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Comment le corridor Zangzor dynamise l’économie turque et les échanges régionaux

by Sara
Turquie, Syrie, Azerbaïdjan, Arménie, Jordanie, pays du Golfe

Le corridor Zangzor redessine les routes commerciales de la région et promet d’accélérer la montée en puissance logistique de la Turquie. En reliant les réseaux ferroviaires et routiers entre la mer Caspienne, le Caucase et la Méditerranée via la Syrie, ce nouvel itinéraire ouvre des perspectives pour les exportations turques vers le monde turc, la Jordanie et les pays du Golfe.

Contexte et calendrier politique

Deux événements récents ont libéré des verrous qui freinaient le commerce régional depuis des années. Le départ du régime de Bachar al-Assad le 8 décembre 2024 a rouvert des corridors méridionaux, tandis que l’accord signé le 8 août dernier entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie — parrainé par le président américain — a officialisé la création du corridor Zangzor.

Ces étapes ont déclenché une réévaluation des chaînes logistiques dans la région, offrant à Ankara l’opportunité d’occuper une position de pivot entre l’Asie centrale, la Chine et les marchés européens et moyen-orientaux.

Un hub pour les chaînes d’approvisionnement

La Turquie vise à se transformer en plaque tournante des approvisionnements mondiaux. Les résultats économiques récents renforcent cette stratégie : le ministre turc des Finances, Mehmet Şimşek, a annoncé une croissance de 4,8 % au deuxième trimestre et un produit intérieur brut proche de 1,5 trillion de dollars.

Plusieurs facteurs soutiennent cette dynamique :

  • Position géographique centrale, favorable au contournement des tensions commerciales entre grandes puissances.
  • Renforcement des liens avec les pays du « monde turc », facilitant des corridors commerciaux régionaux.
  • Intégration prévue des lignes ferroviaires locales avec le passage via le corridor Zangzor.

Selon l’association des hommes d’affaires turcs UTİKAD, l’ouverture du corridor Zangzor ajoutera une valeur géoéconomique significative et pourrait étendre les voies commerciales à l’est de la Turquie.

Vue aérienne montrant l'importance géographique de la Turquie pour les échanges régionaux

Gains opérationnels et capacité de transport

Le ministre des Transports et des Infrastructures, Abdulkadir Uraloğlu, estime que la Turquie peut générer des gains opérationnels de l’ordre de 147,6 milliards de livres turques (≈ 3,6 milliards de dollars) sur 30 ans grâce au corridor Zangzor.

Points clés communiqués lors des cérémonies et annonces officielles :

  • Le corridor sera un axe stratégique de transport, offrant le trajet le plus court pour certaines liaisons internationales.
  • Capacité estimée : transfert possible d’environ 15 millions de tonnes de marchandises sur la période envisagée.
  • Intégration prévue avec la ligne ferroviaire Kars–Iğdır–Nakhchivan pour ouvrir de nouvelles routes commerciales.

Travaux de construction de routes et voies ferrées liés au corridor Zangzor

Regard sur la Syrie : rouvrir le corridor sud

La réouverture du sud via la Syrie est centrale pour la stratégie d’Ankara. Les autorités turques ont assoupli la circulation des camions syriens, permettant un franchissement sans opérations de chargement-déchargement, ce qui améliore la fluidité du transit.

Mesures et projets annoncés :

  • Développement de mécanismes de transport professionnel entre la Turquie, la Syrie et la Jordanie, avec des rencontres trilatérales à venir.
  • Financement proposé de 120 millions de dollars pour réhabiliter la ligne ferroviaire reliant Gaziantep à Alep.
  • Ambition de relancer, à terme, le tracé historique du Hedjaz, en tirant parti d’infrastructures réhabilitables en Syrie et en Jordanie.

Le ministre du Commerce Ömer Bolat a souligné l’importance de redonner à la Syrie son rôle de pays de transit commercial, évoquant le démarrage du transit via neuf postes douaniers jusqu’à l’Arabie saoudite.

Effets attendus sur les échanges avec le Golfe

L’ouverture durable des liaisons via la Syrie et le corridor Zangzor devrait renforcer le commerce entre la Turquie et les États du Golfe. Les chiffres récents témoignent déjà d’un flux soutenu :

  • Exportations turques vers les pays du Golfe estimées à 126,7 milliards de dollars entre 2020 et 2024.
  • Exportations enregistrées l’année dernière : 27,7 milliards de dollars.

Les négociations en cours sur un accord de libre-échange entre la Turquie et les membres du Conseil de coopération du Golfe pourraient amplifier ces échanges et contribuer à la formation d’une large zone de libre-échange régionale.

Avec l’activation du corridor Zangzor et la normalisation des flux via la Syrie, Ankara espère voir ses exportations vers le Golfe et le reste de la région croître de manière substantielle.

Perspectives commerciales régionales

Le renforcement des infrastructures et la mise en service du corridor Zangzor sont susceptibles de modifier durablement les schémas commerciaux régionaux. Des acteurs privés et publics turcs anticipent :

  • Une augmentation des volumes de transit entre l’Asie centrale, la Chine et l’Europe via la Turquie.
  • La création d’opportunités industrielles et logistiques dans l’est du pays.
  • Un potentiel de croissance des échanges bilatéraux avec la Syrie, la Jordanie et les pays du Golfe, favorisant la diversification des marchés d’exportation.

Les responsables turcs du commerce et des transports insistent sur le caractère stratégique de ces infrastructures pour consolider la position de la Turquie comme noeud logistique régional.

source:https://www.aljazeera.net/ebusiness/2025/9/4/%d9%83%d9%8a%d9%81-%d9%8a%d8%b9%d8%b2%d8%b2-%d9%85%d8%b9%d8%a8%d8%b1-%d8%b2%d9%86%d8%ba%d8%b2%d9%88%d8%b1-%d8%a7%d9%82%d8%aa%d8%b5%d8%a7%d8%af-%d8%aa%d8%b1%d9%83%d9%8a%d8%a7

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