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Les terres rares constituent un groupe de minéraux essentiels à l’industrie moderne, notamment pour la fabrication d’aimants utilisés dans les moteurs électriques et les turbines d’éoliennes. La Chine détient un quasi-monopole sur leur production, un levier stratégique qu’elle utilise pour renforcer son influence économique mondiale.
Un monopole chinois basé sur la production et le raffinage
La Chine exploite sa position dominante en imposant depuis des années des quotas d’exportation, veillant ainsi à préserver sa part majeure sur ce marché crucial. Au printemps dernier, elle a même réduit drastiquement ses exportations vers les États-Unis en réponse aux tarifs douaniers imposés par Washington. Cette stratégie démontre la conscience chinoise de la valeur stratégique des terres rares.
Pourquoi la Chine domine-t-elle les terres rares ?
Contrairement à ce que leur nom laisse entendre, les terres rares ne sont pas particulièrement rares. Ce groupe comprend 17 éléments métalliques, présents dans la croûte terrestre en quantités souvent supérieures à celles de l’or ou de l’argent. Par exemple, le cérium et le lanthane sont présents à environ 0,3 partie par million, contre 0,001 ppm pour l’or et 0,06 ppm pour l’argent.
Cependant, ces éléments sont rarement concentrés en gisements exploitables de manière aisée, contrairement à l’or ou à l’argent. Cette dispersion rend leur extraction et traitement complexes.
Les ressources géologiques et industrielles de la Chine
La Chine est favorisée géologiquement, possédant entre 40 % et 50 % des réserves mondiales prouvées de terres rares. Mais ce n’est pas seulement la richesse en minerais qui explique son quasi-monopole, c’est surtout la maîtrise des capacités de traitement et de raffinage qui lui confère son avantage.
Le passage du minerai à un métal pur est un processus long et complexe. Après un enrichissement initial qui augmente la concentration de 1-10 % à 50-60 %, plusieurs étapes compliquées sont nécessaires pour atteindre une pureté de 99,9 %.
Les minerais contiennent généralement plusieurs terres rares différentes qu’il faut séparer une par une, dans un ordre précis, en raison de leurs propriétés chimiques et physiques très similaires, ce qui rend le raffinage particulièrement ardu.
Une industrie stratégique soutenue par l’État chinois
La priorité accordée à cette industrie par la Chine remonte à plusieurs décennies. En 1992, Deng Xiaoping déclarait : « Le Moyen-Orient a le pétrole. La Chine a les terres rares ». Grâce à un soutien étatique massif, la Chine a accumulé 23 000 brevets liés aux terres rares de plus que les États-Unis en 2018, consolidant ainsi son avance technologique.
La domination mondiale dans la production et le raffinage
Cette stratégie a permis à la Chine de dépasser les États-Unis dans la production dès la fin des années 1980, puis de s’imposer en leader incontesté au cours des années 2000. Le pays produit 70 % des minéraux bruts extraits et représente 87 % de la production mondiale de terres rares raffinées, malgré des réserves mondiales estimées à environ 40 % en Chine.
De nombreux pays producteurs se contentent d’extraire et enrichir légèrement leurs minerais, avant de les envoyer en Chine pour la séparation et le raffinage complets, renforçant encore davantage la position dominante de l’Empire du Milieu.
Un contrôle des prix qui freine la concurrence
Le maintien de ce monopole permet à la Chine d’influencer les prix du marché mondial, rendant risqué tout investissement majeur dans ce secteur ailleurs. Les infrastructures nécessaires au raffinage représentent plus de 80 % des coûts en capital et entre 50 % et 75 % des coûts d’exploitation. La capacité chinoise à faire chuter les prix à volonté décourage ainsi les concurrents potentiels.
La complexité technique et les coûts élevés expliquent en partie pourquoi les tentatives internationales visant à rompre ce monopole n’ont pas encore produit d’effets significatifs.