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Crise de confiance : données économiques et politique aux États-Unis

by Sara
Crise de confiance : données économiques et politique aux États-Unis
États-Unis

Le débat fait rage aux États-Unis concernant la fiabilité et la précision des données économiques publiées par plusieurs institutions gouvernementales. Ces données influencent des décisions cruciales telles que les taux d’intérêt et les taux de croissance économique.

Cette controverse s’intensifie face aux divergences parfois marquées entre les chiffres officiels et les évaluations politiques de l’administration du président Donald Trump. Elle soulève des questions sur l’indépendance des institutions économiques et financières américaines, ainsi que sur les conséquences potentielles pour l’économie américaine et mondiale.

La controverse autour du Bureau des Statistiques du Travail

Le débat s’est enflammé récemment autour du Bureau des Statistiques du Travail (BLS), suite à la décision du président Trump, le 1er août, de limoger Erika McEntarfer, commissaire du bureau. Cette décision a fait suite à la publication de chiffres indiquant une baisse des prévisions de croissance de l’emploi en juillet.

Le rôle du BLS est central : cette agence fédérale, rattachée au ministère du Travail, est chargée d’évaluer l’état de l’économie américaine grâce à ses rapports réguliers sur la croissance de l’emploi, les indices des prix à la consommation et l’inflation, ainsi que sur les échanges commerciaux.

Les justifications avancées par Trump pour son limogeage accusent Mme McEntarfer de manipulation des chiffres liés à l’emploi. Cette accusation a été soutenue par des conseillers économiques de la Maison Blanche, qui ont défendu la décision, tout en rejetant l’idée qu’elle puisse nuire à la confiance dans les données économiques officielles.

Le même jour, la Maison Blanche a publié un document soulignant les « erreurs et inefficacités » accumulées sous la direction de McEntarfer, nommée par l’ancien président Joe Biden, et affirmant que cela avait conduit à une « érosion de la confiance publique » dans cette agence.

Erika McEntarfer, ancienne commissaire du Bureau des Statistiques du Travail

Erika McEntarfer, commissaire limogée du Bureau des Statistiques du Travail (Reuters)

Les critiques et la défense de l’indépendance du BLS

  • Le New York Times a contesté les accusations de Trump, affirmant qu’elles n’étaient pas fondées. Le journal précise que les rapports sur le marché du travail sont préparés par une équipe non partisane, basée sur des statistiques sectorielles précises.
  • Thomas Friedman, journaliste proche du Parti démocrate, a vivement critiqué le limogeage, le qualifiant d’étape dans une série d’actions qui sapent l’indépendance de l’État, transformant les institutions en outils politiques au service du président.
  • Des anciens responsables du BLS ont eux aussi dénoncé la décision, appelant le Congrès à enquêter et mettant en garde contre les risques de perte de confiance envers cette institution.

Le limogeage a ravivé les inquiétudes sur la précision des données économiques américaines, notamment dans un contexte marqué par les tensions commerciales et l’instauration de droits de douane qui ont pesé sur les marchés financiers mondiaux.

Les statistiques fournies par le BLS sont généralement considérées comme parmi les indicateurs les plus influents pour orienter la politique économique américaine et sont largement utilisées par les médias, les entreprises et les décideurs pour leurs choix stratégiques.

Les tensions autour de la Réserve Fédérale

Le public américain et international suit avec attention les déclarations du président Trump concernant la Réserve fédérale américaine (Fed) et ses pressions répétées sur son président, Jerome Powell, pour qu’il réduise les taux d’intérêt. Trump a également suggéré à plusieurs reprises de le remplacer par un dirigeant plus aligné sur ses orientations politiques et économiques.

Depuis le début du second mandat de Trump en janvier, ce sujet est au cœur des préoccupations du fait du rôle central de la Fed dans la définition de la politique monétaire, notamment des taux d’intérêt des prêts.

Jerome Powell, président de la Réserve fédérale américaine

Jerome Powell, président de la Fed, a résisté aux demandes de Trump pour baisser les taux d’intérêt (Reuters)

Durant sa campagne pour retourner à la Maison Blanche, Trump a promis à plusieurs reprises de réduire les taux d’intérêt, comme durant son premier mandat. Cependant, il s’est heurté à une Fed qui maintient son indépendance et s’appuie sur les faits et les chiffres pour ses décisions.

Malgré les critiques virulentes de Trump et ses menaces répétées de limogeage, Jerome Powell, dont le mandat court jusqu’en mai 2026, adopte une politique de prudence. Il a décidé récemment de maintenir les taux d’intérêt entre 5,25 % et 5,50 %, invoquant l’instabilité persistante de l’inflation et du marché du travail, et cherchant à donner à l’économie le temps de retrouver un équilibre amid les turbulences mondiales.

Powell justifie cette stratégie par « l’incertitude » engendrée par les effets des droits de douane instaurés par Trump depuis avril dernier et renforcés par la suite.

Un risque pour la confiance des investisseurs

Les tensions entre la Fed et Trump devraient se poursuivre les prochains mois, bien que la Maison Blanche ait récemment laissé entendre que Powell ne serait pas démis avant la fin de son mandat. La loi prévoit cependant que le président peut révoquer le chef de la Fed pour des motifs précis, tels que manquement aux devoirs, malversation ou incompétence, mais pas pour un simple désaccord sur la politique monétaire.

Selon un rapport de Forbes, l’ingérence dans l’indépendance de cette institution clé risquerait de nuire gravement à la confiance des investisseurs, entraînant des fluctuations violentes et des conséquences graves pour la politique monétaire américaine.

Mary Williams, experte économique de l’université de Georgetown, a déclaré à Bloomberg que « l’ingérence politique publique dans les activités de la Fed compromet la crédibilité de la politique monétaire américaine auprès des marchés mondiaux ». Elle a également averti que « les rendements à court terme pourraient se faire au détriment de la stabilité à long terme ».

Ces tensions pourraient peser lourdement sur l’économie américaine dans les mois à venir, tout en exacerbant les doutes sur l’indépendance des institutions économiques et financières. Elles accroissent également la méfiance quant à l’exactitude des données officielles, censées refléter fidèlement l’état réel de l’économie pour permettre des décisions éclairées en matière d’investissement, d’exportation ou d’emprunt.

source:https://www.aljazeera.net/ebusiness/2025/8/10/%d8%a7%d9%84%d9%81%d8%af%d8%b1%d8%a7%d9%84%d9%8a-%d9%88%d9%85%d9%83%d8%aa%d8%a8-%d8%a5%d8%ad%d8%b5%d8%a7%d8%a1%d8%a7%d8%aa-%d8%a7%d9%84%d8%b9%d9%85%d9%84-%d9%85%d8%b1%d8%a7%d9%8a%d8%a7

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