d’éleveurs, habitués à vendre leur viande à un prix compétitif, sont contraints de brader leurs produits. Jérôme Jacob, agriculteur et président du groupement Bretagne viande bio, déclare : _« Nous avons réduit notre production de 30 %, plusieurs jeunes éleveurs ont abandonné et nous avons dû restreindre l’entrée de nouveaux membres pour préserver notre organisation. »_ Cette situation est d’autant plus étonnante dans une région qui produit une grande partie de la viande française.
Des chiffres alarmants pour 2023
Lors de la foire, pour la première fois, les résultats de 2023 sont présentés, mettant en lumière _« l’essoufflement »_ général du secteur, comme l’indique l’Agence bio. En Bretagne, seulement 240 agriculteurs bio ont démarré leur activité cette année, principalement dans le maraîchage. Ce chiffre est presque deux fois inférieur à celui de 2016. De plus, de nombreux professionnels ayant abandonné leurs certifications bio continuent leur activité sous le modèle conventionnel, notamment parmi les volaillers.