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Impact des droits de douane de Trump sur les entreprises américaines
Selon le magazine britannique The Economist, la prochaine vague de droits de douane prévue avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche pourrait s’avérer plus douloureuse pour les entreprises américaines que la précédente.
Les entreprises américaines tentent de rassurer les investisseurs en affirmant qu’elles sont entièrement préparées pour une nouvelle série de droits de douane, suite à la victoire écrasante de Trump aux élections.
Parmi les sociétés mentionnées, Stanley Black & Decker, spécialisée dans les outils industriels et les appareils ménagers, a concentré ses efforts sur la réorientation de ses chaînes d’approvisionnement loin de la Chine. D’autres, comme Lowe’s, un détaillant d’articles pour la maison, ont mis en place des mesures pour gérer les droits de douane instaurés lors du premier mandat de Trump, qui a imposé des frais sur des importations d’une valeur de 380 milliards de dollars, allant de l’acier et de l’aluminium aux lave-linges, principalement en provenance de Chine.
Un impact imprévisible
Le magazine souligne que les perturbations à venir pourraient être plus étendues et moins prévisibles que ce que plusieurs entreprises américaines anticipent. Le 25 novembre, le président élu a annoncé sur son réseau social Truth Social qu’il imposerait des droits de douane de 25 % sur tous les produits importés du Mexique et du Canada, en augmentant également les droits sur les marchandises en provenance de Chine de 10 %. Cependant, ses récentes déclarations concernant le Mexique et le Canada suscitent des doutes quant à sa volonté de mettre à exécution ces menaces.
Si Trump impose effectivement des droits de douane sur ces deux pays voisins, l’impact sur les entreprises américaines pourrait être dévastateur. Des sociétés telles que Mattel, le fabricant des poupées Barbie, et Whirlpool, fabricant d’appareils électroménagers, possèdent des usines au Mexique. Environ trois cinquièmes de l’aluminium que les États-Unis importent et un quart de l’acier proviennent du Canada, avec d’importantes quantités d’acier également en provenance du Mexique.
Les automobilistes, les plus touchés
Selon la banque Citi, les droits de douane de Trump pourraient augmenter le coût de l’acier pour les fabricants américains de 15 à 20 %. Les entreprises de l’industrie automobile sont particulièrement vulnérables. Par exemple, General Motors importe plus de la moitié des camions qu’elle vend aux États-Unis du Mexique et du Canada, et environ 9 % des pièces automobiles produites aux États-Unis proviennent de ces pays.
Le cabinet Nomura prévoit que les droits de douane suggérés par Trump le 25 novembre pourraient effacer 80 % des bénéfices d’exploitation de General Motors l’année prochaine, impactant également les fabricants étrangers comme Toyota.
Trois stratégies d’adaptation
Les entreprises peuvent s’adapter aux droits de douane par trois moyens principaux :
- Stockage des marchandises : Des entreprises comme Microsoft, Dell et HP s’efforcent d’importer autant de composants électroniques que possible avant l’entrée en fonction de la nouvelle administration en janvier. Néanmoins, cette stratégie a ses limites, car les stocks pourraient s’épuiser avant la levée des droits de douane et nécessiter des espaces de stockage qui restreignent la liquidité.
- Passer les droits de douane aux consommateurs : Certaines entreprises, y compris Stanley Black & Decker et Walmart, le plus grand détaillant américain, ont déjà annoncé qu’elles pourraient augmenter leurs prix. Toutefois, cette méthode est limitée par l’inflation et le ralentissement du marché du travail.
- Réorganisation des chaînes d’approvisionnement : Cela implique de trouver de nouveaux fournisseurs, un processus pouvant prendre des années, ce qui pousse de nombreuses entreprises à diversifier leurs chaînes d’approvisionnement loin de la Chine.
Le défi du déplacement de la production
Le transfert de la production loin de la Chine pourrait ne pas suffire, car l’administration Biden a maintenu de nombreux droits de douane imposés par Trump et a ajouté de nouvelles restrictions sur les produits chinois. Par exemple, en juillet, une nouvelle règle exigait que l’acier importé du Mexique soit produit sur place pour éviter les droits de douane.
Il devient de plus en plus difficile d’obtenir des produits de fabricants chinois, incluant des appareils électroniques et des équipements de sécurité. Le 29 novembre, le gouvernement fédéral a imposé des droits antidumping sur les panneaux solaires produits en Asie du Sud-Est par des entreprises chinoises.
Ce sentiment protectionniste ne vise pas seulement la Chine, mais tous les pays avec lesquels les États-Unis ont un déficit commercial, ce qui pourrait nuire aux entreprises qui déplacent leurs chaînes d’approvisionnement vers des pays comme le Mexique ou le Vietnam.
Produire aux États-Unis
Face à ces défis, certaines entreprises envisagent de ramener leur production aux États-Unis, une tendance déjà observée dans certaines industries, notamment celle des semi-conducteurs. En effet, les investissements dans les usines américaines ont doublé par rapport à 2019, atteignant 172 milliards de dollars au cours des neuf premiers mois de l’année.
Le taux d’autosuffisance, calculé par Kearney, a augmenté depuis 2021 après avoir diminué pendant huit années consécutives. Cependant, beaucoup de sociétés américaines continuent de considérer que le coût de la fabrication reste prohibitif.
En conclusion, la prochaine série de droits de douane pourrait entraîner des difficultés encore plus grandes pour les entreprises américaines que la précédente. Selon une étude de Carlyle Beard de l’Université d’État de Caroline du Nord, les entreprises touchées par les droits de douane sur les importations chinoises durant le mandat de Trump ont vu leurs bénéfices d’exploitation diminuer de 5,4 % par rapport à celles épargnées par ces mesures.
Le mois dernier, le directeur financier de Stanley Black & Decker a déclaré que les droits de douane imposés lors du premier mandat avaient coûté initialement à l’entreprise environ 300 millions de dollars par an, représentant un quart de son bénéfice net en 2017, et elle continue à perdre environ 100 millions de dollars chaque année.
Les dirigeants d’entreprises surveilleront donc de près le compte de Trump sur Truth Social.