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Les États-Unis et la Chine ont conclu un accord à Genève visant à réduire significativement leurs droits de douane réciproques. Cette détente intervient alors que Donald Trump subissait des pressions internes. Si la guerre commerciale semble momentanément apaisée, plusieurs risques persistent quant à l’avenir des échanges internationaux.
Un accord historique entre Washington et Pékin
Lors d’une rencontre diplomatique majeure en Suisse, le secrétaire au Trésor américain Scott Bessent a exprimé sa gratitude envers le gouvernement suisse pour avoir facilité ces négociations cruciales. Dès mercredi, les États-Unis et la Chine diminueront simultanément leurs tarifs douaniers de 115 points de pourcentage. Les droits américains sur les importations chinoises baisseront à 30 %, tandis que ceux appliqués par la Chine passeront à 10 %. Cette réduction est provisoire, pour une durée de 90 jours.
Cette avancée a suscité un soulagement notable sur les marchés financiers. Le gouvernement américain affirme que le président Trump a obtenu un « succès commercial historique ». Cependant, certains économistes suisses restent prudents face à cette évaluation.
Des avis mitigés des experts suisses
Aymo Brunetti, professeur d’économie à l’Université de Berne, se félicite de l’évitement des « taux de droits de douane absurdes » et de l’escalade du conflit commercial. Marius Brülhart, professeur à l’Université de Lausanne, souligne que ces mesures tarifaires finissaient par nuire principalement aux Américains eux-mêmes, rendant inévitable un recul.
Selon Reto Föllmi de l’Université de Saint-Gall, les répercussions du conflit se font déjà sentir : « Le trafic maritime entre la Chine et les États-Unis a chuté de 50 % ». Les stocks américains en jouets, chaussures et vêtements de sport s’amenuisent, ce qui met la pression sur l’administration américaine.
Pas de vainqueur clair dans la guerre commerciale
Föllmi refuse la logique manichéenne de Trump, selon laquelle il y aurait toujours un gagnant et un perdant. « Le mieux est que les deux parties tirent profit de l’accord et maintiennent des relations commerciales sur le long terme », affirme-t-il. L’accord permet aux deux États de sauvegarder leur image. Toutefois, la Chine conserve un avantage stratégique, car les États-Unis subiront d’abord davantage les effets de l’inflation accrue.
Un chemin encore incertain
Malgré cet apaisement, Aymo Brunetti met en garde : les droits de douane américains à 10 % restent élevés et cette « montagne russe » politique entraîne une grande incertitude. « Qui investira à grande échelle dans les chaînes de valeur mondiales si les règles peuvent changer brusquement ? » interroge-t-il.
Le professeur Brülhart souligne que la relocalisation industrielle nécessite des mois, voire des années, de planification et reste improbable à grande échelle, d’autant plus que l’économie américaine est déjà quasiment à plein emploi. Sans une immigration accrue, il est difficile d’envisager une extension significative de la production industrielle aux États-Unis.
Un bilan critique de la politique commerciale de Trump
Pour Brunetti, cette offensive tarifaire constitue une « véritable catastrophe économique ». Selon lui, Trump a inutilement handicapé une économie américaine bien orientée, ce qui représente un cas rare d’incompétence économique flagrante ayant nui au potentiel national. L’ensemble des économistes, à travers le spectre politique, s’accorde sur les effets délétères des droits de douane.
Brülhart qualifie aussi cette politique d’« erreur non forcée », équivalant à une augmentation d’impôts particulièrement dommageable pour l’économie, un constat que l’administration américaine semble enfin commencer à admettre.