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En 2024, la part des dépenses publiques en Allemagne a atteint 49,5 % du produit intérieur brut (PIB), marquant une hausse significative par rapport à l’année précédente. Cette progression s’explique principalement par l’augmentation des prestations sociales, notamment les retraites et les soins, dans un contexte de défis démographiques et économiques.
Une hausse des dépenses publiques portée par les prestations sociales
Selon les données publiées par l’Office fédéral de la statistique (Destatis), la quote-part des dépenses publiques dans le PIB allemand a progressé de 1,1 point en un an, passant de 48,4 % en 2023 à 49,5 % en 2024. Cette augmentation reflète l’ensemble des dépenses de l’État fédéral, des Länder, des collectivités locales et des assurances sociales. Elles englobent les salaires dans la fonction publique, les allocations sociales, les investissements dans les infrastructures comme les routes et les chemins de fer, ainsi que les dépenses militaires.
Le principal moteur de ce bond est l’essor des prestations monétaires dans le domaine social. Cela inclut notamment les pensions de retraite, les aides aux personnes dépendantes, ainsi que le Bürgergeld, une allocation sociale. En outre, les prestations en nature, telles que les soins hospitaliers et les services de prise en charge, ont également augmenté.
Débats autour de l’augmentation de la part de l’État
Cette montée de la dépense publique suscite des critiques. Tobias Hentze, responsable du groupe sur l’État, la fiscalité et la sécurité sociale à l’Institut de l’économie allemande (IW), proche des milieux patronaux, déplore un poids étatique trop important. Selon lui, une forte quote-part étatique traduit un accroissement des prestations sociales, mais aussi une lourde charge fiscale et sociale pour les entreprises et les travailleurs. Il souligne que cela réduit les incitations à l’emploi et freine la dynamique économique dans un contexte de croissance nulle.
Pour l’expert, la future coalition gouvernementale devrait envisager des mesures correctives, notamment des baisses d’impôts et la stabilisation des cotisations sociales, afin de stimuler l’économie.
Une perspective alternative : l’État-providence comme moteur économique
Anton Hemerijck, chercheur à l’Institut universitaire européen de Florence, adopte une autre vision. Il souligne l’existence d’une corrélation positive entre les dépenses sociales et la richesse par habitant. Selon lui, les pays qui investissent davantage dans la protection sociale et la formation de leurs citoyens affichent souvent une meilleure performance économique.
Les modèles nordiques et ceux du nord de l’Europe continentale, reconnus pour leurs systèmes de protection sociale universels et développés, sont cités en exemple. Toutefois, il reste prudent quant à l’interprétation de cette relation, qui ne signifie pas nécessairement causalité.
Les facteurs démographiques et sociaux à l’origine de la hausse
En examinant de plus près les causes de la croissance des dépenses sociales, peu de surprises apparaissent. Les retraités ont bénéficié à partir de la mi-2023 d’une revalorisation de leurs pensions de 4,57 %, ce qui pèse sur le budget de l’État. Parallèlement, la progression du nombre de personnes âgées entraîne une augmentation des besoins en soins.
Dans le secteur de l’aide à la dépendance, les prestations ont également été relevées : le montant de l’allocation pour soins a été majoré de 5 % après plusieurs années sans révision. Les résidents en établissement de soins à temps plein ont vu leurs aides accrues. Au total, les dépenses dans ce domaine ont augmenté d’environ 11 % en 2024, selon Doris Pfeiffer, présidente de l’association fédérale des caisses d’assurance maladie, qui gère également les caisses de soins.
Comparaisons européennes : l’Allemagne dans la moyenne
Au sein de l’Union européenne, la part des dépenses publiques dans le PIB place l’Allemagne dans la moyenne. En 2024, la moyenne européenne s’établissait à 49,2 %, juste en dessous des 49,5 % allemands. Les pays affichant les taux les plus élevés sont la Finlande (57,6 %), la France (57,1 %) et l’Autriche (56,3 %).
À l’opposé, l’Irlande détient la quote-part la plus faible avec seulement 23,5 %. Ce pays a connu une croissance marquée du PIB liée à la présence de multinationales. D’autres pays aux ratios modestes incluent Malte (38,3 %) et la Lituanie (39,5 %).
Historique des pics de la quote-part étatique en Allemagne
La plus forte part des dépenses publiques dans le PIB allemand remonte à 1995, avec 55,2 %. Ce record était lié à la reprise par l’Allemagne réunifiée des dettes de la Treuhandanstalt, une agence de privatisation des anciens territoires de l’Est, comptabilisée dans les dépenses de l’État comme un transfert de patrimoine.
Plus récemment, la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 a provoqué deux pics successifs, à 51,1 % en 2020 puis 50,7 % en 2021. Ces chiffres s’expliquent par les coûts liés aux tests, aux campagnes de vaccination et aux aides économiques accordées.